Pripyat, Ukraine, à côté de Tchernobyl, le regard insistant des babouchkas qui ont assisté au désastre, puis à la désertification, aux mensonges d'Etat, ce regard irradie tout le clip. Irradie. Entrelacs d'immeubles oubliés, désert d'une ville fantôme, mantra d'une mélodie pop entêtante.
De la distorsion des images et du morceau (produit chez Kitsuné) naît une ambiance de malaise. Le but est atteint.
On se dit que ça ne va pas ces images associées à cette ritournelle electro pop, cette poussière infâme qui a fossilisé une région entière mélangée à une musique acidulée, insouciante.
Encore une fois, succombez au regard des ces vieilles grands-mères et, peut-être vous aurez une clé, un des secrets de la vie, et qui fait que, malgré tout, elle dure. Revenez-y, à leurs mains croisées, à l'immensité de ce qu'elles ont perdu, au calme éclairant qu'elles diffusent, aux vies arrachées qu'elles ont laissé. Des vies antérieures ; devenues intérieures. Et promenez votre attention, tour à tour sur les enfants des décombres, les gardiens au regard vide, les animaux qui exultent de vie, ce décor post nucléaire où le fouillis de la vie de nouveau s'installe.
A la lueur de ces regards si vides, si pleins ; à l'image de ce clip si plein d'émotions par delà le vide, justement...