En effet, l’Eepad, qui croulait sous les dettes contractées auprès de l’opérateur historique, n’a pas respecté le calendrier d’échelonnement de ses impayés. Ce qui a conduit Algérie Télécom à la déconnecter une seconde fois.
Une déconnection qui avait lieu, avant-hier, à minuit. Une décision qui vient en appui à la première qui a été prise en mai dernier à l’encontre du même provider faute de payement de ses redevances. Toutefois, lors de la première suspension et eu égard à l’ampleur qu’a pris cette affaire, le ministre du secteur a pris la décision de ne pas mettre un terme à l’abonnement d’accès à Internet de l’Eepad à condition qu’il se résigne à payer ses dettes. C’est ce qui a été convenu entre les deux parties. Mais faute d’avoir honoré ses engagements, l’Eepad se voit déconnecté par Algérie Télécom une première fois. Apparemment, cette décision qui a sonné comme un avertissement aux mauvais payeurs, n’a pas poussé l’Eepad à se conformer à la légalité, et ce, en respectant ses engagements. Une attitude qui a provoqué l’ire des responsables d’Algérie Télécom qui, à leur tour, ont décidé de bloquer son accès à l’internet jusqu’à épuration totale de ses dettes. En d’autres termes, cette fois-ci, l’Eepad ne bénéficie d’aucune circonstance atténuante. Toutefois, la question qui se pose est de savoir comment le provider privé, l’Eepad, considéré comme précurseur dans ce domaine, est arrivé à une telle situation.
Nombre de spécialistes ont dénoncé, auparavant, la décision de réduction de moitié des prix d’accès à l’Internet au profit du grand public, même si, par ailleurs, cette dernière a été justifiée par la volonté des pouvoirs publics de permettre à des milliers de citoyens de surfer sur la Toile à moindre coût. Ce qui s’apparente beaucoup plus à un «socialisme numérique», dans la mesure que les ISP ne peuvent pas, financièrement parlant, procéder à un tel rabais de coûts étant donné que Algérie Télécom n’a pas répercuté cette réduction aux providers. Lors de l’annonce de cette «décision révolutionnaire» en grande pompe, le P-DG de l’Eepad, M. Harzallah, a tiré la sonnette d’alarme en affirmant à la presse qu’il n’y avait pas eu de concertation sur la question autour de l’ARPT, l’Autorité de régulation, relevant au passage que les fournisseurs d’accès à Internet (ISP) étaient les premiers à souffrir de cette baisse drastique et brutale des prix. «La baisse de 50% des coûts d’accès à Internet a atteint les ISP et entraîné des difficultés financières pour ces sociétés», a-t-il affirmé. Une décision, qu’il faut souligner, ne profite qu’à Djaweb, la filiale d’Algérie Télécom. Dans le même sillage, des spécialistes des NTIC parlent de dumping et de concurrence déloyale en mettant en avant la violation du décret exécutif 02-141 du 16 avril 2002, fixant les règles applicables par les opérateurs de réseaux publics de télécommunications pour la tarification des services fournis au public, lequel décret stipule que «les pratiques tarifaires anticoncurrentielles sont proscrites».
Encore, selon le benchmarketing international, dans l’industrie du haut débit, les marges brutes d’exploitation (EBIDTA) seraient de l’ordre de 45% et prenant en considération les coûts d’acquisition des seuls inputs récurrents des services d’Internet, alors que les prix affichés par la filiale d’Algérie Télécom sont inférieurs aux prix de revient.
La zone de turbulence que traverse l’Eepad augure-t-elle d’un lendemain incertain pour les ISP qui se sont échinés à ancrer les NTIC en Algerie ? S’achemine-t-on vers une désarticulation du secteur des NTIC qui va nous renvoyer à la case de départ ?
En effet, les opérateurs multimédia algériens ont consenti des investissements colossaux pour contribuer à faire bénéficier l’Algérie des évolutions techniques pour que l’accès à l’information et à la communication dans notre pays soit une réalité tangible.
Cet effort, supporté par un discours politique volontaire, est néanmoins annihilé par un marché dérégulé par des décisions qui portent plus atteinte à ce secteur qu’elles ne le développent.
Mohamed-Cherif Drifi/ La nouvelle république
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 24 septembre à 17:29
fi a3chna w yenechna .....