L'époque Michael Jackson, le son "Thriller" du début des 80's, la naissance du clip sur toutes les télés époque mittérandienne que regardent avec une avidité nouvelle les petites soeurs de nos copines d'alors... Coincé entre le noir et le blanc, tiraillé entre le funk plein de ferveur estampillé années 70 et l'esthétique saumâtre des cimetières dont nous ne sommes toujours pas sortis (vampires, revenants, serial killers...), déchiré entre la liberté woodstock-bohème et le cynisme de l'hydre reagano-thatchérienne, Michael Jackson envoie son cri. Chevauchant des asphaltes nocturnes, en apesanteur dans le vide naissant de la société ultra-conservatrice qui s'annonce. Rock corde au cou, version pop des bourgeois de Calais, prêt à passer avec arme et bagage dans le camp de la world compagnie et de la musique de fond. Emancipation sida. Rêverie chômage. Jusque dans les travées cliniques de nos supermarchés, là où avachis on pousse mollement nos caddies de consommateurs, il vient nous suriner le tempo de nos désertions, le pop-rock, et toutes les trahisons où nous le vîmes, moi et quelques autres qui passaient par là, complètement se perdre. Michael Jackson en fossoyeur involontaire, échangeant notre antique liberté contre des monstres, artiste de ce lent basculement vers la zone grise de nos renoncements collectifs.