Agnès Maillard - Blogueuse associée | Lundi 31 Août 2009 à 19:01
Le gouvernement nous prépare à lutter contre le grand fléau en achetant des millions de masques et de vaccins, en diffusant des spots de pub bien flippant sur toutes les ondes et... en dépotant sous le manteau quelques jolies circulaires qui, étrangement, parlent bien peu de santé publique et bien plus de santé économique. Morceaux choisis et commentaire de texte de la circulaire émise le 3 juillet dernier par la Direction générale du Travail :
« L’employeur peut adapter l’organisation de son entreprise et le travail de ses salariés via la négociation avec les institutions représentative du personnel [...] ou, à défaut, par décision unilatérale après avis du comité d’entreprise ou des délégués du personnel.
[...] Changement des conditions de travail : nouvelles conditions d’exécution de la prestation de travail (augmentation du volume horaire par des heures supplémentaires, augmentation des tâches à effectuer sans s’écarter des attributions contractuelles...) par décision unilatérale de l’employeur (le refus de l’employé, sauf s’il est protégé, constitue une faute pouvant justifier le licenciement.
Modification du contrat de travail : cela touche aux éléments essentiels du contrat... »
Pour faire simple, quand la phase 5B de la pandémie sera décrétée par notre gouvernement (pour mémoire, nous sommes actuellement en phase 5A), subitement, l’employeur va prendre les pleins pouvoirs dans l’entreprise et décider tout seul comme un grand de toutes les mesures nécessaires pour maintenir son activité économique. Vous avez bien lu : ce qui compte, ce n’est pas la santé des salariés, des fournisseurs ou des clients, non, ce qui compte, c’est que le pognon continue à circuler. Et si pour ça, le pauvre patron se retrouve contraint de se torcher avec le Code du travail parce que ses salariés tombent comme des mouches, ben, tant pis, faut savoir ce qu’on veut dans la vie. En gros, tout ce qui est législation sur le temps de travail, en dehors de la seule limite supérieure de 60 heures de travail hebdo, ben le salarié survivant, il va pouvoir se le carrer dans l’œuf bien profond : suspension (temporaire, bien sûr) du repos hebdomadaire, des récupérations obligatoires, des RTT, des congés et tout et tout. Tu parles que la bataille contre le travail du dimanche, c’est de la roupie de sansonnet à côté de cet équarrissage en règle. En plus de ça, le patron peut décider tout seul comme un grand de modifier la nature des contrats de travail de ses salariés, pour l’intérêt supérieur de l’entreprise. Changement de poste, d’attribution, d’affectation, de salaire (héhé !), etc. Et au cas où vous n’auriez pas bien compris où sont les priorités, le droit de retrait des salariés est suspendu. En gros, ceux qui se sentent un peu fragiles et se disent qu’un éternuement de plus pourrait bien être un éternuement de trop, ils ne pourront pas arguer du droit de retrait pour éviter de venir se faire contaminer au boulot.
Bref, c’est avec ce genre de petites choses que l’on mesure très exactement la valeur de la vie humaine dans une société et que l’on peut correctement établir l’échelle des priorités de ceux qui prétendent gouverner pour l’intérêt général.
Bonne rentrée quand même ! l'article original sur marianne.fr