Magazine Cyclisme
Les Anglais ont mis les wallabies dans leur poche. Les Français ont tondu les moutons noirs de
Nouvelle-Zélande. Les choses sérieuses peuvent enfin commencer. Il flotte sur la demi-finale de coupe du monde de rugby un doux parfum de Tournoi des Cinq Nations - pardon à
nos amis Italiens… L'occasion pour certains d'entonner le couplet de l'ennemi héréditaire, de se replonger dans l'histoire de la Guerre de Cent ans et d'inviter sa Grâcieuse Majesté à se servir
du traité d'Entente cordiale pour emballer ses puddings avariés. Là, je dis : "Halte !" N'oublions pas les bienfaits d'Albion. L'Anglois nous a souvent sauvé la mise. Quelques exemples,
plus ou moins lointains, tirés des relations transmanche…
En retenant prisonnier à Londres le roi Jean Le Bon en 1356, l'Angleterre a inspiré au dit souverain, libéré après remise d'une
rançon, la création du franc, monnaie symbole de notre pays. Bon, elle a depuis été remplacée par l'euro, mais comment pourrions-nous, sans y faire constamment référence, grogner
contre l'inflation et les trous de mite que la monnaie de Bruxelles est censée faire dans nos bas de laine ? Pas fou, le Roastbeef, lui, a préféré garder sa livre, mais pour combien de
temps ? Mettons ça dans la balance et considérons qu'en cas de victoire tricolore samedi les Brits s'y mettent, cela évitera des ampoules aux technocrates européens commis d'office pour
jongler avec cette patate chaude.
En mettant un terme à l'épopée napoléonienne, Wellington, Nelson et consorts ont évité au flamboyant Bonaparte de disparaître complètement
derrière l'ogre obèse bouffi d'orgueil qu'il serait sans doute devenu s'il était revenu au pouvoir. L'histoire aurait fini par une nouvelle Révolution, la famille avide de
l'empereur traînée par la foule hors de Fontainebleau, Saint-Cloud ou la Malmaison. Le mythe en aurait pris un coup dans le bicorne et il y aurait sans doute aujourd'hui moins de bonapartistes
nostalgiques. D'accord, ils auraient pu lui éviter Sainte-Hélène. Mais, By Jove, comment imaginer que le nouvel Alexandre craignait l'humidité et ne supportait pas le porridge à
l'arsenic ?
En coiffant Paris sur le poteau pour l'organisation des Jeux de 2012, Londres et la Grande-Bretagne ont évité au contribuable français de financer
ad lib la grande kermesse olympique. Ils lui ont aussi épargné la bastonnade des vagues d'assaut publicitaires vantant l'idéal olympique avec la même subtilité qu'un
gargotier malouin attendrissant l'ormeau au marteau. Ok, ils n'auraient pas dû ridiculiser Bertrand Delanoë et Jean-François Lamour. Quoique…
Enfin, bénis soient nos voisins amateurs d'eau chaude pour avoir vendu à Canal+ les droits de leur Premier League, un
championnat de football où les équipes entrent sur le terrain pour marquer des buts sans avoir peur d'en prendre. Pour le reste, samedi à Saint-Denis, à deux pas de la Basilique royale, que
flotte l'étendard français et que le lys étouffe la rose ! Clouez leurs bouches pleines de dents, frictionnez leurs oreilles éléphantesques et faites leur passer le goût de la mauvaise bière et
du gigot à la menthe ! Il sera toujours temps de reparler de l'amitié franco-anglaise après les débats. Montjoie ! Saint Denis ! Que trépasse si je faiblis !