L'histoire
Aaron est un membre respecté de la communauté juive ultra-orthodoxe de Jérusalem. Marié à Rivka, il est le père dévoué de quatre enfants. Cette vie en apparence solide et structurée va être bouleversée le jour où Aaron rencontre Ezri. Emporté et ému par ce bel étudiant de 22 ans, il se détache tout doucement de sa famille et de la vie de la communauté. Bientôt la culpabilité et les pressions exercées par son entourage le rattrapent, le forçant à faire un choix...
Mon avis
Premier film du cinéaste israélien Haim Tabakman présenté à Cannes cette année à Un certain regard, il arrivait avec une bonne rumeur (dont il faut parfois se méfier !). Rumeur justifiée et même largement dépassée. Voilà un vrai petit bijou proche du chef d'œuvre. Rarement un film aura aussi bien montré le poids que peuvent avoir sur la vie des hommes la famille, les traditions, la communauté et surtout la religion. Que faire quand une rencontre, une passion ou simplement le vrai amour vous tombe dessus brusquement à un moment et dans des conditions qui ne s'y prêtent absolument pas ? C'est le dur combat auquel doit faire face Aaron. Marié, quatre enfants, très religieux, dans un milieu ultra-orthodoxe où le terme et la la notion même d'homosexualité n'existe pas. On met la pression sur celui par qui le mal arrive, on met en doute la qualité des produits vendus dans la boutique, mais jamais le mot homosexualité ou autre proche, n'est prononcé ou évoqué. Le scénario est une merveille de simplicité et de complexité à la fois. Ou comment faire passer quelque chose d'aussi simple qu'une passion amoureuse dans une situation ambiante aussi compliquée. La mise en scène est, elle, toute simple, sans esbroufe ni fioritures, elle s'efface devant les personnages, pour nous laisser suivre leur cheminement, sans jugement, tout simplement à côté et avec eux. D'entrée on se prend d'affection pour les deux protagonistes et on s'y attache en redoutant à chaque minute qui passe une inéluctable fin tragique, car elle ne peut être qu'ainsi. Les deux interprètes sont absolument parfaits. Ran Danker en jeune étudiant fougueux et Zohar Strauss en bon père de famille et son regard extraordinaire faisant passer tant de choses, incarnent à merveille ces deux hommes. Il nous font passer avec talent leurs joies et leurs peines et tous ces tiraillements qui les assaillent. Très beau travail d'interprétation de leur part et de direction d'acteur du metteur en scène.
Un film magnifique, bouleversant plaidoyer contre toutes les intolérances. C'est fait avec tact et intelligence, subtilité et simplicité. Troublante, désespérée et tragique, une très belle et impossible histoire d'amour comme on en voit peu. Un film sensible, à fleur de peau, qui reste gravé dans la tête longtemps encore après l'avoir vu... LE film à voir en ce moment... L'un des plus beaux de l'année.