C'est le réseau social sur lequel on doit avoir un profil. Mais en plus d'un côté pratique indéniable, Facebook présente des aspects puérils à la limite de l'insulte envers l'intelligence de ses utilisateurs.
Grâce aux réseaux sociaux du net, on peut parfois avoir de belles surprises, comme retrouver vingt ans après un ami d'enfance parti au loin à l'aube du CE2. Quand on s'inscrit sur Facebook, ce n'est donc pas sans espoir de voir notre quotidien illuminé de temps à autres par un coucou venu de loin ou de longtemps en arrière... ça, c'est ce que l'on nous fait miroiter.
La réalité est bien moins reluisante. Dès la création de notre profil, se pose un dilemme taille : quelle photo choisir pour nous représenter ? Elle doit être avantageuse, sans nous faire passer pour prétentieux. Viennent ensuite les renseignements personnels. Date de naissance : si on ne la met pas, c'est que notre âge nous pose un problème. Si on triche, ceux qui la connaissent vont le voir tout de suite. Pas moyen d'y échapper. Il faut assumer ses heures de vol avec dignité. Profession : si l'on saute de petits boulots en contrats d'intérim, je suggère d'opter pour l'humour teinté de mystère : aventurier, c'est parfait, vague et flatteur. Situation matrimoniale : non mais de quoi je me mêle ! Du calme, facebook a tout prévu. Il suffit de choisir "c'est compliqué", ça sous-entend qu'il se passe pleins de choses sur ce plan-là. Que ce soit le cas ou pas n'est pas la question. Après tout, on n'est pas responsable de ce que les autres peuvent déduire d'une information volontairement opaque.
Passé le calvaire du questionnaire, voilà que démarre la recherche effrénée d'amis. Pas question de ne pas en avoir une liste longue comme un rouleau de PQ. On est socialement épanoui, et il faut que cela se sache ! On envoie des demandes d'amis à tour de bras, à toutes les personnes que l'on connaît de près ou de loin. On a parlé une fois dans le train avec un gar pendant une heure ? On le recherche sur Facebook. Anciens camarades de classe, collègues de bureau, cousins, connaissances de connaissances, tout est bon pour remplir le vide infamant de notre liste de contacts.
Ce que l'on ne réalise qu'après, c'est que tous ces contacts n'ont de cesse de nous envoyer des tests en tous genres, à l'intérêt plus que discutable, tels que "Quelle Desperate Housewife êtes-vous ?" "Quel bonbon Haribo êtes-vous ?" ou encore mieux : "Etes-vous intelligent ?" Etre étiquetée "Bree Van De Kamp" ou "fraise Tagada" passe encore. Mais risquer d'être jugé "débile profond" par une série de six questions dont on a du mal à voir la pertinence, faut pas pousser. Mieux vaut ignorer l'invitation.
Ignorer, c'est une des super-possibilités de facebook. Imaginez : avec une de vos collègues, tout se passe bien. Un jour, à cours d'inspiration pour rechercher de nouveaux amis, vous tapez son nom, et vous la retrouvez. Vous lui envoyez une "demande d'amis" (il faut avouer qu'on a l'air fin !). Et là, le couperet de la triste vérité nous tombe sur le coin de la gueule : au bout d'un mois, toujours pas de nouvelles de la dame. Un rien suspicieux, on recherche parmi ses amis ceux qui sont aussi des nôtres. Et ça ne loupe pas : depuis une semaine, elle est amie avec l'un d'entre eux. Une seule explication : notre collègue souriante a ignoré notre demande, nous jugeant indigne d'avoir accès aux photos de ses vacances à la Réunion. Et voilà comment une collègue sympa se révèle être une belle pétasse ! Elle fait bonne figure, mais en réalité, elle peut pas nous piffer.
C'est une fenêtre ouverte sur notre vie privée, un site qui nous tient pour des gamins attardés, qui peut révéler des vérités pourtant meilleures à ne pas connaître. Bref, Facebook, c'est la plaie qui prend la suite de l'étude de Freud en terminale, aussi chiant, mais beaucoup plus con !