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Images & littérature

Par Thibault Malfoy

Décrire, c'est substituer à l'appréhension instantanée de la rétine une séquence associative d'images déroulée dans le temps.

Julien Gracq, en lisant en écrivant, José Corti, p.14.


Écrire, c'est dire le monde. Le monde comme réalité sensible, prête à être saisie dans un rapport empathique entre observé et observateur. Réalité sensible, tout à la fois dévoilée et interprétée, questionnée.

Sensible invoque immanquablement la photographie qui, autant qu'un autre, est un art du dévoilement, révélateur. On sait comment la photographie permit à la peinture, avec l'apparition des premiers modèles portatifs et l'usage de l'instantané aux alentours de la révolution impressionniste, de s'abstraire des taches utilitaires qui lui étaient jusque lors dévolues (portraits, événements et édifices officiels, etc. : fixer pour la postérité les souvenirs périssables de l'humanité) et d'ainsi explorer d'autres sujets, d'autres formes de représentation, amorce de l'art moderne.

Cette obsolescence qui a frappé une certaine forme de peinture, la littérature n'en a-t-elle pas été affectée ? Dans les kaléidoscopes d'images que constituent nos vies, n'y a-t-il pas une certaine lassitude à vouloir opérer la nécessaire transmutation de l'image en mots, dont l'originalité dans leurs ajustements est garante de leur pouvoir évocateur et de leur persistance rétinienne ? La littérature a-t-elle abdiqué devant la suprématie des clichés (à prendre dans tous les sens du terme) ? Des questions sans doute déjà posées, déjà débattues, mais qu'on se pose néanmoins, ne serait-ce que pour savoir où l'on va.

(Photo : C. W. Marsens.)


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