Cela étant, la visite des salines, classées récemment au Patrimoine mondial, est fort intéressante. Depuis le Moyen Age, on y a exploité de l'eau salée enfermée à 240 m sous terre en la faisant chauffer (avec du bois ou du charbon) pour en récupérer le sel. Un procédé simple pour un processus industriel qui l'est tout autant pour peu qu'on fasse preuve d'un peu d'ingéniosité : un griau, une noria et, plus tard, une pompe hydraulique pour faire remonter la saumure. Des poêles en fer géantes chauffées où de solides sauniers récupéraient 24 h sur 24 le sel évaporé. A choisir, j'aurais préféré être un paludier guérandais… Etonnamment, on produisit l'or blanc de cette façon jusqu'en 1962, et c'est la concurrence des Frigo qui sonna le glas de cette manne locale, surtout destinée à la conservation.
Comme tout cela se passe à Salins-les-Bains, une cité thermale, nous avons bénéficié d'un bon déjeuner au casino, avec le maire himself. Les bulles ont remplacé la saumure à l'apéritif et j'ai goûté de nouveau quelques vins d'Arbois (on est à la frontière du Doubs et du Jura). J'avoue que j'ai un peu de mal avec certains blancs, mais j'ai bien accroché avec le poulsard (ou ploussard, ça sonne un peu Harry Potter), qui correspond à 80 % de l'encépagement en rouge du Jura. Je me sens bien dépaysée avec ce vignoble. J'apprends d'ailleurs que l'arbois, qui signifie "terre fertile" fut la première AOC française en date, en 1936. A l'heure qu'il est, j'essaie de recharger mes batteries neuronales au soleil d'Arc-et-Senans, avant de retourner dans la salle des tortures intellectuelles, avec mes bourreaux économistes ! AOC : âme officiellement consummée.
Merci à Xavier, de la Cité des Sciences et de l'Industrie, pour sa photo des salines.