Tellement loin et si proches … Certains commentaires sur la note de Chambolle, une actualité récente, inspirent quelques réflexions sur la société américaine telle que nous là percevons (mal) et telle qu’elle évolue (vite).
Les difficultés du nouveau Président Obama témoignent de cette proximité lointaine parfois insaisissable. Certains vont même jusqu’à affirmer que Barack Obama ne comprend pas son Amérique profonde, ne la connaît pas, alors qu’il s’agit en fait de “volonté politique” Une volonté qui s’affirme ou se dilue.
Regardés de ce côté de l’Atlantique, nos cousins nous surprennent souvent, quelquefois même de nous choquent.
Le premier sujet évoqué concerne la peine de mort toujours en vigueur là-bas dans de nombreux États. Persuadons-nous que si un référendum était organisé en Europe sur cette question , le résultat en surprendrait plus d’un et l’on s’apercevrait que le bon peuple européen n’est pas tellement éloigné de l’américain tout aussi « bon »Une affaire défraye les chroniques journalistiques américaines : un rapport largement diffusé, tend à prouver que Todd Willingham, exécuté en 2004 à 24 ans, n’était pas coupable du crime dont on l’accusait. Les abolitionnistes, ils existent aussi là-bas, exultent et s’empressent de déclarer que ce « fait de société » met en lumière les énormités du système et l’horreur des erreurs judiciaires.
C’est un choc et un précédent dans un pays qui administre l’injection mortelle à 50 condamnés par an en moyenne. Mais ils ne sont que 44% d’américains à être “gênés” qu’on exécute un innocent, et il y a des juges qui trouvent ça “valable “…
Serions nous globalement, dans la profondeur du “non dit populaire”, tellement différents ?
Rien n’est moins sûr. Il aura fallu un combat difficile et impopulaire, mené par Badinter, soutenu par Mitterrand, pour imposer chez nous cette abstinence de vengeance populaire « divine » C’est une volonté politique qui s’est imposée à contre courant d’un appétit de base du peuple.
Il ne s’agit pourtant pas d’une grande révolution. Rappelons que près de 50 millions d’américains n’ont aucune couverture maladie. Pourtant lorsque l’on donne le choix à un américain de cotiser obligatoirement ou d’empocher quelques dollars de plus et de laisser à chacun l’opportunité de choisir son assurance, l’énorme majorité choisit la voie de ce qu’elle considère être celle de la liberté, quitte à oublier ensuite l’assurance.
Pour comprendre, il faut connaître la lutte citoyenne traditionnelle contre les impôts aux États-Unis, lutte qui elle aussi s’associe à la notion de liberté. L’État est considéré, réaction-réflexe, comme un frein, un empêcheur de créer et d’agir. Le « plan de santé couverture maladie universelle » a été traduit comme une forme de “nationalisation” , de développement de la bureaucratie. Il provoque une formidable poussée d’urticaire chez une large majorité d’américains. Parmi les épouvantails agités avec succès par les opposants au projet il y a aussi l’affirmation que le contribuable se retrouvera à financer l’assurance santé des immigrants illégaux.
Là encore sommes nous tellement éloignés des « cousins » ? N’entendons nous pas tous les jours des voix s’élever pour dire que notre système est intenable à terme, trop onéreux, qu’une partie de son financement devrait revenir à des assurances privées volontaires. Le système des « complémentaires mutualisées » de plus en plus sollicité ici, n’est-il pas une ébauche de rapprochement insensible ? Je laisse à vos appréciations le jugement que portent sur la couverture santé des « sans-papiers » nos « bons européens »… tellement différents …
Là encore, il a fallu une décision et une volonté politique pour imposer notre “sécu” et il en faudra beaucoup pour la préserver.
La cacophonie sur l’instauration d’une taxe carbone, après les bonnes intentions solennelles des campagnes électorales et des signatures de « pacte Hulot » montre à quel point nos incohérences n’ont rien à envier à celles nos « cousins » On pourrait même être surpris par le dynamisme qu’ils pourront mettre à s’emparer tout à coup d’une cause jusque là négligée. Les européens procèdent par grands cris, exhortations et propos péremptoires et puis … pffffffffft !
La liste Europe-Écologie fait un score énorme aux dernières élections au parlement européen mais quand il s’agit de mettre en application certaines contraintes, les chose s’enveniment. Deux tiers des Français sont opposés à la taxe carbone. C’est le résultat d’un sondage Sofres pour Europe 1.
Le principal grief exprimé par les sondés serait le manque d’efficacité de cette taxe. Sur le principe, seules 3% des personnes interrogées là jugent “très” efficace et 23%
“plutôt” efficace. Pour 63% des Français, les particuliers font déjà assez d’efforts pour réduire leur facture énergétique … A la différence des entreprises. La messe est dite : c’est pas moi c’est l’autre.“Je vous promets que les États-Unis sont maintenant prêts à prendre la tête de cet effort mondial“, a déclaré le nouveau président américain. Des mots, rien que des mots, diront certains. Peut-être ! Mais sommes-nous si sûrs que les « cousins » ne vont pas entrevoir rapidement tous les avantages industriels et économiques d’une position en « pointe » dans ce secteur d’avenir ? Là encore la “volonté politique ” doit s’affirmer et il se pourrait qu’elle soit plus efficace outre-atlantique.