Dans le numéro de septembre de Philosophie Magazine (n°32), Raphaël Enthoven fait l'éloge de l'étrangeté et de la métaphore. "L'étrangeté naît d'une attention renouvelée par
l'oubli de soi et le sentiment paradoxal de se mêler au monde inhumain qui nous concerne sans nous regarder", écrit-il.
C'est là, très exactement défini, ce qui est le moteur même de mon écriture. Sa grande origine. L'expérience de l'étrangeté nous permet de demeurer dans l'élan de notre étonnement premier. Libéré
de ce fantasme de dévoilement omniscient, qui ne fait qu'entretenir des ego faussement intraitables, obsessionnels et... vides.
L'expérience de l'étrangeté constitue pour Enthoven une migration intérieure où l'homme, où l'esprit reprennent leur essentiel vagabondage. L'accès à un monde sans justification mais
pourtant nullement absurde.
Sur le plan du langage, l'instrument d'ouverture à l'étrange est la métaphore, bien sûr, ennemie jurée de toute rentrée romanesque ou presque ; car précisément elle s'inscrit en rupture avec
les petites histoires, les névro-fictions, le ressassement. Pour nous faire entendre l'inouï.