Ce quatuor bosse pour la ville de Lausanne et plus particulièrement pour l’Observatoire de la sécurité. Leur mission est simple à écrire mais plus compliquée à réaliser : inciter les fêtards à se souvenir que, lorsqu’ils sortent plus ou moins éméchés de leur pinte préférée, il y a des gens qui dorment – ceux que le professeur de statistiques Khi-Karré appelle les « individus flapis » – et qui risquent bien d’être réveillés par les éventuels beuglements qu’ils pourraient émettrent.
Les professeurs, dont la tenue vestimentaire ne laisse aucun doute sur le sérieux de leurs travaux de recherche, abordent la problématique du « vivre ensemble » entre fêtards et dormeurs et oeuvrent dans trois spécialités bien distinctes : l’urbanisme, la biologie et, on l’a déjà vu, les statistiques.
Le professeur d’urbanisme Le Borcusier explique avec le plus grand sérieux toutes les solutions qui ont été envisagées pour que la cité puisse concilier la fête et le repos. Il s’agit, par exemple, de mettre les bars et les discothèques sous terre. Cette solution, au demeurant excellente, pose un problème insoluble : que se passe-t-il quand les noceurs sortent de leur trou à la fermeture des boîtes ?
Le biologue Molec, dont les défauts de prononciation en disent long sur l’énergie et la concentration qu’il met dans la compréhension du lien étroit qu’il existe entre alcool et bruit décrit le rapport étrange qu’il y a entre la molécule d’éthanol et la physiologie humaine : « ces colémules des-sibelles vont néragélment boursicoter dans des lieux divers, comme par exemple sur le corde vucale du porc humain ».
Enfin, le spécialiste des chiffres démontre avec la plus grande rigueur mathématique que, dans une ville comme Lausanne, si chacun sort deux fois par année bramer dans la rue sous prétexte que c’est son anniversaire ou celui d’un ami, ce ne sont pas moins de 712 brailleurs et brailleuses qui s’exprimeront chaque nuit dans les rues.
Fort de ce constat, les trois experts en tapotage nyctalurne qui oeuvrent pour le bien-être de la communauté concluent que « penser que le bruitule est une fatalité c’est la porte ouverte à toutes les fenêtres … ! »
Pour ma part, après avoir suivi ces scientilogistes pendant une soirée, je constate que l’accueil qui leur est réservé est bon, voire excellent – certains en redemandent, mais qu’il vaut mieux s’adresser aux « individus imbibés » avant qu’ils le soient. J’en tire donc une conclusion nouvelle qui semble avoir échappé à la perspicacité des experts dépêchés par la Ville : le schnapsöl rend four.
Mais, les bamchobards les moins imbuvardés semblent comprendre le message et envisagent avec sérénitude d’essayer de faire rimer fêter avec dormir.
À la bonne vôtre !
- La vrépention du tapotage nyctalurne est assurée par, dans l’ordre de disparition aux yeux des futurs « individus imbibés » : Pascal Schopfer, Frédérique Leresche, Evelyne Knecht et Audrey Cavelius.