Dans ces nouvelles, le décor est réaliste quoique assez dépouillé. Les "Indiens" sont des gens simples, parfois durs, remplis de bon sens. Le personnage du "gringo" blanc prend du relief par son inadaptation à la vie et aux mœurs mexicaines. Certaines histoires sont racontées à la troisième personne, d'autres à la première du singulier. Les thèmes abordés sont variés. Il s'agit d'abord de décrire la vie quotidienne du peuple mexicain : le logement, la nourriture, le commerce et puis les liens étranges entre l'homme et l'animal. Ensuite, Traven explore aussi des aspects plus inattendus : le matriarcat, la religion, l'industrialisation, les relations avec le pouvoir local, la répression.
Dans l'ensemble, le regard de Traven sur la société mexicaine est mêlée de respect et de distance. Traven use de son sens critique mais ne condamne jamais les Mexicains. Il ne met que le pouvoir central et les "gringos" en accusation. Comme par exemple M. Winthrop, de New York : ce philanthrope prétend sortir les Mexicains de leur misère en spéculant sur la valeur artistique de leur objets artisanaux. Il joue au plus candide tout en faisant tous les calculs nécessaires à assurer sa fortune personnelle ; sauf que le Mexicain qu'il essaie d'exploiter, lui, est vraiment un homme simple. Aussi, lorsqu'il lui fait miroiter des pesos par milliers, le regard de l'artisan se perd... il ne sait pas ce que signifient ces gros chiffres. Winthrop et son entreprise humaniste peuvent s'en retourner. D'autres nouvelles sont presque des allégories, comme "Achat d'un âne" et "Le chagrin de Saint-Antoine" par exemple.
Je ne suis pas certain que Traven soit bien traduit, ou alors sa langue doit être plutôt pauvre, sa syntaxe assez plate. Le récit n'est rythmé que par l'action, pas par le style. Pour autant, ces quelques nouvelles se lisent goulûment. Elles sont ici présentées accompagnées d'un dossier pédagogique plutôt bien fait, destiné aux collégiens et à leurs professeurs.