Editions Mnémos - Anthologie - Mai
2009 - 310 pages
Présentation de l'éditeur : « Je suis un guerrier. Capitaine d’une unité d’élite. Nombre diraient un assassin, un boucher, ou un
fou, mais ces mots n’ont pas de sens pour moi. Le bien, le mal… Tout cela n’est que balivernes. Si vous me demandez mon avis, je vous dirais bien volontiers que la réalité d’un champ de bataille
est tout autre, que ce n’est qu’affaire de point de vue : seules comptent la victoire ou la défaite. »
Fruit de l’union des éditions Mnémos et du festival des Imaginales 2009, l’anthologie Rois et capitaines, dirigée par Stéphanie Nicot, rassemble 12 nouvelles écrites par les grands noms de la fantasy française ou en devenir. L’anthologiste présente dans une préface passionnée la diversité de ces nouvelles pleines de bruit et de fureur. Bien souvent violentes, des fois ironiques ou romantiques, ces histoires racontent aussi la bravoure, la loyauté et la rage de vaincre dont font preuve les capitaines pour servir au mieux leurs rois. Mais quelques fois, il y a des surprises à la clé, telles les trahisons et les désillusions. Le premier texte, Montefellone, est tout à fait remarquable par la richesse de son style et de son univers. Le lecteur se retrouve au côté du duc Isembard d’Arches assiégeant la ville rebelle de Montefellone. Les retournements de situations s’y enchaînent presque autant que les tirs de mangonneau.
Trahison et loyauté sont les fils rouges qui mènent à la seconde nouvelle, La damoiselle et le roitelet dont le héros et capitaine n’est autre qu’une
femme de caractère sous le règne de Charles VII. Ce qui n’est pas sans rappeler une figure historique et un certain goût de déjà-vu. Dans la main de
l’orage, c’est une nouvelle fois une héroïne qui, par amour troque sa condition de femme pour devenir guerrière. Une intrigue aux belles influences celtiques mais ternie par une fin
brutale. Sacre est placé sous le signe de l’humour avec l’étonnant capitaine Jones chargé de protéger le petit roi, future Saint Louis. Le dénouement
inattendu donnera à plus d’un lecteur l’envie de revenir sur ces pas. Puis ce dernier embarquera sur les mers dans L’impassible armada à la poursuite
de pirates. Brillament écrite, la nouvelle démontre que l’impossible est possible quand la vie est menacée. Un peu de légèreté - mais beaucoup de longueurs - avec Le prince des pucelles dont le héros recueille moult vierges à secourir. Mais ce ne sera pas sans mal. La reine sans
nom est un court récit aux accents orientaux et d’une grande beauté onirique. Merveilleux ! Sombre est aussi Serpent-Bélier qui
abordent les invasions barbares, les mythes celtes, la religion et explore avec aisance le côté le plus obscur de l’âme humaine.
Le thème de la renaissance est Au cœur de l’Araan. Un récit original qui navigue sur une mer de sable. Au plus
élevé trône du monde revisite à coup de références historiques la France de Louis XIV menacée par les complots d’un monarque régnant sur la Lune. D’Artagnan a fort à faire dans ce
savoureux récit. Ultime combat d’un grand guerrier, Le crépuscule de l’Ours évoque les derniers instants d’un ancien mercenaire face à son adversaire
et dont le passé ressurgit sous forme de flash-back. Classique mais efficace. Enfin, Rois et capitaines se referme sur un récit halluciné et fort bien écrit, qui met à rude épreuve son
lecteur. De songes fiévreux en rêves labyrinthiques, le héros de L’orage comme le lecteur en ressortiront troublés. Voilà une anthologie de qualité,
épique et chevronnée comme il se doit !
- Jean-Philippe Jaworski, Montefellòne
- Rachel Tanner, La Demoiselle et le Roitelet
- Claire Belmas & Robert Belmas, Dans la main de l’orage
- Maïa Mazaurette, Sacre
- Lionel Davoust, L’impassible armada
- Catherine Dufour, Le prince aux pucelles
- Thomas Day, La Reine sans nom
- Armand Cabasson, Serpent-Bélier
- Pierre Bordage, Dans le cœur de l’Aaran
- Johan Heliot, Au plus élevé trône du monde
- Julien d’Hem, Le Crépuscule de l’Ours
- Laurent Kloetzer, L’Orage