Magazine Politique
Le parcours de l'ancien Premier Ministre sera exemplaire des conditions de compétition désormais possibles face à la machine de guerre électorale que se veut l'UMP. Mais le choix d'organisation de campagnes électorales retenu par l'UMP est-il encore d'actualité ?
Fin novembre 2008, pour expliquer la défaite du parti républicain, des commentateurs rejetaient les explications sur Bush, McCain et concluaient :"leurs méthodes étaient trop âgées ...".
Le choc sera peut-être désormais entre les campagnes centralisées et les campagnes "déléguées".
Le parti pris de Barack Obama a été celui d'une équipe centrale très légère à Chicago qui a ouvert des espaces aux actions déléguées sur les terrains.
L'équipe d'état major localisée à Chicago a dissocié les tâches stratégiques gérées par elle et les tâches déléguées laissées aux équipes locales. Cette logique d'organisation a présenté de nombreux avantages dont la capacité pour l'équipe stratégique de ne pas être submergée dans la dernière ligne droite mais aussi l'émulation qui en résulte au niveau des terrains.
Sous cet angle, c'est en effet une nouvelle logique d'organisation de campagne. C'est la différence entre la campagne des militants et celle des citoyens.
Une campagne militante porte la parole qui descend de "haut en bas".
Une campagne citoyenne expose la parole qui doit monter "de bas en haut".
Cette seule frontière expose toute la différence.
La France n'a pas encore connu de campagne de ce type. Désirs d'avenir a été une logique initiatrice mais n'a pas assez exploré toutes les pistes locales.
La campagne citoyenne demande un talent d'adaptation, d'acceptation des éventuelles erreurs. Elle se veut une pépinière d'initiatives en assumant pleinement les forces et les faiblesses d'une telle logique.
La démocratie française est-elle prête pour ce nouvel âge de la vie électorale ? Ce qui est sûr, c'est que l'UMP prend actuellement tellement d'avance dans son organisation centralisée que les concurrents n'auront bientôt plus le choix : ils seront contraints de tenter le débordement par d'autres méthodes.
Si cette "campagne citoyenne" faite d'une foule d'initiatives locales quasi-autonomes devient le symbole de la réappropriation de la vie publique par les citoyens comme les primaires sont devenues le symbole de la modernité des partis politiques, il n'est pas sûr que l'appareil le plus performant soit alors le plus efficace ...
Bien davantage, cette image d'efficacité implacable centralisée pourrait même devenir un maillon très faible si l'opinion aspire à la reconnaissance de l'épanouissement individuel et à sa protection contre des pouvoirs à la volonté trop dominante ?