De Marie-Françoise, agrégée d’italien et professeur à la faculté de Grenoble (et ex collègue à Roche 42), ce commentaire sur l’orthographe:
L’orthographe a été mon cauchemar depuis l’école primaire ; du temps de cinq fautes =zéro, j’avais 10 en grammaire zéro en dictée, ce qui m’inspire une première remarque: certes ce n’est pas parce qu’on connaît les règles qu’on les applique toujours mais c’est plus aisé pour se corriger de connaître quelques règles de base.
Je crois qu’avant tout pour l’orthographe, il y a quelque chose qui est de l’ordre de l’angoisse: comment expliquer sinon qu’on voie mieux les fautes chez les autres que sur ses propres écrits, que l’on hésite comme c’est mon cas à chaque fois pour mettre un ou deux F à “différent” par exemple et qu’enfin le traitement de texte avec correction orthographique soulage et aide à mieux maîtriser l’orthographe (sur ce plan je suis d’accord avec FdC). Par chance pour moi cela ne m’a jamais gênée dans les études (mes profs se moquaient gentiment) même si cela m’a demandé énormément d’efforts et je comprends que cela bloque certaines personnes. Mon voisin ne veut pas me donner sa fabuleuse recette de lapin en gelée parce qu’il a peur de faire des fautes!
Cela dit, je ne crois pas qu’en l’état actuel une simplification de l’orthographe change grand chose parce que le problème de l’orthographe des élèves s’est considérablement aggravé. D’ailleurs dans les langues où cette simplification a été faite, il y a des siècles (italien ou espagnol), la dysorthographie existe aussi: problème de lecture , d’accent, de prononciation erronée par rapport à la langue standard etc..
Pour ma part , je verrais assez bien qu’on sanctionne moins ,voire pas du tout tout ce qui est de l’ordre de l’orthographe par exemple : doubles consonnes (tolèrent ou tollèrent); eau/ au en finale (journeaux/ journaux), h en initiale (habiter ou abiter) ou après T ((thèse ou tèse) voire F ou ph indifféremment (téléphoner ou téléfoner) sans compter les signes graphiques (comme les traits d’union en particulier) mais que l’on redonne une place de choix à l’enseignement de la grammaire (”traditionnelle”! et “logique”!) et donc au sens : une langue , c’est fait pour se comprendre on se comprend même si on écrit “cauchemard” ou “cochemar”, on ne se comprend plus si “ont aicris s’en gramèrent” variante de ce qu’on trouve maintenant dans des copies d’élèves même en fac où la confusion entre le pluriel du nom (s) et celui du verbe (ent) est devenu un classique comme les erreurs sur les finales d’infinitif (er) et de participe (é)… je ne parle même pas de l’accord de ces derniers!
Encore une chose: le fait pour des gens comme moi (et nous sommes nombreux dans ce cas) d’être sinon bilingues , du moins construits sur un plan linguistique sur deux langues peut expliquer quelques hésitations (p. e. :commencer/ cominciare; féminisme/ femminismo), mais sûrement pas tout; les déboires orthographiques vont au delà, j’en suis convaincue, de question d’origine ou de milieu social.
Continue Rosette , ton blog fait travailler quelques neurones et ça c’est toujours bon à prendre!
Avec toute mon amitié et probablement quelques fautes d’orthographe .
Marie Françoise