Et nous de choir, d’août en septembre, encore et toujours, chaque année, chassés de l’enclos où le destin attend, perché, où l’air se respire à la même température que l’eau se nage et où la pensée vit nue.
Comme mes pieds… Hâlés comme ceux d’une gitana, d’un vieux philosophe grec. Magnifiques dans des sandales d’août, au cuir durci par le soleil, affûtés par le vent de sel. Les ongles de marbre rose, la peau comme une écorce, des antiques, des pieds d’Arcadie… Mes pieds bientôt reclus en chaussures fermées, bleuis, mis au tombeau.
Dans les cœurs, dort un espoir encore mince, mais qui ne tardera plus longtemps à s’habituer, à y croire même, pour nous porter tout patiemment vers les lueurs sucrées de Noël. Plus loin, s’égaye déjà l’oiseau Tu-Tu du printemps, une joie sans logique blottie dans la gorge. Puis, au-delà, comme une idée vague dont l’horizon ne frémirait pas encore, nous accueille encore en vain la saison heureuse, la belle imbécile, où le cœur soudain s’ouvre tout grand, et attend de vivre enfin l’instant.
l’Anachroniqueuse