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Un roman français de Frédéric Beigbeder

Par Mango
Un roman français de Frédéric Beigbeder«J’aimerais qu’on lise ce livre comme si c’était le premier.»Un roman français de Frédéric Beigbeder

J’ai eu un vrai coup de cœur, très inattendu, pour ce livre. Je l’ai lu en quatre heures et maintenant je m’apprête à le relire. J’ai souligné un tas de passages qui me ramènent à mon propre passé ou qui me semblent d’une grande lucidité. J’ai avant tout apprécié l’impression de sincérité qui ressort de ce récit. Pourtant je suis loin d’être une inconditionnelle de l’auteur dont j’ai lu« 99 francs » et « Windows on the world », prix Interallié 2003. Je ne me sens ni attirée par sa célébrité ni freinée par le snobisme universitaire qui rejette en bloc tout succès grand public.

C’est avant tout l’histoire d’un héritage spirituel et familial, retrouvé et utilisé pour vaincre l’amnésie de l’auteur concernant ses années d’enfance et surtout pour devenir un véritable adulte, plus responsable. Tout a commencé le 28 janvier 2008, dans un commissariat parisien où il a passé des heures en garde à vue pour avoir été surpris en flagrant délit de consommation de cocaïne sur la voie publique. C’est l’aspect dont parlent le plus les journaux et qui me paraît le moins intéressant du livre.

J’ai surtout été sensible à l’histoire de transmission familiale : seul dans sa cellule, il retrouve les liens qui le remettent à sa juste place entre ses ancêtres morts pour la France et sa fille à laquelle, dans la dernière page, il apprend ce que lui enseigné son grand-père sur la plage basque de son enfance et qui demeure son seul magnifique souvenir d’enfance: faire des ricochets sur l’eau, pour « braver la pesanteur. Je vais te montrer, on peut marcher sur l’eau ! »

Les chapitres sont courts mais denses d’information. Les phrases sont remarquables d’efficacité, dignes d’un publicitaire ! Pas de lyrisme, pas de pathos mais le souci de la vérité, à la recherche de ses souvenirs d’où l’importance du frère, de la mère et du père, du divorce surtout qui serait la principale cause de cette curieuse amnésie !

« Je n’ai jamais écrit que les histoires d’un homme sans passé : les héros de mes livres sont les produits d’une époque d’immédiateté, paumés dans un présent déraciné – transparents habitants d’un monde où les émotions sont éphémères comme des papillons, où l’oubli protège de la douleur. »

Deux déclarations de l’auteur à Paris-Match :

« Ce qui m’intéresse le plus dans le roman contemporain c’est la démarcation entre fiction et non-fiction, cette zone floue entre le vrai et le faux. Tous les écrivains que j’aime jouent avec ce thème, de Truman Capote à Emmanuel Carrère. C’est plus dangereux d’écrire sa propre vie que de tout inventer. »

« L’écriture m’a permis de retrouver la mémoire. »

«On ne fait pas de bonne littérature avec de bons sentiments » disait Gide. Cela m’obsède, j’ai férocement peur de la mièvrerie. Je préfère la dérision, pour ne pas devenir complètement Paulo Coelho.»

Ce livre sera pour moi une des très bonnes surprises de la rentrée.

Un roman français de Frédéric Beigbeder (Grasset, 280 pages, août 2009)


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