Le Gabon s’enflamme…

Publié le 05 septembre 2009 par Notil

après les résultats de l’élection présidentielle. Et comment pouvait-il en être autrement? Les observateurs avertis le savaient et auraient pu le prédire. Peut-être l’ont-ils d’ailleurs fait mais ne les a-t-on pas écoutés….

le Gabon, « République » africaine indépendante depuis 1960 vit comme il le peut depuis la chute du cours pétrolier. Et pourquoi les intérêts de la France sont-ils visés? Une réponse simple et sans ambiguité. La France a toujours protégé, soutenu, inconditionnellement le régime gabonnais depuis son indépendance. D’aucuns me diront que c’est dans la logique de l’Histoire puisque le Gabon était « colonie française ». Seulement après l’accession à l’Indépendance, la France a quasiment installé les présidents gabonais et a fait en sorte qu’ils restent au pouvoir. Ne serait-ce qu’en fermant les yeux sur les agissements de ce pouvoir.

Léon Mba, premier président du Gabon tout d’abord, protégé par Paris  jusqu’à son décès. Puis Omar Bongo, de son vrai nom Albert Bernard Bongo jusqu’à sa conversion à l’Islam. Une conversion que l’on doit simplement à l’entrée du Gabon dans l’OPEP.

Dès son accession au pouvoir Omar Bongo a agi en dictateur et il a instauré un principe monopartisme qui lui a permis de museler toute opposition. La chute des cours du pétrole l’a obligé à revenir sur ce principe et le pays a cru retrouver une certaine forme de démocratie. Mais le pouvoir était verrouillé de telle manière qu’il a été impossible de le changer. L’opposition sous l’impulsion de Mamboundou s’est étoffée. En 2005, l’opposition a dénoncé de nombreuse fraudes électorales qui n’ont jamais abouti.

Je passe sur l’affaire Elf, affaire politico-financière qui a défrayé la chronique à l’époque mais qui a laissé de nombreuses traces dans les esprits.

Voilà qu’aujourd’hui, celui qui était à la fois le fils d’Omar Bongo et le Ministre de la Défense gabonaise devient Président du Gabon! Je me demande qui peut en être étonné! 40 ans de règne sans condition, sans partage du pouvoir, sans concertation réelle avec toute forme d’opposition, comment pouvait-il en être autrement? Une affaire de famille qui dure sous le regard bienveillant de la communauté internationale depuis des décennies ne peut s’envoler du jour au lendemain. De plus, il s’agit là d’un Pays Africain. Et en Afrique comme ailleurs on sait combien il est parfois plus prudent de rester neutre ou du moins de fermer les yeux sur des faits avérés.

J’ai même tendance à croire que les « 4″ jours nécessaires au dépouillement des urnes auraient dû mettre la puce à l’oreille de n’importe lequel d’entre nous n’y entendant rien en matière de pouvoir. Mais les esprits-chagrin me rétorqueront que la comptabilité avec boulier est l’une des plus longues. Je plaisante ou je relativise, c’est à voir. On peut imaginer que ces « 4″ jours ont été nécessaires pour préparer l’armée et la police à un surcroît de travail dès l’annonce du nouveau président officialisée.

Ce qui me gêne le plus, c’est que ce Pays, aux charmes indéniables, est en proie à une mise à sac délibérée. Les « intérêts » (que ce mot est laid) de la France sont clairement visés. Le problème, comme à chaque fois en de telles circonstances, c’est que les resortissants de notre Pays n’ont rien demandé. mais qu’ils vont en pâtir. la France est particulièrement visée parce qu’elle a cru, une fois encore qu’il y allait de sa crédibilité de cautionner un Pays qui n’était plus le sien ou considéré comme tel, par l’Etat.

La mise à sac dont je parle plus haut est dûe, pour partie, à une bande de désoeuvrés qui profitent, nous dira-t-on, de la situation. C’est trop facile. La situation ne date pas d’hier. La population et la jeunesse en particulier veut le respect, le travail, la considération.  A force de voir les uns s’enrichir au détriment des autres, on crée volontairement un esprit de révolte. Le vent qui souffle alors est une tempête qu’il devient difficile de maîtriser à moins d’y mettre des moyens considérables qui se traduisent en ce cas par des morts que l’on aurait pu éviter si l’on cessait de croire que tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes. Comme c’est trop souvent le cas. A force de ne voir que ce que l’on veut regarder, on omet certains détails qui prennent au fil des jours une telle ampleur que de détails ils deviennent premier plan.

L’opposition a appelé à la « Résistance ». L’Histoire nous a montré que la résistance pouvait faire tomber les dictatures les plus pugnaces. A suivre, donc en espérant que les morts ne se comptent pas par dizaines ou centaines. Ou en espérant que la communauté internationale s’en inquiètera plus sérieusement qu’elle ne l’a fait en d’autres états africains.