Asile de fous, identité, et, comme son titre l'indique, imposture. Voici de quoi parle surtout ce petit roman plein de références littéraires. Il a été publié par Enrique Villa-Matas en 1984, avant qu'il n'acquière la réputation qui est la sienne actuellement.
Le personnage principal, Barnaola, est secrétaire du Docteur Vigil qui dirige un asile psychiatrique. Il s'ennuie. Il se désespère dans cette Espagne franquiste des années 50. Son rêve est de devenir le domestique soumis et privé d'initiative d'un grand homme.
Un jour de cuite et de médicaments, il obtient que son chef fasse passer dans les journaux la photo d'un malade mental amnésique. Deux femmes le reconnaissent comme leur mari. La première est une Républicaine pauvre. Elle le dénonce comme Claudio Nart, délinquant, voleur, arnaqueur, changeant sans cesse de nom et d'identité, ce que confirme la police qui a ses empreintes dans ses fiches d'identité.
Mais le malade est réclamé aussi par l'épouse du célèbre intellectuel et écrivain phalangiste Ramòn Bruch, disparu en combattant avec les Nazis sur le front de l'est. Comble de la sophistication, celle-ci tombe enceinte du patient alors qu'elle lui fait visiter la maison familiale pour raviver ses souvenirs.
Désormais, l'affaire est du ressort de la justice, qui devra décider à qui le malade sera remis. Mais l'affaire ne se finit pas comme on le pense. Finalement, tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes pour tout le monde.
Ce livre ironique, amusant, traite quand même du sérieux problème de l'identité. Le lecteur érudit s'amusera aux références faites à des modèles romanesque. Imposture est une bonne introduction vers les oeuvres un peu plus complexes de Villa-Matas.
Enrique Villa-Matas, Imposture, Titres, Christian Bourgois