Magazine Humeur

L’épidémie (de connerie) s’étend

Publié le 07 septembre 2009 par Innommables

Soyons honnêtes, lecteur.

Regardons-nous dans le blanc des yeux, toi et moi, et admettons que les campagnes de prévention contre le SIDA, nous en avons vu passer une bonne trentaine depuis que nous avons l’âge de dire "ornithorynque".

Subséquemment, et toujours dans un souci de transparence absolue, convenons ensemble que depuis la fameuse campagne des années 80, qui nous montrait des adolescents au regard bovin, coiffés comme des vedettes de soap-opera brésilien, souriant niaisement à la caméra en proclamant que le SIDA ne passerait pas par eux tandis qu’un timide filet de voix féminine ressemblant étrangement à celle de Carla Bruni ânonnait une comptine aux paroles aussi indigentes que celles d’une chanson de Vincent Delerm, depuis cette affligeante campagne donc, un certain nombre de litres d’eau (sensiblement polluée) a coulé sous les ponts.

SIDA

La France étant, je te le rappelle à toutes fins utiles, la fille aînée de l’Eglise, Il semble décidément difficile, voire impossible, d’aborder le sujet du SIDA et des MST de manière relativement simple et directe, c’est-à-dire en parlant tout bêtement de sexe, de cul, de galipettes jubilatoires, d’orgasme, de préliminaires, de safe sex, de sodomie, du kama sutra et autres gros mots qui feraient rougir un curé pédophile, un rabbin ultra-orthodoxe islamophobe ou un imam salafiste adepte de la lapidation.

Depuis vingt-cinq ans, nous préférons donc mettre en scène des bluettes (au demeurant fort sympathiques) tout droit sorties des Feux de l’Amour, dans lesquelles de charmants petits couples (il y en a pour tous les goûts, des Bobos du Onzième arrrondissement jusqu’aux gentils petits gays du Marais, en passant par les Blacks, les Beurs, les Jeunes, les amateurs de tunning et les fans de Brad Pitt) confient à la caméra leurs doutes, leurs erreurs passées, leurs craintes, le menu de leur dernier barbecue dominical et leur liste de course du samedi suivant (chez Leader Price et non plus au Monoprix du coin, la Crise étant, elle, passée par eux).

Parlons du SIDA, donc, mais par pitié, ne parlons pas de sexe, ça n’a rien à voir !

Le temps passant, me diras-tu, la tiédeur des débuts a tout de même fait (un peu) place à une audace nouvelle, à une forme de courage qui forcerait l’admiration du Professeur Choron s’il était encore de ce monde:

Fichtre, diantre, au diable la pudibonderie et le politiquement correct, osons le trash et la vérité nue, les aminches, n’ayons pas peur de choquer, de bousculer pour la bonne cause: Mimi Mathy et Jean-Pierre Foucault qui prononcent le mot "séropositif" sur un fond musical audacieux (un subtil détournement de la berceuse Mon lapin en sucre est parti aux champs cueillir des pâquerettes), ça c’est du cru, c’est direct, tout de suite ça te cause. Avoue.

Evidemment, nous n’en sommes pas encore à diffuser, juste après le Vingt Heures et un peu avant le tirage du Loto, un clip expliquant, en gros plan et en technicolor, comment s’enfile un préservatif.

Il faut savoir raison garder.
La patience est la mère de toutes les vertus.
Qui va lentement va sûrement.
Pierre qui roule n’amasse pas mousse.
Qui vole un oeuf vole un boeuf.
Tant va la cruche à l’eau qu’à la fin elle se casse.
Passe-moi le sel, tu veux bien ?

Il n’empêche.
Nous sommes sur le bon chemin, permets-moi de te le dire.

Un jour viendra où la France, dans la lutte contre le SIDA, sera même en position de dire "zut" (voire, soyons fous, "flûte" ou même "crotte") à ses voisins européens, puisqu’elle aura commencé à diffuser ce genre de clips:

En attendant, cher lecteur, n’oublie pas d’allumer ton poste de télévision ce soir: M6 diffuse un épisode d’Un dîner presque parfait, et nous n’avons pas envie de rater ça.


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Innommables 1 partage Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte