Hernie discale : qu'est-ce que c'est?
Le terme hernie est utilisé pour décrire une multitude d'affections caractérisées par la saillie d'un organe ou d'une partie d'organe hors de son site normal : hernie à l'aine, hernie ombilicale, etc. Dans cette fiche, il est question de la hernie discale, c'est-à-dire de la saillie d'une portion d'un disque intervertébral.
Une hernie discale peut survenir si les pressions qui agissent sur le disque intervertébral sont trop élevées. Elle peut aussi apparaître en raison de l'âge et de l'usure, ou si le dos est sollicité constamment par des mouvements répétitifs.
Bien que la hernie discale puisse toucher n'importe quelle région de la colonne vertébrale, près de 95 % des hernies discales surviennent au bas du dos. Dans ces cas, la hernie peut alors provoquer des douleurs dans la région lombaire : une lombalgie. Si la hernie comprime l'une des racines du nerf sciatique, elle peut s'accompagner de douleurs le long d'une jambe : c'est la sciatique.
Qui est touché?
La hernie discale touche surtout les individus âgés de 35 ans à 55 ans. Les hommes sont plus nombreux à souffrir d'une hernie discale que les femmes, étant donné qu'ils sollicitent davantage leur force physique à travers leur métier ou le sport. Il est difficile d'évaluer la prévalence de la hernie discale puisque certaines passent inaperçues. Les données actuelles permettent de croire qu'une personne sur 50 en est atteinte un jour ou l'autre.
Causes
- La dégénérescence des disques intervertébraux avec l'âge. Avec l'âge, la colonne vertébrale perd de sa tonicité, de son élasticité et de sa hauteur.
- Une action brusque dans une mauvaise posture, comme soulever une lourde charge en position de torsion du tronc.
- Le surplus de poids et la grossesse, qui augmentent les tensions sur la colonne vertébrale.
- Une prédisposition héréditaire : plusieurs membres d'une famille sont parfois atteints. Les personnes prédisposées ont tendance à souffrir d'une hernie discale plus précocement, parfois même avant l'âge adulte. Les anomalies génétiques entraîneraient une faiblesse des structures qui composent la colonne vertébrale.
Comment se forme une hernie discale
Entre chacune des 24 vertèbres de la colonne vertébrale se trouve un disque intervertébral qui assure le rôle d'amortisseur de chocs et donne sa souplesse à la colonne. Il est formé en périphérie d'une structure fibreuse et solide qui contient un noyau gélatineux. L'anneau fibreux, qui a pour rôle de retenir le noyau gélatineux à l'intérieur du disque vertébral, s'assèche, se fissure et se rompt. Cela entraîne la sortie du noyau gélatineux (voir le schéma). Si la fuite vient comprimer une racine nerveuse, la douleur se fait alors sentir sur le trajet du nerf atteint. Certaines hernies discales passent inaperçues, car elles ne touchent pas les nerfs. Enfin, il arrive que la hernie comprime la moelle épinière, mais cela survient plus rarement.
Évolution
Généralement, les hernies guérissent en l'espace de six semaines, avec de bons soins et quelques précautions.
Néanmoins, si la hernie est associée à une grande faiblesse ou à une paralysie des bras ou des jambes ou encore à des problèmes d'incontinence ou de rétention intestinale ou urinaire, celle-ci nécessite une intervention médicale urgente.
Symptômes de la hernie discale
Grâce aux tests d'imagerie médicale, on sait maintenant que deux personnes qui ont un problème de hernie identique n'auront pas nécessairement les mêmes symptômes. Pour certaines personnes, la hernie passe inaperçue, tandis que pour d'autres elle est terriblement douloureuse.
- Hernie discale située au bas du dos : des douleurs lombaires (lombalgie) accompagnées ou pas d'une douleur dans la jambe le long du nerf sciatique (névralgie sciatique).
- Hernie discale située au cou : une raideur et des douleurs au cou. La douleur s'étend parfois aux épaules ou aux bras. Des fourmillements, des engourdissements ou une sensation de faiblesse peuvent être ressentis dans le bras et l'avant-bras.
- La douleur a tendance à s'exacerber dès qu'on sollicite les muscles du dos : lorsqu'on se penche vers l'avant, qu'on éternue ou qu'on déploie un effort. La douleur s'accentue également en position assise prolongée, en position debout ou couché sur le ventre.
Personnes à risque
- Les personnes qui pratiquent des métiers ou des sports exigeants physiquement.
- Les femmes enceintes.
- Les personnes dont un proche parent souffre de hernie discale.
Facteurs de risque
- Négliger son dos : mauvaises postures, manque de musculature, mouvements risqués, etc.
Mesures préventives de base
Voici quelques conseils de base pour avoir un dos en santé. On réduit ainsi le risque de hernie discale ainsi que le risque de récidive.
Un mode de vie sain
- Faire régulièrement de l’exercice et s’échauffer avant de commencer.
- Exercer la musculature du tronc. Faire travailler les abdominaux aide, mais d’autres types d’exercices sont nécessaires pour solliciter les muscles plus profonds qui soutiennent la colonne vertébrale. Demander l’aide d’un professionnel dûment formé (entraîneur, physiothérapeute, kinésiologue). On risque sinon de se blesser.
- Maintenir un poids santé ou perdre du poids si l’on fait de l’embonpoint. Pour connaître votre indice de masse corporelle, faites notre test IMC.
- Se réserver des moments de détente.
Une bonne posture
- Rester conscient de sa posture en tout temps. Le dos est bien droit, le regard droit, les épaules vers l’arrière.
- Pour soulever un objet lourd, ne pas incliner le torse vers l'avant et éviter les mouvements de torsion. S’accroupir en fléchissant les genoux tout en maintenant le dos bien droit. Se relever en tenant l'objet près du corps.
- Pour pelleter la neige, garder le dos le plus droit possible. Pour ce faire, placer la main près de la plaque de métal et plier les genoux pour ramasser la neige. Se servir du genou comme levier lorsque la charge est lourde. Éviter les mouvements de torsion du dos lorsqu’on rejette la pelletée de neige.
Au travail
- Si l'on doit rester longtemps en position debout, se servir d'un tabouret bas sur lequel on posera les pieds à tour de rôle, en alternant toutes les cinq à dix minutes.
- Si l'on doit rester assis durant de longues heures au bureau ou au volant d'un véhicule, s’accorder des périodes de repos pour se dégourdir et s’étirer.
- Utiliser des chaises à dossier droit qui soutiennent le bas du dos.
- Ajuster la hauteur de la chaise ou poser les pieds sur un petit tabouret de telle sorte que les genoux soient un peu plus hauts que les hanches.
- Utiliser une chaise pivotante afin de minimiser les mouvements de torsion.
Pensez-y
- Privilégier les sacs à dos aux sacs à main, et utiliser les deux épaules pour porter le sac à dos.
- Pousser les objets lourds plutôt que de les tirer.
- Éviter de porter des chaussures à talons hauts (plus de 5 cm). Porter plutôt des chaussures bien ajustées, qui offrent un bon soutien.
Traitements médicaux de la hernie discale
Le traitement de la hernie discale comporte principalement une mise au repos, la renonciation aux comportements à risque pour le dos et la prise de médicaments pour soulager la douleur et réduire l’inflammation. Dans la majorité des cas, ces mesures sont suffisantes pour réduire les symptômes et guérir la hernie discale. La chirurgie est rarement nécessaire.
Reposer le dos
Le repos au lit peut être prescrit pour un jour ou deux maximum en phase de douleur aiguë. Il est cependant préférable de ne pas prolonger ce repos au-delà d’un ou deux jours et de reprendre ses activités dès que possible. L’inaction et l’immobilité peuvent causer l’atrophie et l’affaiblissement des muscles du dos et compromettre la mobilité normale des articulations de la colonne lombaire.
Les positions qui reposent le mieux la colonne lombaire sont les suivantes :
- couché sur le côté, genoux repliés, un oreiller sous la tête et un autre entre les genoux (les femmes enceintes peuvent ajouter un oreiller sous leur ventre);
- couché sur le dos, sans oreiller sous la tête, avec un ou plusieurs oreillers sous les genoux et une serviette roulée ou un petit coussin dans le creux du bas du dos.
Médicaments
Pour maîtriser la douleur temporairement et sur une courte période, on prend généralement des analgésiques (acétaminophène : Tylénol® ou acide acétylsalicylique : Aspirine®), des anti-inflammatoires (ibuprofène : Advil®, Motrin®, par exemple) ou des relaxants musculaires (Robaxacet®). Si la douleur est intense et tenace, le médecin pourra prescrire des antidouleurs plus efficaces. Des applications de glace à la colonne, près de la hernie, aident aussi à diminuer la douleur (mais non l’inflammation, logée trop profondément).
Note. Il est important que les femmes enceintes consultent leur médecin avant de prendre l’un ou l’autre de ces médicaments.
Médicaments par injection. Pour venir à bout des douleurs persistantes, des injections épidurales de corticostéroïdes ou d’analgésiques sont parfois prescrites. L’injection d’enzymes (la chymopapaïne) dans le disque intervertébral peut aussi être pratiquée. Les enzymes dégradent la portion du disque qui fait saillie et qui comprime le nerf, ce qui permet d’éviter la chirurgie. Par contre, les enzymes tendent à être moins utilisés, car ils peuvent provoquer des réactions allergiques importantes.
Physiothérapie
Une fois les symptômes atténués, le médecin pourra prescrire des séances de réadaptation afin d’accélérer la guérison complète. Il s’agit essentiellement d’exercices qui permettent d’améliorer la posture, de renforcer la musculature du dos et de l’abdomen et d’assouplir le corps.
Chirurgie
Les traitements chirurgicaux sont employés si les douleurs persistent et sont incommodantes, s’il y a une faiblesse musculaire persistante dans un bras, une jambe, un orteil, etc., ou en cas de symptômes plus graves.
La chirurgie permet d’éliminer la pression qu’exerce le disque intervertébral sur les racines nerveuses. Différentes techniques sont utilisées. La discectomie consiste à faire l’ablation complète ou en partie du disque intervertébral. Cette opération se pratique à travers une petite incision cutanée. Parfois, le chirurgien pratique en parallèle une laminectomie, c’est-à-dire une résection d'une partie de la vertèbre.
La chirurgie comporte certains risques : contracter une infection, subir une lésion à un nerf, avoir des cicatrices fibreuses ou créer un stress sur d’autres vertèbres.
L’opinion de notre médecin
On vous a diagnostiqué une hernie discale. Votre crise aiguë a été traitée selon les principes énoncés dans cette fiche. Vous vous êtes très probablement évité une chirurgie et vous en êtes heureux.
Cependant, le plus difficile est devant vous! Il vous faudra éviter la récidive. Pour ce faire, vous devrez probablement changer certaines habitudes de vie (perdre du poids, faire de l’exercice de façon soutenue et régulière, corriger vos mauvaises postures, etc.). Ces changements peuvent être très difficiles à réaliser, surtout si vous êtes sédentaire. Je suis certain que vous en êtes capable. À preuve, cherchez dans votre passé comment vous vous y êtes pris pour réussir à modifier d’autres aspects de votre vie. Trouvez les conditions gagnantes, cernez les obstacles, cherchez de l’aide. Abonnez-vous à un centre sportif, payez-vous un entraîneur privé compétent qui saura vous prescrire des exercices efficaces, appropriés à votre état. Vos douleurs au dos diminueront probablement (quelle libération!) et surtout, vous risquez moins d’avoir une récidive de hernie discale.
Si vous êtes déjà en forme, il serait peut-être indiqué d’apprendre à mieux vous servir de vos muscles et de vos mouvements. Il vous faudra aussi changer vos habitudes malsaines pour votre dos. Tentez de porter une attention régulière à votre dos afin que tout cela s’intègre à votre routine.
Bonne chance
Dr André Plante, M.D.
Bonne journée
Marie claude
ref: Passeport.sante.net