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Stade Français : c’est grave !

Publié le 03 septembre 2009 par Lben

Chronique du jeudi 3 septembre 2009

J’avais prévu de faire une chronique pour expliquer pourquoi le Stade Français n’avait pas résolu ses problèmes de la saison passé et les conséquences que cela allait avoir pour cette saison mais je ne pensais pas que j’aurai à la publier si vite ! 4ième match et déjà une défaite à domicile après celle face à Bayonne et surtout la sale impression d’avoir 15 individus sur le terrain mais pas d’équipe.

Le Stade Français n’a plus de collectif  !

L’impression la plus marquante de ce début de saison est que Paris est incapable de jouer en équipe. Que ce soit à Bayonne, contre Montpellier pendant plus d’une heure ou Montauban, les joueurs de la capitale donnent l’impression de jouer une partition très personnelle et de ne pas avoir de projet de jeu collectif. Ca ne se voit pas toujours de manière évidente par ce qu’il y a de la qualité dans l’effectif et que certains joueurs savent faire les bons choix collectivement par moment, mais ce groupe se cherche et semble manquer d’un guide capable de lui donner le cap à suivre.

Alors qu’il est bien tôt dans la saison pour tirer des conclusions sur le style de jeu d’une équipe, et ce d’autant plus qu’en jouant des matchs en pleine chaleur aoûtienne ou tous les 3 jours celles-ci ne peuvent s’exprimer de manière épanouie, il est quand même nécessaire de le faire pour les Parisiens. Et ce d’autant plus que le mal est profond puisqu’il date de la saison dernière !

Le problème de l’encadrement !

A la fin de la saison dernière, l’analyse faite par tout le monde et même Max Guazzini était qu’il y avait un problème dans l’encadrement de l’équipe. Que le trio composé de McKenzie, Landreau et Dominici n’était pas en phase, c’est le moins que l’on puisse dire, et que les discours totalement différents de chacun avait tendance à avoir détruit le plan de jeu initial, les joueurs étant incapable de comprendre vraiment ce qui leur était demandé de faire sur le terrain. Le président Parisien, d’une certaine manière, nous a expliqué qu’avec le départ de Fabrice Landreau et le repositionnement de Mc Kenzie au plus prés du terrain, tout allait  être solutionné. Et patatras, c’est le contraire qui se produit ! Alors que les entraîneurs Parisiens ne sont plus que 2, les joueurs semblent encore moins comprendre ce qui leur est demandé. Autant l’an dernier, on nous a expliqué que la méthode Australienne d’un côté, les débuts de Dominici dans le coaching et la fin d’un cycle pour Fabrice Landreau de l’autre, étaient les responsables des résultats décevants, autant cette année l’entente cordiale entre McKenzie et Dominici devait permettre à l’équipe, avec un effectif soi-disant plus équilibré, de retrouver son esprit conquérant. C’est raté ! C’est même pire que l’an dernier lorsque l’on voit l’état de la défense Parisienne face à Montauban.

L’analyse que je fais de la situation est que le discours d’Ewen McKenzie ne passe pas auprès des joueurs et que le lien avec Christophe Dominici ne se fait pas. L’entraineur Australien dont la méthode très anglo-saxonne à la base, c’est à dire s’appuyant beaucoup sur une analyse vidéo et statistique avec une grande latitude laissée aux joueurs dans leur manière de préparer la compétition, ne marche pas. Paris avait eu l’expérience malheureuse d’un entraîneur Australien avec John Conolly en 2001 et le même type d’approche s’était soldé plutôt par un échec.

Il ne faut pas oublier au Stade Français qu’il n’y a pas une structure de club fixe et solide qui soit rassurante pour les joueurs. Ceux-ci étant trimballé d’un lieu à un autre pour s’entraîner avec possibilité de changement de dernière minute selon les conditions météo, les conséquences psychologiques qui découlent d’une telle situation ne peuvent pas être neutres. C’est là où le rôle de l’encadrement se doit de compenser un univers plutôt déstabilisant pour les joueurs. L’entraîneur doit être capable de recréer, au moins par le discours et l’attitude, un cadre psychologique rassurant parce que structuré et au plus proche de l’équipe.  Si, par contre, l’encadrement n’est pas capable de compenser le manque de structure du club par une omniprésence physique et psychologique qui serve de cadre aux joueurs en étant à la fois rassurant dans le message et directif dans le mode de fonctionnement, ceux-ci se retrouvent avec l’impression d’être livré à eux-mêmes, ce qui peut être dangereux dans le sport de haut niveau et désastreux lorsque cela s’applique à un groupe d’une trentaine de joueurs. J’ai l’impression que c’est ce qui se passe au Stade Français depuis la saison dernière. Ewen McKenzie par son mode de fonctionnement plus accompagnateur – compagnon des joueurs que manager directif qui s’impose par sa personnalité et sa vision n’est pas l’entraîneur idéal pour un tel club. Christophe Dominici, à ses côtés, ne parait pas capable de combler ses manques et l’équipe, de fait, se retrouve sans fil conducteur. Le fait, là aussi, que le recrutement ne corresponde toujours pas à une cohérence sportive indéniable ne fait que compliquer les choses. Sans rentrer dans les détails à ce niveau-là, prenons quand même l’exemple de Pierre Rabadan qui était capitaine la saison dernière mais qui face à la concurrence en troisième ligne doit plutôt se soucier de ses propres intérêts que de fédérer un groupe et d’aider à l’intégration des différentes ethnies : français, italo-argentins, anglais, Sud-Africains,… Et je ne vous parle pas des talonneurs où ils sont 4 avec notamment Dimitri Szarzewski, Benjamin Keyser et Mathieu Blin 3 individus capables au départ de fédérer un groupe et de servir de relais aux entraîneurs.

Max à la croisée des chemins !

Max Guazzini va avoir des prochains mois difficiles à gérer. Non seulement tout ce qu’il n’a pas fait jusque-là : créer un centre d’entraînement, résoudre le problème de Stade pour les 5 prochaines années avant de parler des 10 années d’après, structurer le club administrativement et sportivement, développer les sources de revenu,… s’est accumulé comme autant de tâches d’autant plus urgentes que le retard vis à vis des autres clubs devient de plus en plus patent. Mais, en plus, le problème des résultats sportifs, que la défaite face à Montauban accélère, tombe au plus mauvais moment alors que le Stade Français n’est plus seul sur Paris et sa grande couronne et que le rival du Racing Métro semble plus solide aujourd’hui sur ses structures.

Que va faire Max ?!?  Pousser un grand coup de gueule ? Ca a certainement déjà été fait dans le vestiaire juste après le match. Bouder et ne plus parler aux joueurs pendant 72 heures ? C’est plutôt dans les habitudes de ce passionné émotionnellement transporté par chaque résultat de son équipe. Le problème, c’est que ce n’est pas d’émotion dont a besoin le président du Stade Français mais de réflexion. La saison, à peine engagée, est déjà mal embouchée.  Va t’il faire maintenant ce qu’il n’a pas été capable de faire à l’intersaison c’est à dire changer plus radicalement un encadrement qui n’a pas su donner satisfaction ? Difficile parce que licencier Ewen McKenzie aura des conséquences financières à un moment où le budget du Stade Français semble des plus serré et que, d’autre part, le lien est quasiment filial avec  Christophe Dominici. Pourtant il n’y a pas véritablement d’autre solution. La collaboration entre les joueurs et leurs entraîneurs ne fonctionne pas, même après seulement 4 matchs cela semble une évidence. Bien sûr, les joueurs vont réagir. Il y a suffisamment de qualités individuelles dans cette équipe pour qu’elle redresse la tête et soit capable de rendre une copie suffisamment correcte du côté de Biarritz et ensuite face à Castres pour que les apparences soient sauves et que Max s’évite à la fois une négociation financière  et un conflit pater filii des plus délicats. Mais un tel statu-quo voudrait dire sauver les apparences toute la saison avec des résultats en dents de scie. Comme la saison dernière, me direz-vous ! Oui, c’est vrai mais le problème c’est que cette année, la qualification Européenne est loin d’être assurée et qu’il y a un concurrent très direct en termes de zone de chalandise. Il n’y a qu’à voir le nombre de spectateurs à Jean Bouin pour la venue de Montpellier.

Max Guazzini a une décision très importante à prendre dans les jours qui viennent et, si je peux me permettre de lui donner un conseil, je laisserai de côté la dimension émotionnelle pour le faire car celle-ci aura des implications fortes sur les 2 prochaines saisons du Stade Français. Si ce n’est plus…


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