Ce récit est l’occasion pour moi de vous raconter une escapade en Angleterre.
Partie au petit matin de Calais, nous avons embarqués dans un ferry pour découvrir les charmes de Douvres. Où, grâce au décalage horaire, on arrive presque à la même heure que celle où l'on
est parti.
Or, c'est là que commence le bonheur. Car - contre toute attente - le principal port de l'Angleterre est une adorable petite cité avec tout ce que les amoureux du Royaume-Uni aiment à retrouver:
beds & breakfasts douillets, rues bordées de maisons à bow-windows pimpantes, pubs où le prix de la bière ferait rougir de honte n'importe quel bistrotier français... . L'organisation du port
est terriblement efficace, en voiture, les gens sont placés sur l'autoroute comme sur des rails. Et quand on est à pied, des cars emmènent les arrivant directement à la
gare.
Que faire à Douvres ? La
ville est riche de deux musées comme seule l'Angleterre est capable de les faire. Douvres a conservé et restauré ses anciennes geôles. Après avoir assisté à la reconstitution de la condamnation à
mort d'un brave type, dans un tribunal construit en 1227, on descend les degrés d'un étroit et sombre escalier. S'ouvre alors un long couloir souterrain de briques noires, bas de plafond et
éclairé au gaz. De part et d'autre, des cellules minuscules (2 m sur 1,50 m) dans lesquelles on travaillait huit heures par jour à tourner une roue inutile ou à confectionner de l'étoupe avec les
vieux cordages des bateaux. Et en souriant, s'il vous plaît: sinon, direction la chambre noire (où le guide enferme effectivement le visiteur). Un traitement réservé aux voleurs de poules comme
aux bandits de grand chemin, ou aux enfants de 7 ans. Ce musée est peuplé de talking heads : sur le visage de ces mannequins est projetée l'image animée d'un personnage. Horriblement efficace.
L'autre curiosité de
Douvres, c'est son château. Considéré comme la forteresse la mieux défendue de toute l'Angleterre, il coiffe les hautes falaises blanches qui toisent les côtes françaises. Certains de ses
éléments ont plus de 2000 ans. L'épaisseur de ses murs, l'incroyable complexité de son réseau défensif sont un bon témoignage du peu de bien que les Anglais pensaient de nous. Là encore, le plus
intéressant est caché. Sous le château, on a creusé près de 6 kilomètres de galeries. Un morceau date du siège français de 1216, un autre des guerres napoléoniennes. Ici logea le quartier général
d'une partie de l'armée britannique. L'amiral Ramsay y organisa l'évacuation de Dunkerque et surveilla ce bout de la Manche baptisée Hellfire Corner (le coin du feu de l'enfer). On a fait revenir
le mobilier militaire d'époque, les équipements de télécommunication, les anciennes cartes... Une mise en scène impeccable pour découvrir ce morceau d'histoire avec des yeux britanniques (mais
des oreilles françaises : le commentaire est traduit).
Pub, rugby et Nirvana Douvres est aussi une ville où, dans n'importe quel pub, on s'offrira une pinte d'excellente bière tout en regardant, sur fond de Nirvana, un match de rugby à XIII sur grand
écran. Il existe ici une bonne dizaine de pubs remarquables qui semblent concourir pour le trophée de la bière la moins chère et la meilleure.
Quant aux amateurs de produits anglais (très à la mode ces temps-ci), ils se donnent rendez-vous à Tesco, le supermarché local.
Les charmes de Douvres épuisés, les cabas et l'estomac pleins, on quittera la ville. Pour grimper sur les hauteurs de Langdon Cliff, la falaise proche du château. C'est là que Louis Blériot, le
25 juillet 1909, posa sa machine volante, la première à traverser le Channel. Pas chiens, les Anglais lui ont dressé un mémorial en forme d'avion couché. Puis on profitera de la vue et du sentier
de découverte qui court au sommet de la falaise. On est à quelque distance de la mer. Et si loin de la France.