Je suis plutôt fan de Quentin Tarantino: j'adore Reservoir Dogs, Pulp Fiction, Une Nuit en Enfer, je supporte bien Kill Bill 1 et 2 et rigole devant Boulevard de la Mort. J'applaudis à deux mains lorsque le jury qu'il préside à Cannes donne le Grand Prix au film coréen génial (et gore) Old Boy. Mais alors, dans quoi Quentin Tarantino s'est il fourvoyé avec Inglourious Basterds ???
Ce film est long, sans rythme, alternant dialogues pompeux et scènes gores qui ne surprennent plus. Mélanie Laurent ressemble à une godiche et donne la réplique à un Jacky Ido pas trop dans le ton. Brad Pitt nous refait le coup de Snatch avec un rôle décalé et un accent terrible, mais sans l'effet de surprise. Seules bonnes nouvelles, Christoph Waltz dont la performance est excellente ou Eli Roth plutôt amusant en Jew Bear dégommant les nazis à coups de battes de baseball.
Mais le plus dérangeant c'est qu'on ne sait pas trop ce que l'on regarde.
Un film d'histoire ? Assurément non, surtout lorsqu'on voit la fin du film. Je lui préfère encore le très critiqué Valkyrie de Brian Singer.
Un film de guerre ? Certainement pas, il n'y a pas d'action, pas d'adrénaline... Il vaut mieux dans ce cas voir les excellents Iwo Jima de Clint Eastwood.
Un film potache ? Le discours est trop sérieux pour en faire du burlesque. On a du mal à rigoler devant les longs discours antisémites et racistes du Colonel Hans Landa. Au final, ces discours semblent avoir été mis en place uniquement pour pouvoir justifier la violence du gang des basterds, avec une belle morale à la clé Oeil pour oeil, dent pour dent.
Ce film est donc ni drôle, ni divertissant, ni intelligent, ni excitant, n'apprend rien sur cette période de l'histoire. C'est une vaste blague d'adolescent...
Ce qui me sidère au final n'est pas tant le film que la pluie d'éloge qui lui a été accordée: Miner les genres hollywoodiens par le fun, réinventer le monde par le cinéma bis (...) : cette démarche a fait le style de Quentin Tarantino, sa gloire. Elle est jouissive quand il la maîtrise totalement (Le Monde). Arghh !! C'est comme si la presse en général n'osait pas attaquer le mythe de Quentin Tarantino. Tout ce qu'il fait est génial, à se demander si les critiques ont même vu le film...
Heureusement dans ce monde de critiques qui brossent dans le sens du poil, on trouve Gaël Golhen de Première: ni plus ni moins qu'une série Z indigne qui ne se soucie même plus de son public. (...) c'est navrant, théorique et vide, globalement soporifique et surtout sans chair. et puis il y a l'intellectuel The New Yorker qui ose regarder plus loin que le bout de son nez: Very little in “Basterds” is meant to be taken straight, but the movie isn’t quite farce, either. It’s lodged in an uneasy nowheresville between counterfactual pop fantasia and trashy exploitation. The picture isn’t boring, but it’s ridiculous, and stunningly insensitive—a teen-ager’s dream of revenge too silly to enjoy, even as a joke. Il me semble que c'est la critique qui représente le mieux ce film. Si vous ne l'avez pas encore vu, gardez vos 2h30 pour prendre un verre en terrasse. Ce sera plus intéressant !
En tout cas, vivement le prochain Tarantino pour qu'il puisse nous prouver qu'il n'a rien perdu de sa superbe !