Contre les séismes financiers, les gros à la découpe !

Publié le 03 septembre 2009 par Nicolas007bis



Angela Merkel et Nicolas Sarkozy ont envoyés hier une lettre commune au président en exercice de l'Union européenne, le suédois Fredrik Reinfeldt. Gordon Brown s’est joint à eux en envoyant, ce jour, une lettre similaire.

Cette lettre est importante car elle doit servir de "base" aux discussions du Conseil européen extraordinaire du 17 septembre à Bruxelles, préparatoire au sommet du G20 à Pittsburgh les 24 et 25 septembre.

Au premier abord, cette lettre de 4 petites pages est décevante, on en attendait au moins 100 fois plus, compte tenu du sujet traité, rien de moins que « l’architecture d’un cadre de régulation internationale pour le secteur financier afin qu’il soit au service de l’investissement et de la croissance. » !

Et effectivement une douzaine de grands principes y sont rapidement évoqués, allant des règles de rémunération dans le secteur financier (l’encadrement des bonus) jusqu’à la réforme de la « gouvernance et de la représentation au FMI » en passant par les normes comptables, mais sans qu’aucune mesure concrète ne soit proposée.

Même si on peut comprendre que Sarkozy et Merkel se soit limités à fixer une feuille de route « politique » laissant ensuite le soin aux experts de proposer les moyens pour la mettre en œuvre, on ne peut s’empêcher de se dire que tout reste à faire et qu’à partir de telles orientations, pour peu qu’elles soient acceptées par les autres membres du G20, on peut aboutir à des résultats extrêmement différents selon les mesures d’exécution qui seront adoptées.

Malgré tout, le fait que l’Allemagne, le Royaume-Unis et la France soient d’accord sur ces principes est déjà, en soi, une excellente nouvelle.

Lorsqu’ils évoquent cette lettre, les médias font leurs choux gras de l’encadrement des bonus, or parmi toutes les sujets abordés c’est probablement le plus facilement compréhensible et le plus populaire, mais certainement pas le plus important à mon sens.

En effet, au milieu des propositions intéressantes mais sans trop de surprises, il y en a une qui aurait méritée beaucoup plus d’attention. C’est la première fois, à ma connaissance, que des politiques de haut rang l’évoquent de manière aussi nette sinon aussi « brutale ».

Le paragraphe le voilà :

« Le G20 doit traiter le problème de l’aléa moral créé par les institutions financières de nature systémique. Les ministres des finances devront examiner les moyens de renforcer les obligations de supervision pour ces institutions afin de refléter le niveau de risque systémique qu’elles font peser sur le secteur financier et comment ces institutions peuvent être démantelées si nécessaire sans perturber le secteur financier dans son ensemble. »

Pour la première fois, est exprimée clairement la possibilité de démanteler une institution financière qui présenterait un risque systémique trop important !...c’est le fameux « too big to fail » (trop gros pour qu'on les laissent tomber) qui est en ligne de mire. Or c’est un point essentiel car, en l’état, les banques internationales savent qu’elles sont trop grosses pour ne pas être sauvées par les Etats en cas de coup dur, ce qui les met évidemment en position de force, position dont elles n’ont déjà pas hésité à abuser (cf. Goldman Sachs, Citi Group, Bank of America voire la BNP).

Certes d’autres moyens sont évoqués ici et là sinon pour brider ou du moins sécuriser l’activité des gros établissements afin d’éviter de se retrouver dans une situation critique, mais faire peser sur ces mastodontes, suffisants et imbus d’eux même, l’épée de Damoclès d’un démantèlement et un excellent moyen de les forcer à s’auto-contrôler un peu mieux.

Bien évidemment, cette proposition demande à être précisée notamment pour définir dans quelles conditions une telle décision délicate, pourrait-être prise, sachant que pour être totalement efficace cette menace doit être crédible. Il sera intéressant d’en suivre les prolongements post G20 …s’il y en a !