Quatrième de couverture :
"À Copenhague, la saison mondaine commence au Nouvel An pour s'achever en avril. Pendant ces quelques mois, ce ne sont que réceptions et bals où les
jeunes gens dansent et rient. Mais pour Ib Angel, éperdument amoureux de sa cousine, la ravissante Adélaïde, ce n'est que souffrance et désespoir... Une magnifique et bouleversante histoire
d'amour."
Dans ce court roman, Karen Blixen dépeint le petit monde de l'aristocratie danoise des années 1880, un petit monde replié sur lui-même et qui vivait alors les
derniers temps de sa splendeur. Ce microcosme pénétré de sa propre importance et naïvement oublieux du reste du monde se laisse pourtant séduire par le charme et la vitalité des jeunes Angel,
dont les ancêtres ont fait fortune comme éleveurs de chevaux. Quelque vingt-cinq ans avant le début de cette histoire, une jeune fille issue d'une très bonne famille de l'aristocratie terrienne
(les von Galen) s'est enfuie pour épouser un fils Angel, au grand dam de ses proches. Pourtant, la personnalité de son mari était si attachante que cette union a fini par être universellement
approuvée; et leurs nombreux enfants, élevés avec leurs cousins von Galen, ont été adoptés et aimés par la jeunesse dorée de Copenhague. C'est en effet dans la capitale que, chaque année, se
déroule la saison mondaine qui réunit le gratin de la société danoise. De bals en réceptions, les jeunes gens font
connaissance et se courtisent. La ravissante Adélaïde von Galen, qui fait l'objet de nombreux hommages, inspire à son cousin, Ib Angel, un amour violent et désespéré. Sa coquetterie, son
égocentrisme involontaire, l'empêchent de deviner les sentiments d'Ib, et plus encore d'y répondre. Le sens de l'honneur d'Ib interdit à ce dernier de courtiser sa cousine, dont le rang social
est supérieur au sien, et qui en l'épousant perdrait son statut aristocratique. "Il avait entendu Adélaïde et ses amies, se parlant tout en travaillant de l'aiguille, soutenir l'opinion que
le plus triste effet d'une mésalliance serait de voir disparaître la couronne de leur mouchoir. Il ne les avait pas contredites. Au fond de lui-même il était d'accord avec elles. L'image
d'Adélaïde, depuis ses cheveux sombres ornés de fleurs jusqu'à son petit pied chaussé de soie, était inséparable du mouchoir à couronne au bout de ses doigts effilés." L'illusion de
l'honneur, pointée du doigt par le professeur Sivertsen, un personnage récurrent, lors d'une réception, fait et défait les destinées. Adélaïde croirait déchoir en épousant un roturier, et
l'adoration qu'Ib lui porte l'amène à se croire indigne d'elle. Si le drame d'Ib est d'aimer sans retour, celui d'Adélaïde ne réside-t-il pas dans cette incapacité à aimer et à vivre intensément
?
Une description subtile de la haute société danoise, qui dénonce son arrogance et son aveuglement. J'ai été séduite par l'écriture de Karen Blixen, imagée et
raffinée, une belle découverte.