The Twilight Sad est un quatuor de rock glaswégien (de Glasgow en Écosse, pour ceux qui ne comprendraient pas ce terme barbare). Pas n'importe quel rock, bien sûr : leur nom de groupe mélancolique (« le triste du crépuscule ») peut vous donner une idée de leur style. C'est un mélange de shoegaze (My Bloody Valentine, Deerhunter) et de post-punk (Interpol, Joy Division, Editors), doté d'une voix masculine à l'accent écossais assez marqué (James Graham) ; son chant se situe quelque part entre celui de Paul Smith (Maxïmo Park) et celui de Tom Smith (Editors). Les compositions, elles, ont une structure échelonnée très réussie : un rock étrange accompagné de la puissante voix de James Graham, éclatant ensuite en salves de guitare électrique interminables, plongeant l'écouteur dans une transe instrumentale. Ainsi, alors que le début acoustique de Cold Days from the Bird House laisse croire à un folk-rock gentillet, on est vite submergé par un océan de saturation. Entre ces interludes de tempête, la voix du chanteur transporte réellement l'esprit, notamment grâce à des mélodies transcendantes. Ce shoegaze s'accompagne d'une rythmique profonde sur That Summer, at Home I Had Become the Invisible Boy, second titre renouvelant le charme du premier. Là, on découvre la présence de l'accordéon, détail caractéristique du groupe : tout comme la voix de James Graham, il apporte une dimension rassurante à cette musique torturée.
La magie des deux premiers titres, un mélange subtil entre beauté et chaos, se retrouve sur Walking for Two Hours et I'm Taking the Train Home. Ce qui rend la musique de The Twilight Sad si émouvante, c'est qu'elle crée des univers : fermez les yeux et laissez-vous emporter par ce flot infini de mélodies, de bruits et d'échos ; j'ai ainsi expérimenté des sensations uniques, des rêves de nostalgie enfouis au plus profond de mon âme d'enfant. Vous risquez bien sûr d'être secoué par quelques morceaux à la saturation un peu plus poussée, comme Talking With Fireworks/Here, it Never Snowed, qui commence par de multiples crises neurotiques assez violentes, avant de finir paisiblement. Le confus Mapped by What Surrounded Them et le brouillon And She Would Darken the Memory, moins souffrants, sont tout de même bruyants : un genre de shoegaze au bourdonnement incessant ; un style que je respecte, même si les tympans souffrent, écoute après écoute. Comme dans tout album, vous trouverez également quelques originalités : Last Year's Rain Didn't Fall Quite So Hard superpose des voix indistinctes et un semblant de musique de fanfare malsaine ; étrange. Enfin, Fourteen Autumns and Fifteen Winters, épilogue instrumental, clôt l'album du même nom avec grâce, dans un songe reposant aux échos dangereux. Fourteen Autumns & Fifteen Winters, premier album de The Twilight Sad, vous hantera pour sûr. Même si la première écoute est par moments agressive, la musique expansive du groupe vous promet de belles évasions.
8/10
1. Cold Days from the Birdhouse
2. That Summer, at Home I Had Become the Invisible Boy
3. Walking for Two Hours
4. Last Year's Rain Didn't Fall Quite So Hard
5. Talking With Fireworks/Here, it Never Snowed
6. Mapped by What Surrounded Them
7. And She Would Darken the Memory ■
8. I'm Taking the Train Home
9. Fourteen Autumns and Fifteen Winters
The Twilight Sad - Fourteen Autumns & Fifteen Winters [Fat Cat]
3 Avril 2007