Notre ami Philippe Dupuis (aka le Webentertaineur) s'attaque à la fallacieux mise à tabac marketing de Twitter, par le Nouvel Observateur, monsieur l'avocat de la défense, veuillez rentrer...
Les vacances d'été ont du bon car elles permettent de prendre de la
distance avec beaucoup de choses qui nous obsèdent et obstruent notre
pensée au quotidien.
Pour ma part, je me suis trouvé sans connexion web (malgré ma clé 3G)
pendant quelques jours et je me suis donc remis à la lecture. J'ai
dévoré "Permission marketing" de Seth GODIN qui décrit une stratégie
marketing simple mais évidente : l'Interruption marketing (la publicité
TV par exemple) coûte cher et se révèle peu efficace puisqu'une grande
partie du budget d'achat d'espace est utilisé à perte sur des cibles
non stratégiques (pas concernées, pas disponibles, pas attentives ou
encore pas réceptives). A l'opposé, le Permission marketing consiste à
créer une relation, de plus en plus intime, entre une marque et ses
consommateurs afin de leur délivrer par la suite le bon message au bon
moment. L'idée est clairement d'entrer dans une relation de confiance
réciproque susceptible de valoriser la marque, avant d'entamer un
processus marchand. Bien entendu le Permission marketing peut se
révéler long et fastidieux à mettre en place, moins valorisant aussi,
mais il se révèle souvent très efficace.
Cela fait partie d'une nouvelle façon de communiquer pour les
marques. Leurs messages ne peuvent plus être des monologues, il doit
s'agir de dialogues ! D'où l'utilité, par exemple de Twitter, qui
permet de créer une conversation, ou plutôt des conversations, entre
une marque et ses consommateurs ou prospects afin d'entamer une
relation pérenne et de confiance où chacun acceptera dans la durée
d'ouvrir son intimité de façon progressive. Encore une fois, le
parallèle avec une relation de séduction amoureuse est facile mais
tellement pertinent !
Or, on a entendu, ici ou là pendant l'été, de nombreuses personnes dire que Twitter se limite à du babillage au prétexte, par exemple, que 40% des messages sont des bavardages futiles.
Mais il faut pourtant bien comprendre que Twitter ne se destine pas au dialogue privé. Il y a pour cela les mails, les SMS et les messageries instantanées. Par conséquent, tous les messages échangés via Twitter s'inscrivent dans une stratégie de marque ou de personal branding. Même lorsque deux ou plusieurs individus qui échangent sur un sujet a priori futile ou quelconque, ils participent in fine à la définition ou à l'entretien de leur territoire de marque. Ils s'expriment de façon publique afin de se positionner vis-à-vis du reste des utilisateurs sur un tel ou tel sujet.
Lorsqu'une marque prend la parole sur Twitter, elle se positionne et observe le positionnement de ses followers. Et là encore, pour observer et se juger, il faut parfois se dire des futilités qui permettent de construire une relation de confiance.
Ainsi, dans la vraie vie, faites la quête dans la rue auprès de 10 personnes. Vous aurez 9 chances sur 10 de ne pas obtenir le moindre centime. Mais si vous arrêtez les personnes pour leur demander l'heure avec le sourire, avant de choisir les personnes les plus susceptibles de vous donner quelques pièces, vous aurez toutes les chances de récupérer plusieurs euros. Rassurés vos interlocuteurs seront plus à même de vous faire plaisir. Et bien, sur Twitter et les autres social media, c'est pareil. La diffusion de messages promotionnels doit être précédée et s'alterner avec les messages futiles, de politesse, et ceux d'information honnête et sincère. C'est le cas des profils Twitter de Coca ou Ford qui sont des références mondiales.
Pour innover et prendre la pleine mesure du potentiel des social media, il est nécessaire et indispensable de s'affranchir de tous les réflexes de pensée datant de plus de 2 ans. A l'heure du web où tout va très très vite, 2 ans c'est une période très très longue. Il faut essayer de comprendre les faits avant d'en tirer des conséquences. La futilité n'était pas comprise en tant que processus de communication avant la naissance de Twitter....
Pour conclure, je voudrais préciser que le lieu commun selon lequel les ados n'utilisent pas Twitter pour telle ou telle raison est un peu facile. La génération Y utilise avant tout son téléphone portable. Or, nombre d'entre eux bénéficient d'abonnements SMS illimités. Pour twitter, il faut une connexion Internet (mobile) qui reste encore relativement élevée. Cependant, quand un nombre important de cette population sera équipé de terminaux facilitant l'accès à Internet mobile illimité et à un cout faible (d'ici 18 mois environ), il est évident que leur usage de Twitter va croitre extrêmement rapidement. Le non usage de Twitter par les 12-24 ans est avant tout lié à son cout.
Philippe DUPUIS aka WEBENTERTAINER
twitter.com/webentertainer