De Kalau au Lac Inle (trek), Myanmar.
Pour aller de la ville de Kalau jusqu'au lac Inle, il faut compter environ trois heures en bus. Nous, après avoir fait les plus horribles dix heures de transport dans un bus de ville recyclé en bus voyageur, pendant lesquelles tu te sens comme dans une machine à la quincaillerie qui brasse la peinture, décidons de le faire à pied.
Why not?!
Trois heures assise contre trois jours de marche, je ne sais pas si c'est logique mais bon, ce sera la première fois que je me rends d'une ville à l'autre à pied et ça rend les choses excitantes!
Notre guide vient nous rejoindre à notre hôtel. Tout de suite elle nous sourit. Quelques courses au marché et c'est parti pour cinquante-deux kilomètres. Notre compagne Parisienne est aussi de la partie ainsi qu'un helper pas trop aidant et plutôt fainéant. Nous réaliserons plus tard que sa tâche est plus de guider notre guide qui ne connaît pas très bien la route!
Droite gauche, droite gauche, tout va bien. Nous progressons dans la forêt sans trop de difficulté traversant les villages d'agriculteurs. L'air est frais, la végétation est d'un vert éclatant et les montées sont modérées. Le bonheur!
La culture du thé y est abondante et rentable, mais pas autant que la maraîchère. Comme il faut compter un an pour cultiver, récolter sécher puis vendre ces feuilles aromatiques, les fruits et les légumes sont plus lucratifs.
Les cultures sont faites à flanc de montagne et oubliez les tracteurs et les moissonneuses-batteuses, ils appartiennent encore à un monde futuriste à des années lumières d'ici. Notre ami le gros buffle est encore à l'emploi et n'est pas près d'être remisé et mis au chômage.
Dans les villages, de jeunes enfants se regroupent pour regarder la télé chez LA personne qui a premièrement l'électricité et deuxièmement une télé. Ils ne manquent pas de sortir nous saluer au passage d'un large sourire.
Ding ,ding, ding. Tassez-vous, traverse de buffles. De jeunes garçons chargés de ramener le troupeau au bercail ricanent en me voyant faire mon imitation du mastodonte cornu.
À la gare de train, c'est le branle-bas de combat. Tous, y compris nous, veulent faire des emplettes au passage. Quelques aubergines, haricots, arachides, tomates et autres légumes sont achetés par Sue qui nous accompagne. Un vrai festin végétarien nous attend chez nos hôtes dans le village voisin.
À la lueur d'une chandelle, nous dégustons notre repas en écoutant parler notre amie de son pays et de sa vie qui n'a pas toujours été facile.
Elle parle avec plaisir de ses amies qui ont réussi à quitter la patrie non sans difficulté, mais qui aujourd'hui vivent bien. De sa sœur qui rêve d'être serveuse à Singapour. Du plaisir qu'elle a de rencontrer des étrangers qui lui parlent de leurs pays.
Pour elle, il est important que les touristes se sentent bien au Myanmar pour qu'en retour, nous parlions positivement de sa population afin d'y revenir et d'en entraîner d'autres avec nous. Les étrangers leur offrent aussi une ouverture sur le monde qui leur est primordiale.
À 21 heures, tout le monde baille car ici, on vit avec le soleil. Une petite chandelle allumée pour Buddha et c'est le dodo dans la maison longue.
Au réveil, nous réalisons qu'il a plu toute la nuit. Malédiction, car, la vingtaine de kilomètres à faire aujourd'hui est dans la boue et la terre glaise.
Au travers des rizières, nous patinons et nous enfonçons sans arrêt. Les fermiers pieds nus qui font la même route que nous tous les jours se marrent en nous voyant enlisés avec nos espadrilles.
Dois-je aussi vous rappeler que nous sommes partis avec notre cousine Française maladroite et peu habile vu son flagrant manque d'équilibre. Sur ce terrain glissant, ce ne fut pas gagné d’avance. Mélodie, je te lève mon chapeau!
La dernière nuit se fait au monastère, endroit paisible pour refaire nos forces et rencontrer les autres groupes de marcheurs. Tous nous sommes couverts de boue rouge et exténués. Par chance, tout le monde se relaie pour pomper l'eau de la douche glacée!
Cinq heures du matin, heure de prière pour les jeunes moines novices. Nous débutons la journée au son de leurs saintes paroles.
Quelques heures nous séparent encore de notre objectif, bientôt j'aurai accompli pour la première fois la liaison entre deux villes à pied. Je rechausse mes espadrilles détrempées et c'est parti.
Beurk, elles sont dégueulasses!
- Nad, les orteils ratatinés.