Alors que l’Université d’été du MoDem intervient dans une période difficile
pour le Mouvement, je lis dans la presse, 2 entretiens qui posent de manière
simple mais un brin désespérante, l’impasse dans laquelle se trouve le MoDem et
la difficulté pour le Mouvement d’aborder les Régionales et d’une manière
générale, toutes les élections à venir.
Le premier est de Corinne Lepage dans le
Direct Matin de ce jour.
A la question : Etes-vous favorable à une coalition PS-Modem pour
les régionales?
Corinne Lepage répond :
« Si le Modem souhaite faire alliance dès le premier tour avec le PS,
il faut que l’ensemble des militants soient d’accord avec cela. Mais je pense
que nous n’avons pas fait tout ce travail d’autonomisation, avec ce que ça nous
a coûté, pour devenir le supplétif du PS. Nous avons été celui de la droite
pendant assez d’années. »
Corinne Lepage rappelle ainsi que le MoDem n’a vocation à se faire avaler ni
par l’éléphant bleu (l’UMP) ni par l’éléphant rose (le PS). Elle rappelle que
contrairement au Nouveau centre qui par pur opportunisme s’est inféodé à l’UMP
et à son grand maître Nicolas Sarkozy, François Bayrou et le MoDem ont fait le
choix d’une voix originale qui dépasserait les vieux clivages Droite-Gauche.
Elle rappelle également qu’une alliance avec le PS ou avec l’UMP ne peut pas
être une alliance entre égaux et qu’elle signifierait uniquement pour l’un ou
pour l’autre, un complément de voix et de préférence …sans voix. Bien, bien
…ça, je comprends bien, et j’en suis tout à fait d’accord.
Ensuite vient une seconde question de la part de Direct
Matin :
Est-ce envisageable que le Modem s’engage seul dans la campagne
?
Réponse :
« On ne peut pas répondre avant d’en avoir discuté avec tous les
responsables régionaux, mais nous ne pouvons pas rééditer ce qui a été fait
pour les municipales. En partant de l’idée que nous n’appartenions ni à la
droite ni à la gauche, nous disions pouvoir travailler avec les deux. Ça n’a
pas été compris et nous avons donné l’impression d’une attitude
opportuniste.
Il nous faut une stratégie nationale. »
Là, du coup, je ne comprends pas, il me semble déceler comme une certaine
contradiction.
Corinne Lepage commence par nous dire qu’une alliance avec le PS n’est guère
envisageable (avec l’UMP ce n’est même pas d’actualité), puis elle récuse ce
qui a été fait pour les Municipales c'est-à-dire, des alliances au cas par cas
en fonction des situations locales !
Certes on ne peut que souhaiter qu’une stratégie nationales soit définie
plutôt que de laisser chacun faire ses propres choix de son côté. Certes à
l’occasion de Municipales, le PS et l’UMP ont eu beau jeu de faire passer une
attitude, somme toute très cohérente, pour de l’absence de stratégie et de
l’opportunisme.
Pour autant, s’il n’y a pas d’alliance au niveau national avec le PS ou
l’UMP et si on ne veut pas retomber dans les « travers » des
Municipales avec des alliances locales avec la Droite ou la Gauche, qui
paraitraient incohérentes aux yeux de l’opinion, qu’est ce qu’il reste
?
Il reste un MoDem qui s’engage seul dans la campagne !...pourquoi pas, mais
il faut en assumer les conséquences en terme d’élus !
En tout état de cause, toute l’impasse stratégique dans laquelle se trouve
le MoDem se trouve dans ces 2 réponses apportées par Corinne Lepage, avec 3
options toutes aussi insatisfaisantes les unes que les autres : S’allier
au niveau national au risque de perdre son âme, s’allier au cas par cas au
risque de paraitre incohérent et versatile, y aller seul au risque de se
trouver sans élu !!!
Je pensais être un petit peu éclairé par la lecture de l’entretien accordé
par Marielle de Sarnez à
L'EXPRESS.fr puisque (quasiment) la même question lui a été posée (ce qui
montre que les journalistes n’ont pas beaucoup d’imagination), mais j’avoue ne
pas avoir été franchement satisfait par la réponse de Marielle.
A la question : Pour les élections régionales de mars 2010, vous
pensez à former des listes communes ?
Marielle de Sarnez répond :
« Nous allons débattre de la stratégie dans les mois qui viennent avec
les adhérents du MoDem. Pour moi, ces élections doivent nous permettre à la
fois d'affirmer notre propre identité et d'être disponibles pour des
rassemblements plus larges, car personne ne peut gouverner seul. Mais tout cela
ne peut se construire qu'en ayant à l'esprit ce que devra être l'avenir.
»
«…affirmer notre propre identité et d'être disponibles pour des
rassemblements plus larges… » !!!
Effectivement toute la question est là ! …Mais comment donc
« affirmer notre identité » ou comment sauvegarder ce qui fait
l’essence même du Mouvement Démocrate, c'est-à-dire le refus de s’enfermer dans
un camp, tout en passant des alliances ?
Par contre là ou Corinne répond « … je pense que nous n’avons pas fait
tout ce travail d’autonomisation, avec ce que ça nous a coûté, pour devenir le
supplétif du PS », Marielle parle « … d'être disponibles pour des
rassemblements plus larges » … Et s’il doit y avoir alliances au niveau
national, on sait avec qui Marielle souhaite les contracter !
Il semble y avoir là une différence sensible de point de vue qui traduit
certainement des divergences d’opinion au sein des militants MoDem.
Bon, il y au moins un point commun aux 2 réponses, c’est la nécessité de
débattre, avant toute chose, avec les militants du MoDem (ce que n’avait
pourtant pas fait Marielle de Sarnez avant de recenser haut et fort tout ce que
le MoDem a de commun avec les Socialistes).
L’université d’été du MoDem risque d’être assez houleuse mais espérons
qu’elle sera suffisamment constructive pour définir un consensus sur une
stratégie qui sorte le moDem de l'impasse dans laquelle il se trouve !
Pour ma part, dans un précédent
billet j’évoquais ma crainte qu’une alliance nationale avec le PS ne
transforme le MoDem en une sorte de Nouveau Centre de Gauche Parti
radical. Je pense en effet que le rapport de force actuel n’est pas en faveur
du MoDem est qu’il n’a rien à gagner à une alliance avec le PS (avec l’UMP n’en
parlons même pas) sauf quelques places sur des listes communes qui n’aurait été
obtenues qu’après un âpre marchandage.
Il me semble qu’il faut commencer par « affirmer notre propre
identité » avant d’imaginer une quelconque alliance nationale. Le
préalable est indispensable. Comment espérer se forger une identité forte,
originale et attrayante si on se colle une étiquette de parti de
« Gauche » acoquiné avec le PS ?
Sauf à abandonner ses ambitions, le MoDem doit agir seul et essayer de se
faire reconnaitre comme une réelle alternative politique avant d’imaginer des
alliances qui seront d’autant plus fructueuses que le MoDem est attractif. Ne
brulons pas les étapes quitte à n’avoir que très peu d’élus mais au moins ce
seront des élus qui ne devront rien à personne.
Espérons que cette université soit celle de l'autonomie !
En attendant, la ligne doit rester celle des Municipales, c'est-à-dire des
alliances locales avec ceux qui sont porteurs des meilleurs projets, sans à
priori quand au « camp » politique. Idéalement il serait même
intéressant que ces alliances soient assez bien réparties à droite comme à
gauche.
Cette attitude n’est certainement pas la plus facile à expliquer à nos
concitoyens, mais cette nécessaire action de pédagogie sera d’autant mieux
comprise que le MoDem pourra présenter un projet différenciant par rapport à
celui de ses concurrents. Un projet qui démontrera que la vérité n’est ni
exclusivement à droite ni exclusivement à gauche et qui justifiera ainsi les
alliances d’idées et non de couleur !
Tout cela signifie également que tout est lié, qu’il est inutile d’imaginer
une stratégie électorale, quelle qu’elle soit, qui ne s’appuierait pas sur un
projet attractif et différenciant (et largement diffusé)…le PS nous le démontre
tous les jours !