Eh bien pas du tout. C'est un enfoiré. Un nébuleux. Un pervers.
Les concours de circonstances sont ainsi fait que parfois, les événements s'enchaînent comme les racines de l'autre saloperie se tiennent au mur. Et vous vous retrouvez à le faire, ce mur, justement. A défaire, plutôt. Vous ne pensiez pas à mal, pourtant au départ. Au contraire. Pensiez à bien en vous attaquant au nettoyage du mur. Des années que vous ne l'aviez pas fait. Mais voilà : en nettoyant, vous avez commencé à enlever un peu de ce lierre, parce qu'il faisait tache, ou parce qu'il empêchait de nettoyer. Le nettoyage terminé, vous vous êtes bien rendu compte que les tâches sont comme les trains : l'une peut cacher l'autre. Alors vous avez gardé la détermination, vous avez soupiré, et vous vous êtes attaqué au lierre. Pensiez rien en même temps. Mais pensiez pas que ça serait un tel combat, qui finirait vous debout sur le mur avec une bêche et lui raclant les fonds de pierre pour s'agripper, et s'agrripper encore. Plus de sentiment, alors. Rien à foutre le lierre est une liane, une des rares qu'on peut voir en Europe. Non, rien à foutre : faut l'arracher, le fumier. Dégage, vous pensez. Hors de ma vue malotru. C'est qu'il a tellement grimpé que le mur a pris 10, 20 centimètres. Sur plusieurs mètres de long. Vous avez rencontré pas mal d'habitants, là-dedans. Et même une voiture bleue. Et même une noix. Voleur, en plus, le saligaud. Sécateur, scie, échelle, monter, descendre, arracher, tanguer, râler, pauser, reprendre, et pour finir, recommencer. Dimanche, 18 h 07, vous souriez. Z'avez gagné la partie. Le lierre, c'était l'hier désormais. Vous regardez le mur avec aplomb. Il est un peu vôtre, maintenant. Tiens, y'avait un mur sous le lierre. Vous souriez. Vous avez eu sa peau. Nan mais.