Le grand exercice de censure pratiqué voilà quelques semaines par Amazon avait tonné sur le net, au point même que La république des livres de Pierre Assouline s'était fendue d'un billet pour relater les excuses publiques formulées par Jeff Bezos, PDG d'Amazon.
Petit retour en arrière...
Tout commença lorsque le cybervendeur supprima directement sur les Kindle des utilisateurs étatsuniens deux ouvrages du romancier George Orwel, La ferme des animaux et 1984. Ces deux livres, vendus par un éditeur, MobileReference, qui ne disposait manifestement des droits pour ce faire. Et Amazon, dans un vaste geste humanitaire de défense du droit d'auteur, a tout bonnement fait disparaître les ouvrages. Un exercice qui ressemblait bien plus à une campagne big brotheresque, rondement menée.
Après s'être fait traiter de tous les noms d'oiseaux de la création : Bezos était stupide, Amazon pas plus fûté, des excuses furent présentées, et le soufflé retomba... un premier mea culpa qui calmait le jeu en somme.
À près de deux mois d'intervalle le vendeur revient sur l'affaire et vient d'annoncer qu'il remplacerait les ouvrages disparus et dans un courriel, les clients vienent d'obtenir l'assurance du retour de leurs livres. Ils pourront également disposer d'un bon d'achat de 30 $ par livre ou un chèque tout court du même montant, en lieu et place des deux livres.
On retrouve également dans ce courriel les fameuses excuses qui avaient ému M. Assouline : « Rares, des excuses publiques. Plus rares encore lorsqu'elles émanent d'un grand patron d'une entreprise d'envergure mondiale. Et rarissimes lorsqu'elles poussent le coupable et responsable à s'aplatir ainsi en ligne », avait-il noté.
Cette action sera appréciable : le remboursement représente probablement un différentiel de 20 $ de gain pour les consommateurs, puisque les ouvrages d'Orwell n'étaient pas vendus plus de 10 $ pièce. Cependant, elle ne remplacera pas les notes prises par un étudiant sur son exemplaire, et qui avait alors perdu toute son étude du livre au moment où ce dernier fut supprimé. Il avait ainsi intenté une procédure judiciaire contre le vendeur, laquelle est toujours en cours d'examen.
De même, ce remboursement ne change pas grand-chose au mystère désormais établi, et qui lie le vendeur à son lecteur : en démontrant qu'il pouvait influer directement et sans avoir besoin de l'accord des utilisateurs sur le Kindle, Amazon s'était clairment tiré une balle numérique dans le pied.