Il ne suffira pas de mettre un coup de pinceau dans une ancienne caserne militaire pour résoudre le problème du logement étudiant. Certes, cela amuse la presse qui en fait état, mais l'on est loin des solutions viables.
Selon des chiffres posés par Familles de France, le coût du logement pour les étudiants cette année encore représente 44 % des frais mensuels. Avec une rentrée en hausse de 3,5 %, le problème se pose plus encore. La Fage avait d'ailleurs confirmé cet état de fait, en affirmant que pour faire des études supérieures les étudiants devaient disposer d'un SMIC chaque mois.
La prise de la Bastille, au goût du jour
On comprendra dès lors un peu mieux le mouvement de l'association Jeudi Noir, qui a pris possession d'un bâtiment vide de 1800 m² dans le XIe arrondissement, près de Bastille. Cet espace, originellement prévu pour loger des travailleurs immigrés, deviendra une Cité U. Manuel Domergue, de l'association, s'explique auprès de l'AFP : « Une quinzaine de jeunes - étudiants et travailleurs précaires ne parvenant pas à se loger à Paris - se sont installés depuis 10 jours dans certaines des 60 chambres existantes dans ce bâtiment situé 14 passage de la Bonne-Graine, qui est totalement vide et appartenait à la Poste, qui vient de le vendre à Adoma. »
Et il ne manque pas de revenir sur la fameuse caserne d'Arras, inaugurée la semaine passée : la presse était gentiment conviée, mais il ne s'agissait que de 30 logements. « Jeudi Noir fait deux fois mieux dès aujourd'hui en plein centre de Paris ! », riposte l'association.
Paris coincé, Adoma pas content
Du côté d'Adoma, on proteste : l'achat des locaux s'est fait en bonne et due forme et leur occupation abusive et illicite « ne peut que pénaliser les personnes qui attendent depuis plusieurs années un logement plus décent ». Les travaux doivent d'ailleurs commencer prochainement. Pour la Mairie de Paris : « Bien que juste et fondée, la démarche de l'association Jeudi Noir ne peut avoir pour conséquence d'empêcher ou de retarder le début des travaux dans ce bâtiment. »
Un bonus malus pour les mauvais et bons logueurs
La CFDT a aussi tenu à mettre son grain de sable dans l'affaire en assurant son soutien à l'association Jeudi Noir. Soulignant la « crise réelle » dans le domaine du logement étudiant, le syndicat réclame des mesures, au plus vite : « construction massive de logements étudiants, généralisation de l'accès à la garantie du risque locatif, accès facilité au parc social et à la colocation. »
En outre, le syndicat souhaite l'instauration d'un « bonus/malus fiscal sur les prix des loyers », permettant de contrer l'augmentation des loyers, en particulier sur les studios, très recherchés, parce que peu chers. Selon eux, « globalement, la crise économique a permis une baisse des prix dans l'immobilier ».