Mais une vraie modernisation, loin de se limiter à ces seuls sujets, consisterait d’abord à proposer des solutions alternatives au système actuel et à ne pas se limiter àdes propositions cosmétiques, identiques bien souvent à celles de l’UMP…
Avec l'idée de primaires, il s'agirait d'ouvrir le parti et de donner une légitimité supplémentaire au candidat socialiste en vue de l'élection présidentielle de 2012. Le cadre général de ce projet a été conçu par Olivier Ferrand,Président de la fondation Terra Nova et proche de DSK mais on ne connaît presque rien de ses modalités pratiques.
Martine Aubry a précisé que les primaires ouvertes pour désigner le candidat socialiste à la future présidentielle se tiendraient «sûrement au premier semestre 2011» ajoutant, «Nous déciderons des modalités tous ensemble» et il faut discuter avec «toutes les forces de gauche» et «non pas en décidant nous-mêmes à la place des autres». Une formule qui laisse ouverte toutes les possibilités et qui consiste à gagner du temps ! Une habitude chez Martine Aubry...
Les partisans de l’idée de primaires lorgnent surtout vers l'Italie et Romano Prodi. Mais l’exemple italien, c’est aussi le triomphe de Berlusconi et l'anéantissement de toute la gauche italienne.
Et si aujourd’hui, on déplore à juste titre le recul du débat d'idées et de la réflexion programmatique au profit des stratégies de communication, l'engagement éphémère et la démarche consumériste qu'impliquent des primaires favoriseraient plutôt l’engouement médiaco-sondagierdont on a connu les effets avec la candidature de Ségolène Royal…
De plus, des primaires qui n’empêcheraient pas d’autres candidats de gauche d’être candidats ne seraient en rien une garantie pour battre Nicolas Sarkozy en 2012. La seule vertu de ce dispositif serait finalement d'ouvrir un peu vers l'extérieur les fenêtres d'un parti socialiste qui reste largement coupé du monde salarial, de la gauche syndicale et associative.
Le non-cumul des mandats
Martine Aubry s'est prononcée également lors de l'université d'été du PS en faveur du non-cumul des mandats mais a écarté la possibilité d'appliquer cette règle dès les régionales de 2010. Il est vrai que dans le Nord-Pas de Calais en particulier, les responsables du PS sont des champions du cumul de mandats. On ne compte plus les personnalités socialistes cumulant postes de présidents et vice-présidents de région, conseils généraux, communautés d’agglomération, sénateurs, députés ou maires.
Comme pour la question des primaires, on reste dans un certain flou artistique sur les choix qui seront finalement proposés au vote des militants. Une commission d’experts serait même chargée de formuler précisément les questions ! Aucun mot également de la part de Martine Aubry sur les raisons de l’absence d’avancée législative de ce dossier pour l’ensemble des élus, en particulier lorsque la gauche était au pouvoir.
Et Ségolène Royal n’a pas complètement tort en jugeant "embêtant" ce "grand écart entre les discours et les actes". "Ca fait des années qu'on fait applaudir les militants sur le non-cumul des mandats donc à un moment il va bien falloir passer à l'acte parce que sinon quelle est la crédibilité de la parole politique"
Ces critiques sont justifiées même si l’on comprend aisément que Ségolène Royal veut avant tout mettre en avant sa propre décision de renoncer à son mandat de député en tant que présidente de la région Charentes-Poitou pour mieux apparaître comme moderniste et par voie de conséquence favoriser sa propre réélection en 2010…
L'alliance avec le Modem
Avant d’occuper une place prépondérante lors de l’université d’été du PS, Vincent Peillon, lors de la réunion, à Marseille, du courant qu’il dirige, « L’espoir à gauche », était revenu sur le problème des alliances avec le Centre. Objectif : « Accoucher d’une nouvelle gauche » Une nouvelle gauche qui inclurait le MoDem !
Certes sous la 5ème République, l’important est avant tout de gagner l’élection présidentielle et pour ce faire il convient de rassembler le plus grand nombre d’électeurs lors du deuxième tour notamment : « Aujourd’hui, nous devons construire avec tous les républicains de progrès une nouvelle alliance majoritaire qui va des communistes au MoDem. ».
Pour justifier ce rapprochement avec le MoDem, Vincent Peillon avance notamment l’argument que ce large rassemblement serait « indispensable aux réformes profondes et difficiles » que le PS aurait à « conduire demain » s’il arrivait au pouvoir.
De ce point de vue, Vincent Peillon a sans doute raison car rien d’important ne sépare les deux formations politiques qui ont des positions similaires sur de nombreux sujets et qui se sont notamment prononcées, en mai 2005, en faveur du Oui au Traité Constitutionnel Européen.
Mais la clarté politique voudrait aussi que les socialistes, partisans de Ségolène Royal en particulier, comprennent aussi que l’objectif principal de François Bayrou est d’abord d’être présent au second tour de l’élection présidentielle de 2012, à la place d’un socialiste ! Dès lors, l'enthousiasme à l'égard du MoDem devrait être nettement tempéré car le discours très à gauche de Marielle de Sarnez, à Marseille, visait essentiellement à ratisser à gauche pour le compte François Bayrou.
Le pari de Vincent Peillon étant assez osé, Martine Aubry a habilement relancé la balle dans le camp du député des Pyrénées-Atlantiques, sans pour autant lever toutes les ambiguïtés de sa pensée, ayant elle-même passé des alliances avec le Modem à Lille…
De quelle modernité parle-t-on ?
Pour terminer ce petit tour d’horizon de la modernisation du PS, on ne peut oublier un autre moderniste en la personne de Manuel Valls et de son interview récent au Financial Times : « le Parti Socialiste de notre pays n’aurait pas complètement oublié ses racines marxistes et n’embrasserait pas suffisamment la modernité »…
Le dernier passage du PS au pouvoir s’est pourtant soldé par un total de privatisations supérieur à celui de ses prédécesseurs de droite. Dominique Strauss-Kahn et Laurent Fabius se sont révélés être des ministres des finances les plus ouverts aux idées libérales, refusant toute vraie réforme fiscale et diminuant même fortement l’impôt sur le revenu des plus hautes tranches…
Enfin, c’est bien Lionel Jospin qui a accepté en premier lieu la libéralisation des services publics. Son gouvernement et Martine Aubry ont également mis en place les 35 heures qui se sont traduites dans la très grande majorité des entreprises par un blocage, voire une baisse sensible des salaires…
Parler de modernisation idéologique en sous-entendant que le PS n’a pas suffisamment accepté la mondialisation est en fait d’une très grande hypocrisie.
Les socialistes ont tout abandonné à la mondialisation. Non seulement, ils ont renoncé à toute intervention financière, monétaire et commerciale mais ils se font aujourd’hui les promoteurs de l’indépendance des banques centrales ou du libre-échange absolu. Deux socialistes sont à la tête de deux organismes internationaux importants qui régissent les rapports mondiaux : Pascal Lamy à l’OMC et Dominique Strauss-Kahn au FMI !
Pire, la récente crise financière a montré la faible différence de pensée entre le PS et l’UMP tant les socialistes ont été incapables de formuler des propositions alternatives au système actuel, refusant tout débat sur le protectionnisme et la réglementation de la finance.
Dès lors, on ne voit pas bien dans quelle direction le PS pourrait encore aller pour être «plus moderne»…
En fait, quand Manuel Valls parle de modernisation, il pense surtout au rajeunissement des cadres dirigeants, à savoir le remplacement de la vieille génération qui a accédé au pouvoir sous François Mitterrand. C’est pourquoi, il a d’ores et déjà annoncé sa candidature à la candidature en vue de l’élection présidentielle de 2012, sachant que l’opinion a plutôt une mauvaise image de la génération des éléphants.
Et une vraie modernisation du PS consisterait à faire une auto-critique sérieuse des années où la gauche était au pouvoir tout en formulant enfin des propositions précises de réforme :
- modification des institutions à caractère monarchique de la 5ème République,
- mandat unique,
- proportionnelle (au moins pour les sénateurs, élus par les seuls grands électeurs)
- rétablissement d’un système garantissant le maintien du pouvoir d’achat des salariés (supprimé par la gauche au début des années 80)
- refonte totale de l’indice officiel des prix,
- réforme des échelons administratifs trop nombreux (suppression des départements, cantons et conseils généraux)
- réforme de la fiscalité directe trop faible en masse (aberration des niches fiscales qui pèsent 73 milliards € par an…) et de la fiscalité indirecte trop lourde et injuste (83% des recettes budgétaires ! ) qui sera vraisemblablement aggravée par la taxe carbone, chère à Michel Rocard et aux écologistes...
- retour dans le giron de l’Etat des secteurs vitaux pour la nation (rail, poste, nucléaire, autoroutes, distribution de l’eau potable…)
- entrée de l’Etat dans le capital de toutes les banques aidées,
- changement du mode de financement de la Sécurité sociale totalement inadapté car reposant principalement sur les salaires au lieu et place du revenu fiscal,
- refonte du système d'attribution des allocations familiales versées scandaleusement sans condition de ressources à toutes les familles et non attribuées aux personnes les plus modestes ayant un enfant à charge !
- et tant d’autres domaines où règnent archaïsme et injustice sociale…
S'il convient de moderniser ses méthodes de fonctionnement, le PS a surtout besoin de devenir ou redevenir un parti réformiste au vrai sens du terme et d’avoir un projet d'alternative réelle à la politique de la majorité actuelle. Pour l’instant, on en est loin…
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