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Manu Chao, Barcelone, Hadopi, ...

Publié le 06 septembre 2009 par Jcgrellety

HD. Vous nous recevez à Barcelone où vous habitez depuis dix ans. Qu’est-ce qui vous fait vibrer dans cette ville ? 
MANU CHAO. J’aime ses quartiers. J’aime le brassage des gens qui passent par ici. Il y a une vie, même si en ce moment la situation est difficile. On est en train de les perdre nos quartiers. C’est une bataille perdue…

HD. Comment cela ? 
M. C. Le Gotico, un quartier par tradition ultrapopulaire, devient invivable. La population est en train de changer. Les loyers sont hors de prix. Tous les bars sont vendus pour faire des trucs un peu branchés pour touristes. Il y a toute une vie qui disparaît. On sait qu’on va perdre la bataille parce qu’en face il y a tellement de pognon… On ne peut pas lutter contre l’immobilier. Les villes, c’est toujours des cycles. En tant que Parisien, ça a toujours été mon problème avec Paris, qui vit d’un cycle merveilleux que la ville a eu dans les années 1930. Depuis, zéro. La ville a encore l’aura de tout ce qui s’est passé durant cette période où culturellement c’était extraordinaire. J’aurais adoré vivre ça. À Barcelone, il y a eu une culture fantastique dans les années 1960-1970. Ce quartier Gotico était incroyable. Barcelone est un port. Il faut lire Jean Genet qui décrit très bien tout ce qui s’est passé dans ces ruelles, pour le meilleur et pour le pire. Lui, dans son délire, il a adoré. Tout le côté interlope, il y a eu une culture apache qui donne le vertige. À 18 ans, quand je suis arrivé pour la première fois, j’ai passé des mois dans les bouges, à louer des piaules, à traîner ici. Le premier album de la Mano Negra, je l’ai écrit dans ce quartier. Ça n’a rien à voir avec ce que c’est devenu. Le drame, c’est que les véritables gens qui y habitent sont obligés de partir à 30 km d’ici. Il y a toute cette hypocrisie des gens de la mairie. On ne les comprend pas. Ils sont très durs avec la vie artistique non contrôlée. En même temps, tous les dépliants publicitaires vantent la vie de bohème de Barcelone. La réalité, c’est des flics toutes les cinq minutes avec confiscation d’instruments. C’est une politique ultraréactionnaire d’une mairie qui est de gauche.

HD. N’est-ce pas un phénomène général aux grandes villes ? 
M. C. On vit également ça dans les grandes villes européennes et latino-américaines. À Paris, j’ai vécu ce processus à Ménilmontant, rue Oberkampf… Les centresvilles valent du pognon. Avant, ils étaient populaires parce que les bourgeois aimaient vivre en dehors de la ville. Maintenant, ils veulent reprendre les centres. Ils y arrivent parce qu’ils ont l’argent : ils achètent ce qu’ils veulent. Aujourd’hui, on voit les Allemands, les Anglais acheter à Barcelone.

HD. Est-ce à dire que vous envisagez de quitter Barcelone ? "

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