Le problème avec les (sous) ministres d'ouverture, c'est justement qu'ils ont tendance à l'ouvrir, qui plus est à tort et à travers. Les meilleur exemple est sans nul doute Fadela Amara, qui même si elle "kiffe" de bosser sous les ordres de Christine Boutin, s'offusque au sujet des tests ADN en affirmant :"y en a marre qu'on instrumentalise à chaque fois l'immigration, pour des raisons très précises. Je trouve ça dégueulasse".
Cette réflexion lui vaut des cours de savoir vivre, un poil condescendants, de la part de Patrick Devedjian, qui semble oublier qu'il traitait il y a peu Anne-Marie Comparini de "salope", qui lui reproche d' "injurier les députés de la majorité", ou de la part de Nadine Morano, qui se permet de lui rappeler que "la liberté de parole s'accompagne d'un devoir de politesse" (venant de cette dernière c'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité tant elle a l'habitude de s'exprimer comme une charretière…). Mais, preuve que ses déclarations mettent mal à l'aise la majorité, Laurent Wauquiez, le porte-parole du gouvernement, est venu à son secours en reconnaissant que si la secrétaire d'Etat "n'a pas les codes de la langue de bois politique", c'est "tant mieux, ça fait du bien, ça apporte de l'oxygène" parce que cela a "secoué un peu les choses". Mieux, François Fillon en personne a reçu Fadela Amara en l'assurant de sa "confiance" en souhaitant qu'elle "engage un dialogue plus direct avec la majorité". Rama Yade n'avait pas eu droit à tant d'égards…
Mais que la gauche ne se réjouisse pas trop vite de l'embarra ("bordel" en langage Amara) dans lequel la fondatrice de "Ni putes, ni soumises" a mis à droite ; se sachant sans doute pour un bon moment carboniser à gauche, elle pratique à son égard la politique de terre brûlée en assurant : "je n'ai certainement pas de leçons à recevoir en particulier de certains députés de gauche qui étaient là y compris quand ils étaient à un moment donné dans le gouvernement et qu'ils nous ont laissé vivre dans des endroits dégueulasses". Bref, elle a beau essayer de se rattraper (grossièrement une nouvelle fois) aux branches en ajoutant "il faut éviter des polémiques qui sont stériles. Je n'ai aucun emmerdement de travailler avec tous les élus de tous bords qui veulent vraiment que ça change dans les cités. Il n'y a que ça qui m'intéresse: que les choses changent dans les cités", force est de constater qu'à juger la droite comme la gauche "dégueulasse", elle participe à sa manière au "tous pourris"…
Seule lueur d'espoir au milieu de ce bourbier, les plus grands spécialistes s'emparent désormais du sujet, à commencer par… Enrico Macias qui juge que "cette idée de pratiquer des tests ADN est tout simplement honteuse. On ne peut pas accepter ça". Ami du chef de l'État il souhaite lui en parler au plus vite (au stade de France pendant France-Angleterre ???) et pense pouvoir l'influencer : "j'espère que Nicolas Sarkozy reviendra sur cette idée honteuse. Je serais très déçu s'il l'avalisait".
C'est bien ça le problème : à force de fréquenter les people (y compris les has been), Nicolas Sarkozy a fini par leur faire croire que leur avis lui importait. Il n'a plus qu'à assumer : soit les laisser peser sur la politique du gouvernement, soit perdre des amis dans le showbiz au risque de se faire refouler à l'entrée du Fouquet's... ou pire de devoir payer.