Pendant que les théoriciens s’affrontent à coup de chiffres dans les médias pour savoir qui aura raison - “Le pire est passé” VS “risque de rechute” - la rentrée s’annonce rude pour beaucoup de monde au niveau du planché des vaches.
Dans les faits et même si les journaux télévisés en parlent moins (parce qu’ils préfèrent nous faire flipper avec la grippe A ?), notons que bon nombre de grandes et moyennes entreprises ont mis une cale sous la porte de sortie, maintenue grande ouverte, pour faire le ménage subir contre leur plein gré plans sociaux et autres licenciements. Des petites et très petites sociétés en difficulté, elles, dépourvues de joker, ont tout simplement mis la clé sous la porte.
Pourtant aujourd’hui, nous lisons et entendons des chiffres qui laissent un peu pantois …et il y a cette petite voix intérieure qui nous dit qu’il s’est passé et qu’il continue de se passer un truc que l’on a pas bien saisi. Et ça picote, ça picote ….
Sans doute le gravier !
J’ai lu ce matin un article dans Courrier international (et qui m’inspire cet article), révélant que la productivité des entreprises américaines a bondi de 6,3% sur l’année 2009, alors que la moyenne annuelle entre 2000 et 2008 (donc hors période de crise) n’était que de 2,6%.
Eh, eh ! La suite, vous l’imaginez aisément, parce qu’ici, ça fonctionne sur le même calque : Ceux-là même qui ont licencié en masse ont une productivité égale ou supérieure avec moins de main d’œuvre. Des gains plus élevés avec moins de charges salariales en somme.
Ce qui est drôle, c’est que chez nous, le fameux “travailler plus pour gagner plus” est tout nouveau, alors on se rend pas bien compte au quotidien du fruit de ces ingrédients réunis :
Ces boîtes qui licencient peuvent faire travailler plus et donc mieux payer ceux qui ont encore la chance d’être salarié : attention à tes fesses et au gravier camarade (beurk !!).
Alors sur ces bases, pouvons-nous craindre de nouvelles normes en termes de chiffres du chômage ? Assurément oui, puisqu’on s’y rapproche un peu partout dans les pays dits industrialisés.
Bien sûr, la plus petite dizaine sera la norme, et tant que certains pays offriront des conditions d’exploitation plus “avancées” que les nôtres, il va falloir s’y faire. Bon.
Mais ce n’est pas tout : les états fondent beaucoup d’espoir sur votre capacité à abandonner le combat et vous suicider statistiquement parlant (en clair, si vous pouviez renoncer à chercher un travail …2012 approche).
En version courte, oui, il y aura moins de travail qu’avant. Mais reste-t-il alors une alternative pour gagner sa vie ? Quand est-ce que ça va repartir ?
Bon, je l’admets, je ne suis personne, mais encore une fois, je reviens sur un sujet qui me fait tourner la cafetière (Êtes-vous Capital social risqueur ? et La crise : Fin d’un mode de vie !).
Ce ne sont pas les travailleurs qui ligotent leurs patrons, ni les syndicalistes, ni les sans emploi qui vont faire bouger l’équation. Impossible, trop d’affect. Non, tout se passe dans un cadre plus vaste : Le marché.
De moins en moins de personnes vont pouvoir vivre au dessus de leurs moyens et c’est tant mieux. Cela peut avoir un effet positif : Augmenter l’épargne et diminuer la consommation abrutie.
- “Oui, mais oh, et tes 10% de chômage là, t’en fais quoi ?”
- “D’accord, je reprends …”
Salarié ou non, on est tous des consommateurs. Et un consommateur c’est un client, n’est-il pas ? Et ce statut là peut ramener un semblant d’équilibre parmi les forces en présence.
Il ne faut pas laisser croire aux entreprises dont on parle ici qu’elles peuvent faire de nous ce qu’elle veulent et en cette période de crise, elles devraient surveiller leur “branding” (image de marque) :
Chaque boîte essaye de surmonter la tempête à coup de réduction de tout, y compris de ses salariés et quelques uns de ses fournisseurs ou sous traitants. Limitées à de telles décisions, celles-ci peuvent fausser la qualité de leurs services et/ou produits et les conséquences à moyen ou long terme peuvent devenir fatales sur un marché concurrentiel.
Même si nous sommes toujours très cons et tendres consommateurs, nous arrivons à être mieux informés et plus exigeants, en parti depuis Internet.
Et à un moment donné, les entreprises doivent penser à l’innovation et la création de valeur (on y est presque, encore un petit effort :).
Aujourd’hui, on nous dit que demain on pourra s’endetter pour une voiture 100% électrique. Super ! Vous savez combien coûtera une Kangoo pas belle sans allume cigare ? Non ? Renseignez-vous et prenez une boîte de Kleenex … et merci le vieux modèle économique qui croit qu’il va s’en sortir comme ça en sortant l’addition !
Oui, jusqu’à maintenant, ce sont les sociétés qui décident quels sont les produits à offrir et le consommateur a été est relégué à un simple réservoir à pognon. Ca va durer pour sûr. Mais quand-même … On ne peut se plaindre des difficultés sans agir ! Et certaines vont ou commencent à changer d’attitude.
Les entreprises devraient, en dépit des servitudes imposées par leurs objectifs de rentabilité, savoir le risque de rester fidèle à leur propre style. Les actions et les opinions des clients sur l’idée perçue de ce qu’elles sont et ce qu’elles veulent être devrait contraindre beaucoup d’entre elles à revoir certaines choses. Et cela existe, surtout dans le monde des nouvelles technologies (Start-Up):
Prenez par exemple le métier de Community manager, vous croyez que ce n’est pas dans l’air du temps ? Animateur de communauté, ça veut tout dire ! Vous connaissez pas ? Je vous conseille alors de vous rendre sur le site de Fadhila Brahimi, le personal branding, c’est son truc et elle maîtrise le sujet bien mieux que moi.
Revenons à nos moutons : En cette période de récession, les premiers leviers d’investissement servent à prendre l’avantage sur les concurrents (voir La reprise en correspondance) et ce stratagème est vieux comme une partie d’échec.
D’ailleurs, la partie en cours est à suivre, car quand les Goliaths auront fini de bouffer les Davids (et oui, dans ce monde là, c’est le monstre qui tue le petit), on retournera à des investissements sur les ressources et les efforts, ce qui, directement, créera des emplois.
Oui, mais quand ? Ici, sur Toulouse et d’après ma veille, le marché de l’emploi va être très calme jusqu’au moins le premier trimestre 2010. Mais ce n’est pas pour autant que vous ne trouverez pas un poste d’ici là. Par contre, mieux vaut stopper les copiés collés et autres lettres types. Adoptez l’attitude “je suis un professionnel dans tel secteur” …donc comportez-vous comme un professionnel à la recherche d’un cadre plutôt que “JH motivé, sérieux, cherche emploi”.
Cette vision très macro est pour moi une nouvelle tentative de convaincre la majorité d’entre vous à également changer pour faire parti du prochain wagon des embauchés 3.0
Vous savez, même après avoir écrit tout ces mots, je sais que les employeurs, en majorité, ne sont pas fous : Ils savent très bien, en partie parce qu’ils vous payent pas bien cher et que les valeurs individuelles changent ou évoluent, que beaucoup de salariés viennent juste chercher un salaire et un minimum de socialisation. Et dans l’entreprise de demain, c’est un problème.
Dans les 6 prochains mois, vous entendrez à nouveau parler de la modernisation du marché du travail et je croise les doigts pour qu’on entende pour de bon le terme de responsabilité sociale au sein des débats …Alors de nouveaux signaux vous seront lancés par les entreprises qui recommenceront à embaucher, mais sous certaines conditions. A vous de les découvrir ! Bon, ok, je vous aiderais un peu, mais essayez …
Êtes-vous prêt à cela ? au courant ? au moins sensible ?