Magazine Environnement
Lettre ouverte à Monsieur l’Ambassadeur en charge des négociations sur le climat
Publié le 04 septembre 2009 par Alternativechannel
Par Florent Baarsch
Monsieur l’Ambassadeur,
Au cas où vous ne vous rappelleriez pas de moi et du programme pour lequel je travaille, je suis Florent Baarsch, le « tracker » pour la France. Nous sommes rencontrés une première fois à Poznan, l’année dernière, puis cette année à Bonn au mois de juin.
Seul un membre de notre équipe était présent lors des dernières discussions de Bonn III. Cependant, nous serons présents à Bangkok, puis probablement à Barcelone et certainement à Copenhague. Nous pourrons ainsi continuer de vous « suivre » et à vous encourager à prendre des positions ambitieuses, équitables et courageuses pour le climat.
Je vous envoie ce courriel pour vous faire part d’un certain nombre de questions auxquelles j’espère vous ou vos collaborateurs pourrez répondre. Ces questions concernent notamment le mémorandum français, mais aussi le remaniement ministériel, ainsi que les récentes discussions de Bonn qui viennent juste de s’achever. Je me permets en effet de vous présenter ces interrogations car nos articles sont chaque jour de plus en plus lus, et de plus en plus de lecteurs sont curieux de vos positions qui portent parfois à interrogation.
Remaniement ministériel :
Suite au remaniement ministériel ayant suivi les élections européennes, Monsieur le Ministre d’État Jean-Louis Borloo est devenu officiellement en charge des négociations sur le climat. Cela signifie-t-il qu’il ne s’agit donc plus d’une compétence partagée entre le ministère des affaires étrangères et le MEEDDM (ex-MEEDDAT) ou bien alors rien n’a changé ? J’aimerais personnellement y voir un signe politique fort en préparation de Copenhague, montrant l’importance que revêt ce dossier pour la France, mais peut-être que je me trompe. Pourriez-vous m’en dire plus à ce sujet ?
Mémorandum :
Dans le mémorandum en date du 3 juin 2009, au paragraphe 7, il apparaît l’expression « sur une base autonome ». Cela se réfère directement à la mise en place d’un système permettant l’adaptation aux changements climatiques dans les pays en développement. Que cette autonomie signifie-t-elle donc ? Est-ce une remise en cause de l’aide technologique reconnue dans la convention ou bien de l’aide financière encore en discussion à l’heure actuelle ? Encore une fois, merci pour cet éclaircissement.
Déclaration d’Yvo de Boer lors de Bonn III :
Mardi dernier, Monsieur Yvo de Boer a déclaré que les pays de l’Annexe I étaient en train de se retrouver autour d’un objectif commun de réduction compris entre 15 et 21% pour 2020 (sur la base de l’année 1990). Au-delà du fait que ce soit trop peu au regard des informations offertes par le GIEC, il est inquiétant de constater que la France et également l’Union Européenne ont cessé de faire entendre leurs voix. En effet, l’Union Européenne au paragraphe 5 de la décision du Conseil des Ministres de l’environnement du 2 mars 2009 affirme la nécessité d’une réduction de 30% des émissions dans le cadre d’un accord international ; l’engagement est repris au paragraphe 17 du mémorandum français. Encore une fois, pourriez-vous apporter plus d’informations sur ce point ?
2°C :
Au second point du mémorandum est présenté un objectif ambitieux et nécessaire. Cet objectif de limiter le réchauffement climatique sous une barre de 2°C par rapport à la période pré-industrielle apparaît plus qu’urgent au regard des observations du GIEC. Cependant, toujours en référence à ces mêmes observations du GIEC, pour éviter que le réchauffement global ne soit supérieur à 2°C, il est conseillé de réduire les émissions anthropiques entre 25 et 40% par rapport à 1990 en 2020, et entre 50 et 85% en 2050. La question qui se pose donc est de savoir comment nous pourrons atteindre un tel objectif eu égard aux objectifs d’une part présentés dans le mémorandum mais également aux objectifs à l’heure actuelle en balance dans les négociations. Que pouvez-vous me dire sur ce point, et comment la France compte-t-elle inciter les autres pays de l’Annexe I à devenir plus ambitieux ?
Pour conclure ce message, je voudrais vous faire part d’un souhait que beaucoup de jeunes, d’ONG, et de citoyens partagent. Afin de donner à la conférence de Copenhague l’importance qu’elle revêt dans l’Histoire de l’Humanité, nous sommes de plus en plus nombreux à attendre la venue des différents chefs d’États et de gouvernements du Monde entier au mois de décembre au Danemark. Au mois de décembre 2008, le président de la République, Monsieur Nicolas Sarkozy avait permis à ce qu’un accord soit dégagé dans le cadre du paquet climat énergie. Pourrons-nous encore une fois compter sur la présence présidentielle ?
Veuillez Monsieur l’Ambassadeur en charge des négociations sur le climat recevoir l’expression de mes plus solidaires et durables salutations.
Florent Baarsch,
French Tracker
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La campagne «Adopt a negotiator» est un projet de la GCCA - Global Call for Climate Action.
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