Il était une fois le Trine
L’univers de Trine se place dans un contexte heroic-fantasy des plus classiques et prévisibles. Votre équipe est ainsi composée d’un magicien, d’une voleuse et d’un chevalier réunis pour les circonstances dans une quête forcément périlleuse. Pour arriver au bout de vos aventures, vous allez devoir affronter moult mort-vivants qui ont envahi le royaume et n’apprécient visiblement votre présence en ces lieux. Pour autant, si l’univers n’est guère très intéressant, le scénario et le ton donné à l’histoire sont quant à eux un peu plus novateurs.
Ainsi, vos trois compères vaquaient à leurs occupations dans l’Académie Astrale quand ils sont tombés sur ce mystérieux trésor, le Trine. Sans qu’ils n’aient leur mot à dire et en dépit de leurs différences, ils se sont retrouvés subitement liés les uns aux autres et transportés un peu plus loin. Dès lors, ils vont chercher à comprendre ce qui leur est arrivé et à se libérer du sortilège. Autant l’avouer tout de suite, le scénario n’est pas l’aspect le plus réussi de Trine. Il est relativement peu mis en avant et vous ne devez pas vous attendre à des rebondissements majeurs. Le ton est par contre volontiers décalé : le magicien n’est guère doué dans sa matière et se révèle incapable de lancer une boule de feu tandis que le guerrier ne pense qu’à manger et se considère comme un véritable héros. Les développeurs ont réussi à introduire une dose d’humour sans pour autant que l’aventure ne confine au ridicule ou que le ton ne devienne lourd pour ceux qui ne sont pas très réceptifs à ce biais.
Pour rester dans les aspects extérieurs, il faut souligner que le jeu bénéficie d’un « emballage » fantastique. Trine est porté par une bande-son fabuleuse, même si on pourra lui reprocher sur le long terme son manque de diversité. Il est également servi par des graphismes d’une qualité irréprochable et un travail artistique certain. En effet, les graphismes se révèlent finalement relativement simples dans leur technique mais il suffit d’admirer la cinématique d’introduction, en effet crayonné ou de contempler les sublimes environnements dans lesquels vous êtes amené à évoluer pour comprendre comment le charme de Trine opère.
La coopération au service d’une plateforme soignée et variée
L’un des points forts de Trine réside bien évidemment dans son gameplay et dans l’astucieuse présence de trois personnages bien distincts. Le magicien, s’il n’est guère doué pour le combat et c’est un euphémisme, se révèle en revanche crucial pour progresser dans les niveaux. En effet, il est capable de créer des boîtes et autres planches qui s’avéreront des plus utiles pour franchir certains obstacles, atteindre des points surélevés etc. Le guerrier quant à lui demeure dans un rôle plus basique : il sera votre combattant attitré pour terrasser les hordes de squelettes et détruire diverses choses qui vous bloqueront la route. Enfin, la voleuse est judicieusement équipée d’un arc, utile pour atteindre des ennemis à distance mais surtout munie d’un grappin absolument indispensable. La complémentarité des personnages est très bien pensée et fait immédiatement ses preuves dès que l’on est plongé dans l’aventure. Notez que vous pouvez passer d’un personnage à l’autre d’une simple touche et donc utiliser le plus adapté en fonction des circonstances.
Les développeurs ont su trouver un équilibre fort à propos dans la mesure où les trois personnages sont d’un côté absolument indispensables. Si l’un de vos héros succombe aux coups de l’adversaire ou se retrouve empalé sur des piques, certains endroits deviendront alors totalement inaccessibles. Pour autant, vous allez souvent pouvoir continuer à progresser jusqu’au prochain point de passage où tous les morts sont ressuscités. Ces checkpoints sont qui plus est relativement fréquents, ce qui vous dispense de refaire une large partie du niveau si votre magicien passe de vie à trépas au mauvais moment par exemple.
Pour aborder un peu plus précisément les multiples possibilités offertes par Trine et les capacités de ses personnages, prenons quelques exemples. Vous allez devoir par exemple pour continuer dans le niveau créer une planche avec votre magicien au-dessus d’un précipice puis invoquer une boîte sur cette même planche afin d’atteindre un point en hauteur. Mais peut-être pourriez-vous aussi tout simplement utiliser le grappin de la voleuse pour vous accrocher à l’endroit idoine et sauter directement sur ce fameux point. Votre magicien pourra également à certains passages créer une série de boîtes en hauteur puis vous sélectionnerez votre guerrier qui sautera sur celle-ci et ira couper la corde qui retient un lourd bloc de roche destiné à détruire la fragile paroi qui vous bloque la route. A moins que la voleuse équipée de flèches de feu ne puisse directement détruire la corde ou que le magicien n’arrive à bouger tout seul cette masse…
Un mélange des genres plutôt réussi
Les possibilités sont suffisamment nombreuses pour ne jamais subir un effet de lassitude en dépit d’un gameplay simple et tout à fait accessible. Notez que la plateforme en elle-même n’est pas vraiment une question de réflexes – même si ceux-ci peuvent jouer parfois dans certains niveaux – mais beaucoup plus une question de réflexion. Les situations finissent par se compliquer et vous allez devoir vous creuser parfois un peu les méninges pour savoir comment progresser.
La plateforme n’est pas le seul élément de Trine. Les développeurs ont tenu à intégrer également un léger aspect jeu de rôle. Ainsi, vos personnages récoltent au fur et à mesure des niveaux des fioles d’expérience. Chaque fois que vous en avez engrangé 50, ils gagnent la possibilité d’améliorer leurs capacités : le magicien peut créer plus de boîtes, la voleuse tirer plus de flèches et le chevalier repousser ses adversaires violemment par exemple. Vous trouverez ensuite de nombreux objets dispersés un peu partout, lesquels vous permettront d’augmenter votre total de santé ou de magie, de réduire les dégâts reçus etc.
Enfin, de nombreux combats parsèment le jeu. Soyons francs, ils ne sont ni très variés, ni très intéressants. Les développeurs auraient dû faire un réel effort pour diversifier le bestiaire et nous éviter de ne rencontrer grosso modo qu’une poignée de types de squelette différents sur toute l’aventure. Ceux-ci demeurent d’ailleurs franchement faciles à terrasser et les combats ne sont longs que parce qu’il en apparaît parfois un grand nombre successivement. Pour autant, l’alchimie est bien présente et ce mélange de phases, même si les affrontements sont un peu moins réussis, s’avère tout de même plaisant.
Le charme à l’état pur
Trine est loin d’être exempt de défauts et est desservi principalement par un léger manque de diversité sur tous les plans et des combats un peu décevants. Il faut aussi souligner la faible durée de vie du titre, puisqu’il ne vous faudra qu’environ cinq heures pour le finir dans une difficulté moyenne alors qu’il coûte tout de même 30€. Pour autant, le but d’un jeu comme Trine n’est pas vraiment d’arriver simplement au bout de l’aventure mais bien plutôt d’arpenter inlassablement les niveaux jusqu’à obtenir la totalité des fioles d’expériences et découvrir tous les trésors, parfois positionnés dans des emplacements bien retors. Si vous êtes un minimum sensible à l’ambiance dégagée par le titre de Nobilis Games, je ne peux que vous conseiller de franchir le pas et de vous plonger dans cette aventure au charme indéniable.