La communication autour de la grippe a bien marché. Du moins s'il s'agissait de mettre la panique.
La rentrée scolaire s'accompagne d'un raz de marais d'anxiété et de comportements pour le moins surprenant. Exemple.
Le jour de la rentrée, j'accompagne mes enfants, une de mes patientes, enceinte, travaillant sur place m'aborde
Elle: « Docteur, pour la grippe, qu'est ce qu'il faut que je fasse ? »
Elle travaille auprès d'enfants toute la journée, c'est sur elle sera exposée.
Moi: « Lors des premiers cas dans l'école , on vous mettra à l'abri. »
Retour au cabinet, les patients défilent avec quasiment tous des questions sur la grippe du genre de celles posées dans mon article précédent.
Début d'après midi, elle me joint sur le portable en « urgence ».
Elle: « La directrice me dit d'aller voir immédiatement un médecin, car il y a 2 jours lors de la pré-rentrée, j'ai peut-être été en contact avec une maman grippée. »
Moi: « Ah bon ? Vous êtes malades ? Fatigué ? Vous toussez ? Vous avez de la fièvre ? »
Elle: « Non. »
Moi: « Le contact avait bien la grippe ? »
Elle: « Elle toussait , et son enfant aussi. »
Mouais. La toux en ce moment, ça pullule... des pharyngites beaucoup, comme chaque année. La plupart ne sont pas des grippes.
Il est vrai aussi, que de par leur statut immunitaire pertubé par la grossesse, les femmes enceintes sont à risques … particulier.
Moi: « Appelez le 15 pour avoir le médecin qui s'occupe des grippes. »
Elle me rappelle 10 minutes plus tard.
Elle: « Il me faut un traitement. Tamiflu et Relenza. Je dois voir un médecin, vous, pour que vous me le prescriviez... »
Aie aie aie.
Elle n'est pas malade, le contact « grippal » est douteux, elle est enceinte, et on lui propose de prendre un double traitement anti-viral, alors qu'il y a peu encore on nous disait qu'il fallait éviter les anti-viraux chez les femmes enceintes parce que les effets secondaires étaient peu ou pas connus... c'est d'une logique incroyable.
Elle: « Qu'est ce que vous en pensez docteur ? »
Je lui explique que si elle le souhaite , je le lui prescrits avec peu de conviction et quelques doutes. J'ajoute que je ne le prescrirais pas dans le même contexte à mes proches. Qu'elle n'a pas le moindre symptôme.
Elle: « Je vous suis docteur, je n'en veux pas ».
Moi: « D'accord. Si le moindre symptôme apparaît, on le prendra aussitôt. »
C'était jeudi. Samedi, elle n'avait toujours aucun symptôme, et le contact aurait eu lieu mardi. Conclusion : elle n'était pas atteinte. On a bien fait.
Mais.. si elle l'avait été...
Si je veux protéger MES fesses, il valait mieux que je prescrive, suivre le « con-census », peu importe les conséquences sur la grossesse, le foetus, la patiente, j'aurais été protégé par ce « con-census ».