Avec Fourteen Autumns & Fifteen Winters, les écossais de The Twilight Sad s'étaient imposés comme les maîtres d'un style hybride alliant la brutalité du shoegaze à la grâce d'un chant masculin très mélodieux. Leur second album, Forget the Night Ahead, semble abandonner l'univers graphique à la fois enfantin et malsain de leurs premiers disques (exemple), pour une esthétique plus adulte d'une noirceur affirmée (exemple). Cette évolution affecte également leur musique ; ainsi, on retrouve une basse très présente, lourde et fataliste, sur le premier morceau, Reflection of the Television. Avec une batterie à dormir debout et des crissements sourds, le titre inspire tout sauf la joie de vivre. Heureusement, la belle voix de James Graham est là pour nous rassurer. Ce style, évidemment inspiré des compositions morbides des mancuniens Joy Division, fait des émules : Seven Years of Letters et The Neighbours Can't Breathe, deux morceaux qui, contrairement au premier, ne m'ont pas convaincu, trop lourds et trop bruyants pour être appréciables. Il est dommage que la voix du chanteur ne soit pas autant valorisée que dans le premier album. En effet, le manque de relief est flagrant sur That Birthday Present (ne vous méprenez pas, le titre enfantin cache quelque chose d'horrifique) et Interrupted ; dans ces morceaux, le chant est noyé dans un orage de guitares indistinctes.
Le groupe fréquente maintenant des cimetières.
Outre ces quelques atrocités, quelques moments paisibles se sont glissés dans Forget the Night Ahead : Scissors, avec ses trois minutes de calme purificateur, tire ses influences du roulis des vagues, ou encore des bruissements du vent dans les arbres (à votre guise). Ce havre de bonheur (pour dire à quel point j'apprécie ce disque) tombe à pic, situé au beau milieu du disque (j'en ai profité pour aller faire une sieste). Trêve de plaisanteries ; votre migraine partira à l'écoute de Floorboards Under the Bed, qui, malgré ses bruitages crades, parvient à calmer grâce à des instrumentations parsemées de piano. Ce piano décore également le morceau progressif The Room, titre relativement calme (tout est relatif), mais aussi la finale At the Burnside.
Contrairement à son prédécesseur, cet album ne mérite pas tellement une écoute attentive ; vous ne retiendrez que deux ou trois titres, et le reste sera déjà oublié, notamment à cause du manque de caractère des compositions, reflétant un manque sérieux de travail musical. Cependant, le morceau I Became a Prostitute (j'espère que son boulot lui plaît) reste indispensable : dans la veine de leurs plus vieilles compositions, celle-là vous en jettera plein la tronche, avec des explosions de guitares sauvages et délicieuses.
Forget the Night Ahead est une suite un peu ratée, mais on pardonne The Twilight Sad : les dix premières minutes de l'album pourraient laisser penser qu'il s'agit là d'un chef-d'œuvre.
5/10
1. Reflection of the Television
2. I Became a Prostitute
3. Seven Years of Letters
4. Made to Disappear
5. Scissors
6. The Room
7. That Birthday Present
8. Floorboards Under the Bed
9. Interrupted
10. The Neighbours Can't Breathe
11. At the Burnside
The Twilight Sad - Forget the Night Ahead [Fat Cat]
22 Septembre 2009