Encore une fois, c’est cette innocente pochette pastel qui m’a attiré vers l’écoute de ce groupe dont le patronyme me disait à peine quelque chose. Mystérieuse au possible, l’on pourrait passer des heures à la décrypter. Des couleurs passées, un Havre de paix isolé de tout, une végétation qui évoque le sud (Italie ? France ? Californie ?) et surtout ce côté voyeur, qui observe de loin sans être vraiment là. Quelques recherches plus tard, je découvre qu’il y a deux ans j’avais déjà relevée la pochette de Moonbeans, premier Lp du groupe de Seattle, dans le même esprit, avec cette demoiselle topless en train de se faire pousser à l’eau. Séance de rattrapage oblige, j’aime vraiment cette musique bucolique et chaleureuse même si je tombe sur des commentaires du genre Moonbeans c’est Cold Play avec un clavier Bontempi. TMTS ne fait pas l’unanimité, j’adore.
Que sait-on sur ce deuxième opus ? Toujours produit par le très d’actualité Phil EK (The Dodos dernièrement, Fleet Foxes l’année dernière, The Shins celle d’avant, etc, etc…), c’est l’occasion de retrouver le projet (à l’origine solo) de Scott Reitherman qui forme aujourd’hui un quartet rodé avec Jarred Grimes, Aaron Goldman et Charlie Smith. Les thèmes de prédilection du groupe ? Le machisme américain, les drogues douces et les voitures convertibles… En résulte une pop de chambre rarement rock, relativement enjouée et à demi lo-fi. C’est la maison de disque décidément la plus inspirée du moment, à savoir Secretly Canadian, qui s’occupe de la mise en boîte, et permet au producteur de varier ses capacités. Du coup ça part un peu dans tous les sens, non sans une homogénéité assez magique.
D’entrée, "Waving at the shore" fait office de petit single. Enjoué et décomplexé, Scott pose sa voix flegmatique sur une combinaison guitare/orgue qui pousse à la fête lors du refrain typé 80’s. Bowie aurait apprécié. Un peu plus loin sur "Ancestors" la basse se fait fuzzée, les synthés cristallins et les guitares aériennes. Il n’y a que la voix qui commence il est vrai à évoquer un peu trop Chris Martin, mais ça reste acceptable. On est dans le même esprit également que les très bons The Pain Of Being Pure At Heart. "Dizzy from the fall" fait également parti de ces morceaux qui roulent tout seul. Cool et touchant à la fois, avec trois fois rien. Enfin, évoquons la neuvième piste de ce douze titres, "Hi-Fi Goon" qui ressuscite pour un temps la power pop jam à la Weezer, ainsi que "Baby you’re bored", hommage certain aux séminaux Neutral Milk Hotel.
En bref : certes pas parfait, Creaturesque est l’un des disques pop les plus agréables de l’année. Ensoleillé et détendu, il ne peut que prolonger votre été.