Hier, j’ai découvert Pitchfork, magazine musical en ligne spécialisé dans la musique indépendante, sur lequel figurent notamment divers classements du genre des émissions merveilleuses de TF1, “Les 100 meilleurs …“.
J’ai parcouru le classement ds 100 meilleurs albums des années 90 et, ayant frôlé l’apoplexie à l’écoute de tant de merdes de choses surprenantes, j’ai décidé que moi aussi, j’allais vous proposer des listes.
Mais, comme je suis bien plus modeste que Pitchfork, je me limiterai, pour commencer, à des listes de 10.
Aujourd’hui, je vais inaugurer cette nouvelle catégorie en vous donnant les moyens de briller en société.
Car oui, la brillantine sociétale répond à certaines règles immuables, notamment le connaissage des 10 albums qu’il faut connaître pour briller en société. Merci de remarquer l’incroyable aisance avec lequel le titre de cette note a été subtilement amené …
Sans plus attendre et sans plus transitionner, commençons.
10. Notorious B.I.G. – “Ready to Die”
Un album de rap pour débuter, car oui, vous avez besoin d’un album de rap pour briller en société. Et pas n’importe lequel, le premier album de Notorious BIG, ou Biggie pour les intimes. Notorious BIG était un des plus grands rappeurs américains, assassiné en 1997, dans le cadre de la guéguerre entre les rappeurs de la West Coast (Dr Dré, Tupac, Snoop …) et ceux de la East Coast (Notorious BIG, Puff Daddy …). Avant de mourrir, Notorious a sorti Ready to Die en 1994. A cette époque, la West Coast dominait totalement le monde du rap, notamment avec le premier album solo de Dré, le légendaire The Chronic, ou le premier album de Snoop Doggy Dogg, Doggystyle, véritables cartons au début des années 90. Mais à sa sortie, Ready to Die, fait un véritable carton, tant commercial que critique, et installe Notorious BIG comme un rappeur de premier plan. Cet album n’a pas grand chose à voir avec les productions G-Funk de Dr Dré … c’est un album sombre, avec des instrumentaux minimalistes et aux ambiances lourdes. Pourtant, on se surprend à bouger la tête à chacun des titres … et à se prendre pour un rappeur du Bronx qui a trop galéré … notamment sur les titres phares de l’album, “Gimme the loot” ou “Big Poppa“.
9. Air – “Moon Safari“
Sorti en 1998, au plus fort de la hype mondiale sur la french touch, Moon Safari est, à ce jour, le meilleur album d’Air. Des musiques inspirées, avec une âme, une histoire … loin de toutes les musiques d’ascenseur qu’ils ont pu enregistrer après, ou qu’ils ont (hélas …) refilé à Charlotte Gainsbourg pour son premier album … On trouve dans cet album le fameux “Sexy Boy“, avec son clip mettant en scène un petit singe en peluche qui voyage dans le monde entier … “La Femme d’Argent“, avec sa ligne de basse ondulante, que n’auraient pas renié les Temptations … “You Make It Easy“, avec la participation de Beth Hirsch, et sa mélodie qui vous (re)donne le sourire … ou “Le Voyage de Pénélope“, qui clôture l’album avec des solos de Minimoog et de MS 20 très pinkfloydiens …
8. Goldie – “SaturnzReturn“
Alors celui-ci, c’est vraiment la classe internationale de le connaître … Sorti également en 1998, il s’agit du deuxième album de Goldie, le pape de la jungle. Non, la jungle n’est pas une musique de ravers dégénérés … Cet album est en fait un double album. Le premier disque contient un véritable morceau symphonique de 60 minutes en deux parties, intitulées “Mother” et “Truth“. Goldie mélange un orchestre de cordes (le London Symphonic Orchestra pour ne pas le nommer) avec une batterie de synthés, balançant les sons les plus torturés que j’ai entendus sur un disque … Le second disque contient des morceaux plus “traditionnels“, pour autant que l’on puisse qualifier ainsi la jungle … avec une musique qui fusionne, sur une base jungle, le rock, la funk, le hip hop … avec des invités tels que Noël Gallagher ou le rappeur KRS ONE (celui qui a inventé le fameux “woop woop assassin de la police” … où il dit en fait “that’s the sound of da police” …). Un moment de musique exceptionnel, qui vaut à lui seul l’acquisition de cet album … outre le fait qu’il vous permettra de passer pour un érudit aux yeux de vos amis …
7. Meshell Ndegeocello – “The Spirit Music Jamia: Dance of the Infidel“
Ecouter Meshell, c’est faire preuve d’un goût certain pour la musique au sens large … A l’origine, Meshell est bassiste. Ses premiers albums sont plutôt soul/funk, avec quelques réminiscences de jazz. Mais avec ce sixième album, sorti en 2005, Meshell se lache complètement, en livrant un album dans la droite ligne des expériences de Miles Davis au cours des années 60 et 70 ou des albums de Weather Report : un furieux mélange jazz/funk/rock, avec ce supplément d’âme qui vous envahit dès les premières notes de l’album et qui ne vous quitte plus, même après que la dernière note ait été jouée. Ecoutez Meshell, vous écouterez une très grande musicienne.
6. Jay-Z – “The Blueprint“
Un autre album de rap. Le meilleur album de Jay-Z (Monsieur Béyoncé pour ceux qui ne sont pas, comme moi, abonnés à Voici et Closer), produit notamment par Kanye West (1/3 de l’album) et Timbaland. La production est largement inspirée par la meilleure soul américaine des années 60 et 70 et cela donne une musique exceptionnelle, avec un Jay-Z au sommet de son art, notamment dans des morceaux comme “Song Cry”, dans laquelle il évoque une séparation douloureuse, ou “U Don’t Know“, dans laquelle le choeur lui dit qu’il sait pas ce qu’il fait et lui il répond que si il sait très bien … bon, dis comme ça, ça a l’air niais, mais franchement, le morceau claque. Aujourd’hui, Jay-Z tente le “Blueprint 3” … difficile d’égaler le premier, qui reste l’un des classiques du hip hop.
5. Massive Attack – “Blue Lines”
Premier album de Massive Attack, sorti en 1991. Inutile de faire un long discours, tant cet album a marqué les années 90. Il contient l’un des plus grands morceaux de cette décennie, “Unfinished Sympathy“, avec sa boucle de batterie extraordinaire de puissance et le chant extraordinaire de Shara Nelson, qui hurlait à la face du monde à la fois sa peur panique, mais aussi son envie irrésistible d’oser aimer … “One Love” avec Horace Andy qui “beliiiiiieve in one Love” … “Be thankful for what you’ve got” et son titre honteux, mais sa funk dévastatrice … et “Hymn Of The Big Wheel“, scandé par Horace Andy sur une musique qui sublime encore la beauté de cette “big wheel”, qui continue de tourner pendant que “one man struggles and another relaxes” …
4. Robert Wyatt – “Rock Bottom“
Premier album de Robert Wyatt, fondateur et batteur du groupe Soft Machine. En 1972, Wyatt fait une chute de quatre étages – sous l’effet du LSD ou de l’alcool, selon les mauvaises langues … -, qui le laisse paralysé des deux jambes. Il produira en 1974 “Rock Bottom“, sorte de mélange de jazz et de musique psychédélique, produit par Nick Mason, batteur de Pink Floyd. S’il n’y avait qu’un titre à retenir de cet album, “Sea Song” serait celui-ci … l’une des plus émouvantes mélodies jamais écrites, servie par la voix extraordinairement fragile et sensible de Robert Wyatt … Si elle ne vous arrache pas quelques larmes, arrêtez d’écouter de la musique …
3. Radiohead – “OK Computer“
Certainement le meilleur album de Radiohead, puisqu’il arrive à concilier un très grand sens mélodique, une musique aventureuse et inspirée et les influences rock enracinées chez Radiohead. Beaucoup des titres de cet album ont été réutilisés, avec plus ou moins de bonheur, pour des films ou des émissions de télévisions : ainsi, lorsque vous avez un passage dramatique ou tragique dans un documentaire, la musique de fond est, au choix “Teardrop” de Massive Attack … ou “No Surprises” de Radiohead. Que dire de cet album, tellement marquant ?… Simplement, que la voix de Tom Yorke est extraordinaire et donne à des titres comme “No Surprises“, “Karma Police” ou “Paranoid Android” un aspect de fragilité et d’humanité que l’on n’a plus jamais entendu depuis …
2. Michel Petrucciani – “Live Au théâtre des Champs-Elysées“
Michel Petrucciani est l’un des plus grands pianistes de toute l’histoire de la musique. Je l’ai découvert grâce à ça … et je me suis dit – après avoir littéralement bloqué devant ma télé – “waou … il a fait tout ça avec la musique de Jean Michel Jarre ???“. C’est bien simple, il joue les 5 notes du thème d’Oxygène et ensuite … le grand large. Voici ce qu’est l’espace, voici ce que peut faire la musique, lorsqu’elle est jouée par un immense musicien. Ensuite, je me suis fait offrir ce double CD live, où Michel Petrucciani est seul au piano, pour un concert fantastique … Il commence par une improvisation de plus de 40 minutes (!), dans lequel il enchaine compositions personnelles, grands thèmes du jazz ou grandes chansons françaises (Les Feuilles Mortes) … Le reste du concert est tout aussi exceptionnel,grâce à l’appétit extraordinaire de Michel Petrucciani pour la musique et pour la vie … Michel Petrucciani laisse un vide immense derrière lui. Et il est le seul à me faire monter les larmes aux yeux à chaque fois que je parle de lui ou que j’écoute sa musique. Parce que j’aurais tellement voulu …
1. Miles Davis – “Sketches of spain“
J’aurais pu choisir de vous parler de “Kind Of Blue“, l’album le plus vendu de l’histoire du jazz et interprété par une véritable Dream Team (Miles, Coltrane, Cannonball Aderley, Bill Evans …), ou encore de “In A Silent Way“, extraordinaire album de jazz/fusion, porté par les claviers d’Herbie Hancock, Chick Coréa et Joe Zawinul (qui reprendra la formule au sein de Weather Report) … Mais pour moi, Sketches of Spain est le meilleur album de Miles Davis … parce qu’il contient le Concierto de Aranjuez … Dès les trois premières notes d’appel, la musique vous surplombe et vous entraine avec elle, pour un voyage au fin fond de la mélancolie espagnole de son compositeur (Joaquin Rodrigo) et de celle de son interprète, Miles Davis … 16 minutes 19 secondes plus tard, vous aurez simplement l’impression d’avoir fait le tour de toute l’âme humaine. Je pense qu’il serait dommage de se priver d’un tel voyage …
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Voilà donc cette première liste. Avec elle, vous serez désormais en mesure de jouer au petit malin lorsque vous serez en formation professionnelle à l’hôtel Ibis de Melun Ouest, ou au Mercure de Dijon Centre, et peut-être d’attirer enfin l’attention de ce(tte) petit(e) stagiaire que vous regardez du coin de l’oeil depuis 6 mois, sans oser lui parler … J’espère surtout qu’elle vous aura donné envie d’écouter de la musique.
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