Alors que le débat fait rage sur ce blog entre les tenants d’un bleu pas du tout lagon des mers du sud et les combattants du vert pas flashy, la vie politique continue sa route chaotique avec ce petit grain de folie qui laisse présager de moments inoubliables. Le carrosse de la République, emmenée par un cocher épileptique cocaïnomane qui passe son temps à fouetter les chevaux, tressaute sur le sentier de la servitude en perdant à chaque seconde le peu de dorures qui lui restait…
On pourrait s’imaginer que, devant ce constat, le moment soit le bon pour se creuser les méninges pour imaginer d’autres solutions ?
Après tout, nos politiques en sont tous à bramer qu’un autre système est possible (et ses variantes) : on s’attend donc à voir surgir de multiples propositions en ce sens.
Evidemment, quand c’est Aubry qui en parle, les propositions se font rares, l’inventivité laisse à désirer et on assiste surtout à une cataracte de conneries socialistoïdes passéistes toutes plus invraisemblables les unes que les autres :
- salariés dans le conseil d’administration, donnant une saveur nouvelle au concept de propriété.
- loi plafonnant les écarts de rémunérations, permettant enfin l’installation d’un Commissariat Aux Salaires efficace. On entend déjà les cœurs de l’armée rouge qui fredonnent dans le fond.
- placement sous tutelle de justice et « sur saisine des salariés » les sociétés victimes de patrons coupables de pillage, ce qui laisserait à penser qu’il existe un vide juridique à ce sujet, ce qui est assez comique quand on voit l’épaisseur d’un Dalloz moyen.
- mise en place d’une « contribution carbone » qui est à la taxe carbone ce que le Canada Dry est … aux boissons gazeuses : la même chose, sauf que c’est pas pareil. Les bulles (de CO2) sont différentes. Plus goûtues, sans doute…
Bref, ça ronronne. Et même si on tient compte des couinements qu’elle ajoute pour un redécoupage électoral plus « juste » (i.e. histoire de pouvoir gagner), tout ceci fait furieusement penser aux meilleures heures des années 70.
Le PS rattrape donc lentement son retard.
D’ici l’année prochaine, il n’est pas à exclure qu’il soit en phase avec l’actualité des années 90, ce qui constituera alors une première pour la SFIO française. Bel effort.
Et pendant que les apparatchiks grignotent des petits fours en bâillant sur les discours d’Aubry, la phalange extrémiste du parti (extrémiste dans l’agacement qu’elle provoque) continue en roue libre avec ce petit ton de crécelle qui donne immédiatement des envies de sport de combat avec des outils tranchants et lourd : Ségolène persiste à s’exprimer.
(Une fois n’est pas coutume, on peut saluer le sang-froid des journalistes qui l’interrogent régulièrement. Ils doivent avoir des boules Quiès, je suppose.)
Et là, étonnement !
Selon une rumeur, très sujette à caution, « elle fourmille d’idées« .
Mieux ! Quand on prend connaissance de ces idées, on ne peut s’empêcher de rapprocher l’insupportable Dindon des Charentes de la pathétique Potiche de Bercy.
En effet, alors que la première propose de taxer les compagnies pétrolières, ce qui est considérable en terme de nouveauté, la seconde s’enlise en proposant de taxer les Français sur leur indice carbone, ce qui est phénoménal en matière d’innovation fiscale.
Pour rappel, nos deux camarades de taxation vexatoire sont de bords politiques prétendument opposés. Christine, tailleur Chanel et boucles d’oreilles Dior, sert les cahuètes à Michel et Alain et se situe normalement à droite dans l’hémicycle. Ségolène,tailleur Paule Ka, veste cintrée et jupe sous le genou, pose des mines et des colombins sous les pas de Martine et se place à peu près sur la gauche de l’hémicycle.
Normalement, ce devrait être bataille de petits suisses quotidienne à la cantoche entre ceux deux-là.
Eh bien même pas. Si elles diffèrent, bien sûr, sur les modalités des intromissions sauvages qu’elles comptent mettre en place, elles s’entendent comme larrons en foire pour le principe même d’un bon gros lavement intégral et invasion tubulaire sans vaseline.
Pour nos deux compères, LA solution à tous les problèmes de France et de Navarre ? Taxer.
« Taxons les compagnies pétrolières ! déclare le Dindon, l’œil un peu fou.
_Oh, moi, je dis que nous devrions plutôt taxer le moutontribuable, répond la Potiche, mimant parfaitement le Chef De La Basse-Cour et de la France d’En-Haut.
_Ce serait trop visible pour les pauvres bestiaux, déjà bien nus à cause de la crise ! fait mine de s’affoler le Dindon, qui les a pourtant largement tondu régionalement.
_Mais on pourrait faire les deux, et prétendre aux moutons que ce sera indolore, et, comme le dit Michel, spécialiste de la question, temporaire ! rétorque la Potiche, déjà convaincue de ses propres paroles. »
Bref.
Voilà où en est réduit ce pays : l’opposition entre la droite et la gauche se résume à savoir par quel angle on devra insérer les instruments de torture, ou sur l’ordre dans lequel on doit les appliquer…
N’y a-t-il personne pour imaginer un autre mode de fonctionnement ?
Le politique est-il à ce point bête qu’en plus de manger du foin, il n’arrive à pondre qu’une idée par siècle se résumant en un verbe : taxer ?
Tant que la politique de droite se réduira à des bidouillages de connivences et des taxations sous le manteau, et tant que la politique de la gauche se contentera de proposer des bricolages de complicités et de la fiscalité humiliante, on ne pourra aboutir qu’à une unique conclusion …
Ce Pays Est Foutu.