L'université de l'autonomie du MoDem ?

Publié le 04 septembre 2009 par Nicolas007bis



Alors que l’Université d’été du MoDem intervient dans une période difficile pour le Mouvement, je lis dans la presse, 2 entretiens qui posent de manière simple mais un brin désespérante, l’impasse dans laquelle se trouve le MoDem et la difficulté pour le Mouvement d’aborder les Régionales et d’une manière générale, toutes les élections à venir.

Le premier est de Corinne Lepage dans le Direct Matin de ce jour.

A la question : Etes-vous favorable à une coalition PS-Modem pour les régionales?

Corinne Lepage répond :

« Si le Modem souhaite faire alliance dès le premier tour avec le PS, il faut que l’ensemble des militants soient d’accord avec cela. Mais je pense que nous n’avons pas fait tout ce travail d’autonomisation, avec ce que ça nous a coûté, pour devenir le supplétif du PS. Nous avons été celui de la droite pendant assez d’années. »

Corinne Lepage rappelle ainsi que le MoDem n’a vocation à se faire avaler ni par l’éléphant bleu (l’UMP) ni par l’éléphant rose (le PS). Elle rappelle que contrairement au Nouveau centre qui par pur opportunisme s’est inféodé à l’UMP et à son grand maître Nicolas Sarkozy, François Bayrou et le MoDem ont fait le choix d’une voix originale qui dépasserait les vieux clivages Droite-Gauche. Elle rappelle également qu’une alliance avec le PS ou avec l’UMP ne peut pas être une alliance entre égaux et qu’elle signifierait uniquement pour l’un ou pour l’autre, un complément de voix et de préférence …sans voix. Bien, bien …ça, je comprends bien, et j’en suis tout à fait d’accord.

Ensuite vient une seconde question de la part de Direct Matin :

Est-ce envisageable que le Modem s’engage seul dans la campagne ?

Réponse :

« On ne peut pas répondre avant d’en avoir discuté avec tous les responsables régionaux, mais nous ne pouvons pas rééditer ce qui a été fait pour les municipales. En partant de l’idée que nous n’appartenions ni à la droite ni à la gauche, nous disions pouvoir travailler avec les deux. Ça n’a pas été compris et nous avons donné l’impression d’une attitude opportuniste.
Il nous faut une stratégie nationale. »

Là, du coup, je ne comprends pas, il me semble déceler comme une certaine contradiction.

Corinne Lepage commence par nous dire qu’une alliance avec le PS n’est guère envisageable (avec l’UMP ce n’est même pas d’actualité), puis elle récuse ce qui a été fait pour les Municipales c'est-à-dire, des alliances au cas par cas en fonction des situations locales !

Certes on ne peut que souhaiter qu’une stratégie nationales soit définie plutôt que de laisser chacun faire ses propres choix de son côté. Certes à l’occasion de Municipales, le PS et l’UMP ont eu beau jeu de faire passer une attitude, somme toute très cohérente, pour de l’absence de stratégie et de l’opportunisme.

Pour autant, s’il n’y a pas d’alliance au niveau national avec le PS ou l’UMP et si on ne veut pas retomber dans les « travers » des Municipales avec des alliances locales avec la Droite ou la Gauche, qui paraitraient incohérentes aux yeux de l’opinion, qu’est ce qu’il reste ?

Il reste un MoDem qui s’engage seul dans la campagne !...pourquoi pas, mais il faut en assumer les conséquences en terme d’élus !

En tout état de cause, toute l’impasse stratégique dans laquelle se trouve le MoDem se trouve dans ces 2 réponses apportées par Corinne Lepage, avec 3 options toutes aussi insatisfaisantes les unes que les autres : S’allier au niveau national au risque de perdre son âme, s’allier au cas par cas au risque de paraitre incohérent et versatile, y aller seul au risque de se trouver sans élu !!!

Je pensais être un petit peu éclairé par la lecture de l’entretien accordé par Marielle de Sarnez à L'EXPRESS.fr puisque (quasiment) la même question lui a été posée (ce qui montre que les journalistes n’ont pas beaucoup d’imagination), mais j’avoue ne pas avoir été franchement satisfait par la réponse de Marielle.

A la question : Pour les élections régionales de mars 2010, vous pensez à former des listes communes ?

Marielle de Sarnez répond :

« Nous allons débattre de la stratégie dans les mois qui viennent avec les adhérents du MoDem. Pour moi, ces élections doivent nous permettre à la fois d'affirmer notre propre identité et d'être disponibles pour des rassemblements plus larges, car personne ne peut gouverner seul. Mais tout cela ne peut se construire qu'en ayant à l'esprit ce que devra être l'avenir. »

«…affirmer notre propre identité et d'être disponibles pour des rassemblements plus larges… » !!!

Effectivement toute la question est là ! …Mais comment donc « affirmer notre identité » ou comment sauvegarder ce qui fait l’essence même du Mouvement Démocrate, c'est-à-dire le refus de s’enfermer dans un camp, tout en passant des alliances ?

Par contre là ou Corinne répond « … je pense que nous n’avons pas fait tout ce travail d’autonomisation, avec ce que ça nous a coûté, pour devenir le supplétif du PS », Marielle parle « … d'être disponibles pour des rassemblements plus larges » … Et s’il doit y avoir alliances au niveau national, on sait avec qui Marielle souhaite les contracter !

Il semble y avoir là une différence sensible de point de vue qui traduit certainement des divergences d’opinion au sein des militants MoDem.

Bon, il y au moins un point commun aux 2 réponses, c’est la nécessité de débattre, avant toute chose, avec les militants du MoDem (ce que n’avait pourtant pas fait Marielle de Sarnez avant de recenser haut et fort tout ce que le MoDem a de commun avec les Socialistes).

L’université d’été du MoDem risque d’être assez houleuse mais espérons qu’elle sera suffisamment constructive pour définir un consensus sur une stratégie qui sorte le moDem de l'impasse dans laquelle il se trouve !

Pour ma part, dans un précédent billet j’évoquais ma crainte qu’une alliance nationale avec le PS ne transforme le MoDem en une sorte de Nouveau Centre de Gauche Parti radical. Je pense en effet que le rapport de force actuel n’est pas en faveur du MoDem est qu’il n’a rien à gagner à une alliance avec le PS (avec l’UMP n’en parlons même pas) sauf quelques places sur des listes communes qui n’aurait été obtenues qu’après un âpre marchandage.

Il me semble qu’il faut commencer par « affirmer notre propre identité » avant d’imaginer une quelconque alliance nationale. Le préalable est indispensable. Comment espérer se forger une identité forte, originale et attrayante si on se colle une étiquette de parti de « Gauche » acoquiné avec le PS ?

Sauf à abandonner ses ambitions, le MoDem doit agir seul et essayer de se faire reconnaitre comme une réelle alternative politique avant d’imaginer des alliances qui seront d’autant plus fructueuses que le MoDem est attractif. Ne brulons pas les étapes quitte à n’avoir que très peu d’élus mais au moins ce seront des élus qui ne devront rien à personne.

Espérons que cette université soit celle de l'autonomie !

En attendant, la ligne doit rester celle des Municipales, c'est-à-dire des alliances locales avec ceux qui sont porteurs des meilleurs projets, sans à priori quand au « camp » politique. Idéalement il serait même intéressant que ces alliances soient assez bien réparties à droite comme à gauche.

Cette attitude n’est certainement pas la plus facile à expliquer à nos concitoyens, mais cette nécessaire action de pédagogie sera d’autant mieux comprise que le MoDem pourra présenter un projet différenciant par rapport à celui de ses concurrents. Un projet qui démontrera que la vérité n’est ni exclusivement à droite ni exclusivement à gauche et qui justifiera ainsi les alliances d’idées et non de couleur !

Tout cela signifie également que tout est lié, qu’il est inutile d’imaginer une stratégie électorale, quelle qu’elle soit, qui ne s’appuierait pas sur un projet attractif et différenciant (et largement diffusé)…le PS nous le démontre tous les jours !