Le mystère est entrain de s’épaissir concernant la fameuse liste de Woerth supposée recenser 3000 contribuables français qui ont planqué de l’argent en Suisse. Une première chose m’étonne. Alors que les services fiscaux français mènent, grosso modo, 4500 investigations fiscales l’an, tout laisserait donc croire que sur ces 4500, 3000 figureraient sur la liste de Woerth. Avouez que la chose serait inquiétante car, si les mêmes services, étaient en capacité de procéder à 10 000 enquêtes par an, autant dire que 7 ou 8000 noms se retrouveraient sur la liste.
Mieux, comment peut-on savoir que les fameux 3000 sont titulaires de comptes secrets sachant que par définition un compte secret est secret. Depuis quelques jours le sourire en coin du détective Woerth pouvait le laisser croire, comme si, histoire de se refaire une bonne image, les banquiers Suisses avaient donné le nom de 3 000 clients à Eric Woerth. Furibards, les autorités Suisses viennent de répondre en retournant un service gagnant digne de Federer. Jamais disent les helvètes, la France n’a demandé la moindre entraide ni la moindre demande de levée du secret bancaire.
L’autre explication qui circulait hier était qu’il n’y avait pas du tout de liste, Woerth étant le roi du bluff. Dans ce méli-mélo une autre solution semble plus que plausible. Vu le nombre de collaborateurs licenciés par les banquiers suisses depuis quelques mois, il pourrait-y en avoir un (ou plusieurs) susceptibles de l’avoir en travers de la gorge.
C’est donc ainsi que les 3 000 noms auraient été transmis aux autorités fiscales françaises.
Je dois vous avouez que cette hypothèse est crédible car, s’il y a bien une spécialité que l’on pratique parfois dans ce pays avec un art que beaucoup arrivent à nous envier, c’est bien la délation.
Lyon, le 2 septembre 2009.
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