Depuis 1965, l'artiste français d'origine polonaise Roman Opalka peint des nombres en ordre croissant sur des toiles, afin d'inscrire la trace du temps irréversible. C'est en 1965 que lui vient l'idée de matérialiser par la peinture le passage du temps, alors qu'il est en train d'attendre son épouse dans un café de Varsovie. Roman Opalka trace le chiffre 1 en haut à gauche d'une toile, en blanc sur noir. Débute alors ce qu'il nomme son « projet de vie ». Il peint ainsi des séries de nombres du haut à gauche au bas à droite de ses toiles, avec une moyenne de 380 nombres par jour.
En 1972, il atteint le nombre 1 000 000, et décide alors de changer de protocole en éclaircissant progressivement par 1% de blanc chaque toile, qu'il nomme Détail (à chaque nouveau “tableau-compté”, il ajoute 1% de blanc dans le fond noir de la toile qui s’éclaircit peu à peu).
Lors de chacune des réalisations, l'artiste énumère les nombres à voix haute, qu'il enregistre par magnétophone, et se photographie face à l'œuvre, habillé d'une chemise blanche et dans un éclairage très clair. Le passage du temps est ainsi visible également sur le visage de l'artiste.
Roman Opalka est aujourd’hui l’un des artistes polonais les plus connus à l’étranger; il vit et travaille à Bazerac, dans le Lot-et-Garonne.