Ce pourrait être un poisson d’avril mais le calendrier confirme le sérieux de l’information. Depuis l’arrestation d’Hannibal et d’Aline Kadhafi à Genève en juillet 2008 pour mauvais traitement sur leur personnel de maison, la Suisse et la Libye traversent une grave crise diplomatique. En représailles contre ce qui a été ressenti comme un crime de lèse-majesté, la Libye a multiplié les coups bas. Suspension des exportations de pétrole, fermeture des lignes aériennes, interdiction de sortie du territoire à l’égard de deux citoyens Suisses et dernièrement, demande officielle auprès de l’ONU du démantèlement de la Confédération.
Contre toute attente le pays de Guillaume Tell a fait plus qu’amende honorable pour n’être en fait qu’un Etat de droit où l’impunité des puissants n’a pas cours. Le 20 août dernier, le président de la Confédération Hans-Rudolf Merz s’est couvert la tête de cendres lors d’un voyage éclair à Tripoli : “J‘exprime mes excuses au peuple libyen pour l’arrestation injuste de diplomates libyens par la police de Genève“. Un accord de sortie de crise en sept points a été paraphé incluant outre les excuses officielles de Berne la création d’un tribunal arbitral destiné à sanctionner les auteurs de l’incident initial.
Et puis pschitt. Les deux hommes d’affaires suisses, retenus depuis un an en Libye, ne sont toujours pas rentrés au pays. Kadhafi a au contraire fait monter les enchères exigeant désormais, le versement d’une caution de 500 000 €. Comme si on pouvait faire confiance à la parole de Tripoli …
Dernière humiliation à l’égard de nos voisins Helvètes, Kadhafi, a déclaré que la Libye déposerait une requête portant sur la dislocation de la Suisse devant l’assemblée générale de l’ONU qui débute le 15 septembre. Une pure provocation, totalement gratuite car juridiquement irrecevable mais qui témoigne de l’état d’esprit, et de la santé mentale, du guide Libyen.
Où sont les amis de la Suisse ? s’interroge à juste titre La Tribune de Genève. Pas l’UE dont le courage diplomatique est inversement proportionnel à ses intérêts commerciaux. Pas la France qui a goûté sa part de ridicule en 2007 avec l’épisode des infirmières Bulgares et la visite d’État folklorique de Kadhafi à Paris. Faute de soutiens étatiques la confédération chercherait à s’appuyer sur des personnalités internationales. Le nom de Kofi Annan, ancien secrétaire général des Nations Unies est avancé.
M. Kadhafi, le paria devenu roi comme le titre le site afrik.com, participera pour la première fois depuis son arrivée à la tête de l’Etat libyen à l’Assemblée annuelle de l’ONU en septembre. Il prononcera même un discours à la Tribune le 23 du même mois, juste après B. Obama.
Comble de malchance pour les Suisses, la Libye prend en effet, pour un an, la présidence tournante de l’assemblée générale de l’ONU. Et ça pour le quotidien Helvéte Le Temps, d’habitude trés tempéré ça ne passe pas : ” La Suisse ne vient qu’allonger la liste avilissante des pays contraints aux courbettes de vassaux devant le représentant de l’immense richesse du sous-sol libyen. Non, le fait inadmissible, c’est que ce despote ridicule, au visage bouffi par les drogues, sans légitimité démocratique puisque issu d’un coup d’Etat, cet irresponsable, méprisant depuis quarante ans les lois internationales les plus élémentaires, ce pourvoyeur de fonds aux organisations terroristes, oui, celui-là en personne, Mesdames et Messieurs, présidera l’Assemblée générale de l’ONU pour sa 64e session annuelle fin septembre à New York!“
La communauté internationale paye aujourd’hui au prix fort la nouvelle respectabilité internationale offerte au Guide de la Révolution en grande partie par Nicolas Sarkozy en 2007. A l’occasion des 40 ans de pouvoir de Kadhafi une cérémonie grandiose s’est tenue à Tripoli avec la présence de fanfares militaires de 17 pays, dont celle de la France.
Si par prudence les chefs d’Etat occidentaux avaient décliné l’invitation, Nicolas Sarkozy était représentée par son secrétaire d’État à la Coopération, Alain Joyandet. Tout un symbole.