Comme tous les mois, voilà quelques jours déjà que la playlist de septembre est online sur la sidebar du site… Mais au delà d’un simple amas de sons, il s’agit là de la sélection, évidemment de bon goût, de Jekyll et Hyde parmi les sorties du mois d’août ! Une compilation qui revient donc sur ce que vous auriez pu manquer au cours du mois précédent… Et pour vous aider à y voir plus clair au milieu de tout ces sons, voilà la review de chacun des albums / ep sur lesquels figurent les tracks :
Fang Yuan – The Look
Flow Recipe
Véritable « who the fuck are those guys » du mois, le E.P « The look » de Fang Yuan, groupe grec inconnu au bataillon. Il existe peu d’informations sur qui se cache derrière ce nom, si ce n’est leur générosité. En effet, l’ensemble de leur discographie est accessible en téléchargement gratuit depuis leur Myspace, RIEN QUE CA !
Pour en revenir au E.P, disons simplement qu’il s’articule autour d’une structure dub/breakbeat s’élargissant d’un morceau à l’autre vers diverses dimensions. Celle d’un Hiphop psyché, aux BPM dopés, comme sur « Flow Recipe », à celle d’un groove délicat et nostalgique avec les morceaux « bland practise » ou « don’t want nobody ». Au total huit tracks qui s’enchaînent à merveille, et ne sont pas sans me rappeler un certain « Since i left you » des Avalanches, un brin plus électro…
Bref inutile que j’en dise plus, téléchargez-le ! ICI
Myspace
Dorian concept – Trilingual Dance Sexperience
Trilingual Dance Sexperience
On continue notre tour d’horizon des talents venus de l’Est avec cette fois-ci Dorian Concept, l’autrichien ayant débarqué de nulle part, pour finalement se retrouver partout… En effet, après avoir squatté les ondes de la BBC lors de nombreux Radio One Experimental depuis décembre, les platines de la clique Brainfeeder, Mark Pritchard, Hud Mo’, n co’, en passant par un passage remarqué au Sonar 2009, voilà qu’il nous offre cet E.P constitué de LA bombe trilingual dance sexpérience, décrit sur le catalogue boomkat comme, je cite « it sounds like Shed jamming with Rustie and Squarepusher on Crystal Meth » !
Rien à redire, c’est furieux, c’est un condensé de dix ans de Techno, de Hiphop, et de tout et n’importe quoi qui t’explose à la gueule, une véritable bombe à retardement qui, si bien introduite, fera craquer n’importe quel club !
Il ne reste plus qu’à savoir comment tout cela va évoluer, en espérant que cette nouvelle vibes sache se renouveler, et ne finisse pas à la corbeille dans un an ou deux… En attendant la suite avec impatience !
Non+Hermut Lobby – Hunter
Panic On Funkatron
Vous vous doutiez bien qu’avec une telle cover, et un tel son expérimental, sorte de croisement inter-espèces entre une carcasse de Megadrive et le cerveau de Qbert, qui aurait été réalisée clandestinement dans le sous-sol d’une salle d’arcade à Tokyo… Ceci ne pouvait être qu’une sortie destinée au public nippon. Cependant, la magie d’internet veut que le buzz ait dépassé les frontières et que cet hybride sorti tout droit du cerveau torturé de Non(Genetics), beat makers/mc dans Shadowhuntaz, associé au frénétique belge Herrmutt Lobby se retrouve finalement dans nos assiettes sur différentes plateformes digitales.
L’album « Hunter » se compose de 13 tracks dont deux instrumentals only, « Panic on funkatron(playlisté) » et « Kiiroi Kon’bou » où Herrmutt laisse libre cours à une imagination décousue, breakbeat teinté de sample 8bit où s’entremêlent scratchs et rythmiques Hiphop minimales déstructurés. Bric à brac teinté d’un fat beat oppressant que l’on retrouve sur les titres « Magic Men », « Knock Knock » ou encore « Welcome to Hell » où Nongenetics peut s’en donner à cœur joie avec un rap destructeur. Un univers de guerrier galactique dans la lignée de Canibal Ox, ralentissement, montée, accélération du flow, on pourrait presque sentir l’odeur du tapis du studio Def Jux, tout juste sorti du pressing. Mais la mention spéciale va pour « Save that shit » qui nous propulse vers un dub intergalactique pour atteindre la mention Hybride total. On s’imaginerait presque avec Madprofessor propulsé dans un spoutnik russe en pleine dérive intersidérale, intense.
Un véritable dépoussiérage du genre qui plaira donc aux nostalgiques de WonderBoy kéblo sous LSD, sur fond de paranoïa collective. Attention cela continue en septembre avec un nouvel album de Shadowhuntaz ! Yummy !
Myspace
Joakim – Milky way
spiders
Passons d’un hybride à l’autre, avec Milky ways le nouvel album de Joakim tant attendu depuis Monsters and Silly en 2007. Trois ans ont donc passé depuis l’imparable « I wish you were gone », trois ans d’intenses activités et d’innombrables remix dont on retiendra, parmi tant d’autres, le « Pocket piano » pour Dj Mehdi ou encore le totalement pop, barré, généralissime « Music is the wine » pour Seventeen Green, repris de main de maître par Chloé pour clore son « Live at Robert Johnson »…
On entame donc cet album avec une légère excitation, accentué par la longue intro psyché de 8 minutes. Une montée en puissance intense, à grands coups de batterie où de longue nappes noise accompagnées de grosses semonces de guitare électrique nous cisaille l’esprit. Une entrée en matière qui déboule sur le morceau « Ad me », qu’on avait déjà eu l’occasion d’entendre sur la compilation « Hooked on ». Ca sent bon les années 80 dans une soirée échangiste avec Metronomy et en l’espace de quelques secondes je me sentirais presque sur la moto dans le générique de Chips ! Ferveur décuplée dès « Spider »(playlisté) où l’on se retrouve plongé dans une pop-house délirante, ou encore le disco/rock/new wave « love & romance & special persons », sans parler de « Medusa » qui n’est pas sans nous rappeler les vieux tubes pop anglais des années 90 lorsque l’acide coulait à flot sur Londres. Le tout agrémenté de redescentes tantôt insouciantes comme « Glossy Paper », tantôt mélancoliques avec le psychédélique « King kong is dead » où Joakim prend un malin plaisir à nous jeter au fond du trou avant de venir nous rattraper d’une main paternelle avec « Little girl » qui clôt l’album.
Milky Ways pourrait se comparer à une prise d’Aya Walska au Pérou où, à l’image du sorcier voodoo, Joakim contrôle notre trip au travers ces dix tracks qui s’écoutent du début à la fin. Sorte de guide spirituel dans un espace intemporel, où pop, psychédélisme, rock, disco, et new wave copulent ensemble pour donner naissance à un mutant fantasmagorique qui figurera sans nul doute dans les sorties marquantes de 2009 !
Website
Luke Vibert - We Hear You
Pretty Old Acid Music
A croire qu’avec le temps, les modifications génétiques commencent à faire office de banalité, et c’est donc avec aplomb qu’une des figures emblématiques des mutants supersoniques nous offre un énième album, We hear you, quatre mois seulement après Rythm. Sortie sur Planet Mu, on est de suite emballé par l’artwork loufoque qui n’est pas sans nous rappeler la patte tordue de Joel Trussel dans son clip « Mr wobbles ». Alors que ce cache t-il derrière cet amas de cactus à tête de chats qui semble bouncer collé-serré ?
Un Vibert funky, et inspiré, qui nous offre ce que son armée de fans attende de lui, de l’improbable. L’album commence sur les chapeaux de roues avec « Belief life » où se mélangent samples de M.O.P., flow jungle, et mélodies planantes, sorte de spacial Hiphop tout en finesse et parfaite introduction du groovy « we hear you », qui sent bon le fond du bac à vinyls d’un shop reculé de Louisiane. Idéal pour se faire mal aux genoux en tentant de retrouver les mouvements de popin que l’on savait faire à 10 ans. Coool ! On enchaîne direct avec « De-Pimp Act » jazzy, abstral, où la rencontre entre Sunn Ra et Public Enemy, pourquoi pas ?
Et puis tout d’un coup comme ça, hop nous voilà en plein milieu d’un champs boueux ou d’une spirale phosphorescente trônant au-dessus de Luke qui semble avoir fusionné avec les effet de ses machines… L’acid rave old school de « Hot stick » ou « Pretty old acid music » (playlisté) nous collent une grosse banane et feront plaisir aux nostalgiques du genre. Mais pas le temps de s’y habituer, à la manière d’un Ken Kesey, Vibert semble vouloir nous faire passer l’acid test afin de pouvoir se transcender et s’ouvrir la tête avant de passer à autre chose pas forcément compréhensible au premier abord. Nous revoilà donc parti vers de l’hybride avec le dubstep / électronica « Dive and lie Wrecked » dérivant vers le psychédélique lancinant et fascinant « computer complex » où la seule écoute doit pouvoir provoquer le même effet qu’une montée de Lexomil allongé sur un hamac en plein soleil… OUCH
Et puis c’est le grand nawak sur la fin passant du freestyle/house « House stabs » au Kraftwerkien torturé « Marvelous Music Machine » pour finir sur « Arrogance » à mi-chemin entre le générique de Hooker et la truite de Schubert…
Au final, un album pas tout de suite accessible, mais qui après plusieurs écoutes révèle toute sa finesse. Un charmant fouillis de 14 tracks qui risque cependant d’en rebuter plus d’un… Mais au final Mister Luke Vibert en a t-il quelque chose à foutre ?!
Myspace
Rustie - Zigzag
Zig-Zag ( Heinrich Mueller’s Mix )
Place maintenant au tout jeune écossais Rustie. Signé sur le label Wireblock (élu label du mois de juillet par Résident Advisor), cet EP intitulé « Bad Science » est déjà depuis pas mal de temps playlisté par la clique Planet Mu, Hyperdub, et même Busy P ou les Crookers, c’est dire à quel point sa sortie était attendue…
Le premier morceau « Tar », de l’expérimental à la game-boy, n’est pas mal mais manque de patate et ne nous convainc pas totalement, on attend même la fin avec impatience. S’en suit « Bad Science », qu’on a déjà pu entendre partout cet été, un classique du genre bien efficace même si j’ai du mal à imaginer ce son en club. Un véritable ovni musical qui plane entre savantes combinaisons de breaks très courts et montées synthétiques, cool. On continue avec « Shadow Hunter », combinaisons des deux tracks précédents.
Et puis… THE beast, si l’on peut dire. En effet avec Henrich Muller aka Japanese telecom aka Der Zyklus aka Gerald Donald qui s’attaque au remix de ZigZag, on tient là la valeur ajoutée de ce vinyle. Tête pensante de Dopplereffekt, et acolyte de Jackson Stinson dans le duo Drexciya, c’est une surprise de retrouver la présence de cette légende vivante sur un tel EP. Le résultat est à la hauteur des espérances, et l’on retrouve là une vibes à mi-chemin entre le dernier « Calabi yau space » de Dopplereffekt et un classique Japanese Telecom. Bref c’est un plaisir d’entendre ce son typique qu’est celui de ce véritable gourou technoïde (ceux qui l’ont déjà vu en live savent de quoi je veux parler), qui réussit finalement à dépasser le morceau original.
On enchaîne avec une autre reprise de ZigZag, qui nous emmène, dans vif brouhaha, vers la fin de ces cinq titres, qui nous laisse comme un léger goût amer…
On s’entendait certainement à mieux de la part de celui présenté comme « one of the most unique and thrilling next generation producers in the UK right now.». Enfin, il ne faut pas oublier qu’il n’a que 22 ans…
Myspace
Applescal - A Slaves Commitment
Ugly But Nasty
Dans la famille techno-psychédélique de geeks à tête de chevreuil hyper talentueux je demande le petit nouveau, Mr Applescal. Cet hollandais aurait vraiment tout pour faire partie de la non moins prestigieuse écurie de Sir Holden; Jeune, dandy, et adepte des sons évolutifs aux longues sonorités synthétiques qui ont fait la gloire du label Border Community !
Or, ce n’est pas le cas et, c’est sur Traum records que sort ce qui reste pour mois l’album du mois intitulé « A slave’s commitment » ! Douze tracks, dont un remix, qui ont tout pour plaire et nous rappellent immédiatement le génie de ses homologues Nathan Fake et Ricardo Tobar avec néanmoins une once de Board of Canada.
A slave’s commitment reprend donc une formule qui a fait ses preuves, où chaque morceau prend vie autour d’une structure rythmique basique à laquelle vient s’accumuler un véritable univers. Tantôt idyllique comme pour « the forms of abstract life » où l’on s’imagine un dimanche après midi allongé dans l’herbe à écouter les petit oiseaux, tantôt plus mélancolique comme pour « Nottingham Hobbits » qui nous donne envie d’arrêter toute action constructive pour aller se caler devant une série de TF1.
Les autres morceaux perdent de cette touche IDM pour s’orienter vers un clubbing mental à l’image de I can’t stand, ugly but nasty ou encore in the mirror où l’on se laisse aisément porter par les longues nappes brumeuses et autres mélodies hypnotiques.
A 21 ans à peine Applescal crée donc la surprise de cette rentrée en se positionnant comme un réel prétendant au trône, attention Sir Holden ça se bouscule au portillon !
Myspace
Et pour vous eviter un éventuel mal de crane, la suite des reviews sera publiée lundi prochain !