SOUPER MORTEL AUX ETUVES, de Michèle BARRIERE

Par Geybuss

Policier gastronomique - Livre de Poche - 345 pages - 6.50 €

Résumé : Paris, 6 janvier 1393. Messire Jehan est retrouvé la gorge tranchée dans des étuves mal famées de la rue Tirechappe. Constance n'a plus qu'une idée: venger son mari. Elle se fait embaucher comme cuisinière par Isabelle la Maquerelle, la patronne des étuves. Elle doit affronter l'irascible Guillaume-cuisinier à la cour du roi-, qui arrondit ses fins de mois au service d'Isabelle. Leurs joutes culinaires deviennent vite l'attraction majeure du quartier de la Grande Boucherie. Malgré les embûches, la jeune femme mène l'enquête. C'est à Bruges, sur la piste des assassins de son mari, qu'elle rencontrera l'amour! Mais pourra-t-elle échapper au piège mortel qui lui est tendu et confondre ses ennemis? Après Meurtres à la pomme d'or, Souper mortel aux étuves est le deuxième roman historique et gastronomique de Michèle Barrière.
                                            
Mon humble avis :  Voici une lecture aussi inhabituelle chez moi qu'agréable. En effet, je suis peu friande des romans dits historiques, et celui ci en est un à n'en point douter. D'ailleurs, ce livre est plus historique et gastronomique que policier. L'intrigue est en second plan, prétexte de l'auteur pour nous emmener dans les bas fonds d'un Paris moyenâgeux méconnu. Mais on y approche aussi la cours de Charles VI, le roi fou, si j'ai bien compris. Tout cela m'a passionné et cumulé à une récente émission vue à la télévision, me donne fichtrement envie de me remplonger dans l'histoire de France. ( d'ailleurs, à la fin du roman, on découvre une bio des personnages ayant vraiment existé). On y apprend moult faits et anecdotes historiques avérés. Ainsi, la puissance financière et commerciale de la ville de Brugges à cette époque m'a étonnée. L'existence des prémices d'une brigade de la répression des fraudes sur les marchés m'a amusée.
C'est un livre que je verais bien transmis en film ou téléfilm tant il est divertissant et culturel à la fois.
L'écriture est fine mais point présomptueuse, et enjouée. Et même si l'on traîne dans le milieu dépravé des étuves (maisons closes de l'époque), il règne une certaine fraîcheur dans ce roman. Celle ci provient sans doute de ses personnages principaux... Agnès la servante dévote, le petit Mattias garçon à tout faire, Isabelle la Putain... Et surtout, Constance la jeune veuve prude qui se révèle bien intrépide, et son ennemi Guillaume. Ils sont tous très attachants et les deux derniers se livrent à un tournoi culinaire sans merci pour obtenir la place de cusinier(ère) dans les étuves. Pour Constance, ce serait l'occasion d'enquêter sur la mort de son mari, voire de la venger.
Le tournoi gastronomique est au centre de ce sympathique roman atypique, romanesque et romantique. Mets choisis, épices et aromates sont au coeur de l'action pour le plus grand plaisir de l'imagination de nos papilles gustatives. L'auteur nous sert, pour le plaisir des sens, plats après plats tous plus délicieux  et alléchants les uns que les autres. Michèle Barrière nous livre ainsi les clés de la cuisine médiévale. (d'ailleurs, certaines recettes se trouvent en fin de livre, si vous voulez vous y essayer !). Allez, je vous invite : Hypocras en apéritif, .... Passons à table et festoyons, ripaillons !
Pourquoi 3 * malgré un tel engouement... Et bien parce que j'aurais aimé que le meutre du mari de Constance passe moins à la trappe. Il semble presque oublié... Mais c'est là mon avis personnel. Et je le confirme : sortir d'un livre en se sentant plus cultivée, quelle savoureuse sensation !
DAL PAL
86-4